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Imposture et figure de l'imposteur·rice dans les littératures contemporaines (Apfuuc 2025)

Imposture et figure de l'imposteur·rice dans les littératures contemporaines (Apfuuc 2025)

 Colloque Apfuuc 2025

Ontario, 27-30 mai 2025

Atélier 13 - Imposture et figure de l'imposteur·rice dans les littératures contemporaines

Responsable : Rony Devyllers YALA KOUANDZI1

La civilisation a introduit l’humanité dans l’ère du mensonge et du soupçon. L’être humain moderne enclin à paraitre, à se faire une notoriété et à réussir coûte que coûte succombe bien souvent à la tentation de l’imposture et s’assume comme imposteur. Qu’est-ce qu’un·e imposteur·rice ? J.-B. Pontalis (cité par A. Bauduin, 2007 : 11) en donne la définition suivante : ̏ « L’imposteur : celui qui usurpe une identité, s’invente au point d’y adhérer parfois, une histoire qui n’est pas la sienne, se fait passer pour un autre et ça marche ». Selon Kevin Chassangre et Stacey Callahan (2015 : 13), « Un véritable imposteur est quelqu’un qui peut mentir et mettre en place des stratégies précises et calculées pour arriver à ses objectifs ». Pour

R. Gori (2013 : 15-18), c’est un vrai faux, un faux vrai qui ne surgit pas ex nihilo : il est fabriqué et  se fabrique.

En littérature, nombre d’auteur.e.s créent des œuvres dans lesquelles il est montré comment autrui formate la figure de l’imposteur·rice et de quelle manière une telle identité se construit. Si l’on veut prendre la mesure de la part de l’Autre dans la fabrique des imposteurs, écrit R. Gori (2013 : 17), il faut bien restituer pour chacun d’eux le trajet subjectif qui a pu les disposer à la feinte et au mensonge, à ce mode de fétichisme particulier, mais encore prendre en compte la rhétorique politique et morale qui civilise les mœurs à ce moment-là dans cette société-là, culture dans laquelle vivent ces faussaires.

De toute évidence, la civilisation des mœurs, support de l’économie et de la politique, ne suffit pas à elle seule à justifier l’imposture. L’on devrait aussi prendre en compte des facteurs psychologiques naturels. Dans cette optique, Bela Grunberger et Janine Chasseguet Smirguel (1976 : 73) font remarquer qu'il est impossible d’admettre que les facteurs économiques sont les seuls à déterminer le comportement des individus dans les sociétés ; il est inadmissible de négliger le rôle des facteurs psychologiques quand il s’agit des réactions d’êtres humains.

L’imposture s’entretient au moyen d’un certain nombre d’usages dont la démagogie et la manipulation: l’imposteur·rice, virtuose de l’apparence et de l’apparat, par des identifications aux autres et des pseudo-identifications (R. Gori, 2013 : 13), y trouve un moyen de masquer son incompétence et ses déboires. Hypocrisie, mensonge, fraude, usurpation, l’imposteur·rice a besoin, plus que d’autres, de faire croire, de trouver un public, des victimes qui consentent à ce que le faux soit authentifié comme vrai, que le « pour rire » soit pris « pour de bon » (R. Gori, 2013 : 12).  « C’est d’ailleurs un homme qui sait profiter de l’opinion, de son propre pouvoir de convaincre. Du crédit qu’il parvient à obtenir dépend le profit de son entreprise. C’est dire à quel point l’imposteur est un homme qui vit à crédit : sa vie dépend du crédit que les autres lui accordent, de leur appréciation, de leur évaluation et de leur "notation" » (R. Gori, 2013 : 14). L'on pourra évoquer suivant Gori, et à titre d'exemple, la figure du politicien mystificateur dans Le cercle des tropiques d’Alioum Fantouré ; du migrant dans Black bazar d’Alain Mabanckou ; du « faussaire de génie » et d’escroc dans Le Condottière et Un cabinet d’amateur de Georges Pérec ; etc.

Toutefois, M. Decout (2018 : 10) estime qu’il serait abusif et injuste de reléguer l’imposture dans les marges des comportements déviants ou des vices reprouvés, du côté de la malhonnêteté. Elle peut au contraire être révélatrice de valeurs humaines : « l’imposture prend parfois la forme moins attendue du sentiment d’être imposteur, de mentir, de jouer un rôle, de ne pas être à sa place. Vous ne pouvez donc pas la condamner unanimement […] Reconnaissez qu’elle peut être une maladie, une infortune, une chimère, une crânerie, un héroïsme et une vertu.»

Cet atelier qui se veut pluridisciplinaire invite les chercheurs·ses et les enseignant·e·s-chercheurs·ses à réfléchir sur l’imposture et l’imposteur·rice, notamment autour des axes ci-après  

Axe 1- La fabrique de l’imposteur·rice 
Il s’agit de mettre en évidence le processus de construction de la figure de l’imposteur·rice dans la littérature.

Axe 2- Les usages et usures de l’imposture
Analyser les pratiques sous-tendant et entretenant l’imposture et le processus de son dépérissement.

Axe 3- Fortune et infortune de l’imposteur·rice
Dénoter que l’imposture est ambivalente, qu’elle peut avoir des implications positives ou négatives chez l’homme du point de vue professionnel, politique, scientifique …

Axe 4- Écriture de l’imposture
Montrer, comment par les procédés d’écriture qu’il emploie, l’écrivain informe l’imposture.

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Références bibliographiques

Bauduin Andrée, Psychanalyse de l’imposture, Paris, PUF, 2007.

Boulimié Arlette (dir.), L’imposture dans la littérature, Rennes, Presses de l’Université de Rennes, 2011.

Chassangre Kevin  et Callahan Stacey, Traiter de la dépréciation de soi, Le syndrome de l’imposteur, Dunod, 2015.

Darmon Jean-Charles, Figures de l’imposture. Entre philosophie, littérature et sciences,  Paris, Desjonquères, 2013.

Decout Maxime, Pouvoirs de l’imposture, Les éditions de Minuit, 2018.

Du Puy De Clinchamps Philippes, Le snobisme, Paris, coll. « QSJ », Presses Universitaires de France, 1966.

Fantouré Alioum, Le cercle des tropiques, Paris, Présence Africaine, 1972.

Girard René, Mensonge romantique et vérité romanesque, Paris, Grasset, 1973.

Gori Roland, La Fabrique des imposteurs, Les liens qui libèrent, 2013.

Grunberger Bela et Chasseguet- Smirguel Janine, Freud ou Reich ? Psychanalyse et illusion, Claude Tchou éditeur, 1976.

Lukács Georg, La signification actuelle du réalisme critique, Paris, Gallimard 1978.

Melone Thomas, Chinua Achebe et la tragédie de l’histoire, Paris, Présence Africaine, 1973.

Mosse Claude, Les impostures de l’histoire, Le Rocher, 2021.

Kremer, Nathalie, avec J.-P. Sermain, Y.-M. Tran-Gervat (dir.), Imposture et fiction dans les récits d’Ancien Régime, Hermann, collection "La République des Lettres", 2018.

Kremer, Nathalie, Petite phénoménologie de l'imposture, Fabula, Atelier de théorie littéraire, 2016

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Le colloque annuel 2025 de l’APFUCC sera en personne. Les communications devront être en français.

L’adhésion à l’APFUCC est requise pour participer au colloque. Il faut également régler les frais de conférence de l’APFUCC. De plus amples informations seront envoyées à ce sujet.

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