Le laboratoire de recherche
« Communication, Education, Digital Usage and Creativity » (CEDUC-CNRST-19)
Université Mohammed Premier
Faculté des Lettres et Sciences Humaines-Oujda
& L’Association : Figuig pour le Développement, Mémoire et Patrimoine
organisent
les 29 et 30 avril 2025
un colloque international
Figuig : Histoire, culture et soufisme
Etrange cité, cité mystérieuse, sentinelle de Sahara, perle de l’extrême Sud, etc., telles sont les différentes épithètes que donnaient les étrangers, en particulier les Français, à Figuig. Ses arcanes ineffables tenaient à la fois de l’architecture de ses Ksours terreux, de la richesse de ses palmeraies verdoyantes et de ses dattiers qui s’élançaient fièrement vers le ciel. Sa situation géographique, sa richesse en sources hydriques avaient fait d’elle un carrefour par où transitaient les caravanes venant du Sud ou du Nord, de l’Est ou de l’Ouest, chargées de précieuses marchandises. Elle était, comme en témoigne le commandant De Pimodan[1], « le centre de ravitaillement et l’entrepôt habituel de tribus nombreuses »[2].
Les chemins de Sijilmassa, de Tafilelt, de Touat, de Tlemcen, de Tombouctou, du Soudan, tous mènent à Figuig.
Figuig, à l’image du désert toujours fuyant et inaccessible, était également cette terre insoumise et rebelle qui, naguère et pendant longtemps, s’était refusé tout assujettissement. Elle fut le refuge des guerriers qui avaient résisté à l’occupation française, cela lui avait désormais coûté, en Juin 1903, le bombardement violent de Zénaga et des dizaines de morts et de blessés.
Figuig, c’est également la voie de la spiritualité et l’espace paisible de la quête de la profondeur et du mysticisme islamique, « ce flot de marée qui constitue la Révélation de l’Islam » [3]. Ses nombreuses Zaouïa destinées à répandre les Lumières de l’Islam, témoignent de son influence indéniable sur toute une partie de l’Afrique, en atteste le rayonnement indubitable de ses écoles qui avaient perpétué les Traditions, les exégèses, la Jurisprudence musulmane et le soufisme. La Zouïa de Sidi Abd al-Jabbar, devenue au XV e siècle, une véritable autorité (dar al-’adda), fondée par Ahmed Ben Mousa al-Idrisis al-Hasani al-Figuigui et la Zaouïa al-Wanchrisiya, fondée également au XV e siècle, par Saïd al-Wanchrisi, pour ne citer que celles-là, étaient les relais incontournables que les néophytes devaient fréquenter avant de rejoindre la prestigieuse université al-Quaraouiyine de Fès.
Croisement de cultures et de savoirs, elle a su rester inaltérable, authentique et à l’abri des influences externes, elle a gardé jalousement ses traditions millénaires, ses coutumes séculaires et son propre mode de vie. La langue, le Haïk, les fêtes religieuses, la cuisine, tous ces aspects culturels disent explicitement ce rapport étroit et ce lien serré entre l’homme et le monde des valeurs qu’il a créées.
Sur le plan de l’architecture et de l’aménagement de l’espace, Figuig est une singularité. Les pratiques de l’urbanisme sont certes anciennes, mais efficientes à tout point de vue. Les tours de guet dont certaines existent toujours, la délimitation de parcelles agricoles, l’organisation du réseau routier, le concept de construction, l’usage de matériaux naturels (troncs de palmier, pisée, etc.) pour prévenir les grandes chaleurs du désert, le système d’approvisionnement en eau, la tenue de marchés ou de réunions, toutes ces infrastructures qui remontent très haut dans l’histoire, témoignent sans conteste du génie figuiguien qui a su élaborer une cité écologique avant terme.
Le désert a de tout temps envoûté les hommes. La représentation de Figuig aussi bien dans l’art plastique que dans l’écriture viatique est féconde, variée et riche. On peut penser aux innombrables reproductions des dunes et des oasis telles qu’elles sont illustrées dans les peintures d’un Jean-Désiré Bascoulès (1886-1926), d’un Jules Blancpain (1860-1914) ou encore dans le récit de voyage où la frontière entre la réalité et le merveilleux est poreuse. Isabelle Eberhardt, n’a-t-elle pas été profondément séduite par cette « perle d’une beauté parfaite »[4] ? n’a-t-elle pas admiré avec feu, la splendeur de Figuig « Telle qu’elle s’est conservée jalousement à travers les siècles, dans son lointain »[5].
Ce colloque proteste donc contre un oubli. L’Histoire de Figuig, de son patrimoine, de sa culture qui n’ont fait jusqu’à présent l’objet d’aucune étude approfondie, à part des bribes éparses ici et là. Ce ne sont pourtant pas les témoignages et les références qui manquent sur le passé de cette ville, sur ses hommes et sur son rôle économique, scientifique et culturel. Quand Jean Léon l’Africain parle de la Numidie dans La Description de l’Afrique, il évoque la ville de Figuig en ces termes : « ville entourée de nombreuses bourgades et possédant beaucoup de dattiers et d’eaux courantes »[6], pour dire, qu’à travers les siècles, elle n’a jamais échappé aux regards des hommes, elle a toujours enchanté les voyageurs et n’a jamais cessé d’étonner les esprits.
Figuig : Histoire, culture et soufisme, convoque la littérature, l’art, le patrimoine, la religion et, plus encore, l’environnement, l’anthropologie, la politique, pour ne citer que ceux-là. Ce colloque est également une invitation à découvrir la richesse culturelle et identitaire de Figuig, son Histoire à travers les dynasties du Maroc et les différents pouvoirs qui se succédèrent en Ifriqiya.
Les propositions, non exhaustives, peuvent aborder les axes suivants :
- Figuig, traditions et culture.
- Patrimoine immatériel de Figuig.
- Histoire de Figuig.
- Figuig et les sciences.
- Figuig dans la littérature et la peinture.
- Figuig et le soufisme.
- Figuig et la question de l’environnement.
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Les propositions de communication d’un format de 15 minutes (200 à 250 mots) peuvent être adressées à colloque.figuighcs@gmail.com avant le 20 mars 2025, accompagnées d’une courte notice bio-bibliographique (100 à 150 mots). Une réponse sera apportée en avril.
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Coordination du colloque
- BOUTKHIL Fatima
- DEKHISSI Mohammed
- KADOURI Mehdi
Comité d’organisation
- AZZAOUI Mohammed (Université Mohammed Premier-Oujda)
- AZZIMANI Taoufik (Université Mohammed Premier-Oujda)
- BOUDDANE El Arbi (Association : Figuig pour le Développement, Mémoire et Patrimoine)
- BOUTKHIL Fatima (Association : Figuig pour le Développement, Mémoire et Patrimoine)
- BOUTKHILI Aïcha (Association : Figuig pour le Développement, Mémoire et Patrimoine)
- BOUTKHILI Khadija (Université Mohammed V Rabat)
- CHALLI Mohammed (Université Mohammed Premier-Oujda)
- DEKHISSI Mohammed (SCALEC, Université Moulay Ismaïl-Meknès)
- HAJJI Abdelouahed (Université Moulay Ismaïl-Meknès)
- JMAD Sabrine (Université Mohammed Premier-Oujda)
- KADOURI Mehdi (CEDUC-CNRST-19), Université Mohammed Premier-Oujda)
- M’HARZI Mohammed (Association : Figuig pour le Développement, Mémoire et Patrimoine)
- MIMOUN Elkhir Abdessamad (Université Mohammed Premier-Oujda)
Comité scientifique
- ALEM Noureddine (Université Mohammed Premier-Oujda)
- AZZAOUI Mohammed (Université Mohammed Premier-Oujda)
- AZZIMANI Taoufik (Université Mohammed Premier-Oujda)
- BELABBAS Mustapha (Université Mohammed Premier-Oujda)
- BELAKADI Abdellatif (Université Hassan I- Settat)
- BENALI Mourad (Université Mohammed Premier-Oujda)
- BISSANI Atmane (Université Moulay Ismaïl-Meknès)
- BOUHSANE Ahmed (Université Mohammed V Rabat)
- BOUTKHIL Fatima (Association : Figuig pour le Développement, Mémoire et Patrimoine)
- BOUTKHILI Khadija (Université Mohammed V Rabat)
- CAGNAT Cédric (Académie de Grenoble & Académie de Créteil – France)
- CALI Andrea (Università del Salento- Italie)
- DAHMANY Khalid (Université Moulay Ismaïl-Meknès)
- DEKHISSI Mohammed (SCALEC, Université Moulay Ismaïl-Meknès)
- DÎRȚU Evagrina (Université Technique Gheorghe Asachi de Iaşi - Roumanie)
- EL AZOUZI Abdelmounim (Université Sidi Mohamed Ben Abdellah-Fès)
- EL MEDIOUNI Abdeljabbar (Université Mohammed Premier-Oujda)
- GHAZI Abdellah (Université Mohammed Premier-Oujda)
- GONTARD Marc (Université de Rennes 2 - France)
- HAJJI Abdelouahed (Université Moulay Ismaïl-Meknès)
- HOUAT Nassira (Université Mohammed Premier-Oujda)
- KADOURI Mehdi (CEDUC-CNRST-19), Université Mohammed Premier-Oujda)
- KAMAL Abderrahim (Université Sidi Mohamed Ben Abdellah-Fès)
- MEHDI Fouad (Université Moulay Ismaïl-Meknès)
- MIMOUN Elkhir Abdessamad (Université Mohammed Premier-Oujda)
- MRAH Issam (Université Mohammed Premier-Oujda)
- SALTANI Bernoussi (Université Sidi Mohamed Ben Abdellah-Fès)
- SAOURI Bouchaib (Université Hassan I-Settat)
- TAYALATI Fayçal (Université de Lille – France)
[1]Pimodan, Claude de Rarécourt de la Vallée (1859-1923 ; comte de).
[2]Le Commandant De Pimodan, Oran, Tlemcen, Sud-Oranais (1899-1900), 3ème 2dition), Paris, Honoré Champion, 1903, p. 198.
[3]Martin. Lings, Qu'est-ce que le soufisme ? Paris, Seuil, 1977, p.15.
[4]Isabelle EBERHARDT, Notes de route. Maroc-Algérie-Tunisie, Paris, Actes Sud, 1998, p. 83.
[5]Ibid.
[6][6]Jean Léon l’Africain, Description de l’Afrique : tierce partie du monde. V.1. Gallica. Bnf, p.335.