Harvard French graduate conference
Department of Romance Languages and Literatures - April 4, 2025
Harvard University
“The institution”
For Spring 2025, the 56th Northeast Modern Language Association (NeMLA) Congress has chosen to focus its discussions on the theme of revolution. To further and enrich this topic, we propose to examine what every revolution dismantles and recreates: institutions.
Traditionally, institutions have been understood as stable organizations or practices, either public or private, designed to meet collective needs. As such, the concept of an institution encompasses both a process and its outcomes, spanning a broad array of contexts: political institutions, such as the French Fifth Republic or the United Nations Security Council; social institutions, like inheritance systems or polygamy; economic institutions, such as banks or currencies; religious institutions, including churches and denominations; and cultural or artistic institutions, like festivals and the book industry. From a humanities perspective, however, institutions are less static and more dynamic, existing as “living relationships in motion in the minds of men who think and speak,” as Giorgio Agamben observes in his foreword to Émile Benveniste’s foundational Vocabulaire des institutions indo-européennes (1969).
This brief overview reveals both the depth and complexity of the concept of an institution. For example, some institutions can be socio-economic, like marriage, or politico-cultural, like national academies. Some change in nature, such as the Olympic Games, which evolved from religious to cultural. Some even cross all fields, like Marcel Mauss’ famous “total social fact” (The Gift, 1925), while others defy any classification, such as the internet.
By exploring the status of institutions, particularly in the Francophone context, and examining their relationship with reform and revolution, participants can enrich their research while addressing common concerns. Panelists may be inspired by the following topics, while remaining free to explore other themes:
· The Philosophy of Institutions: This theme explores the foundations, legitimacy, and objectives of institutions, as well as the tensions they create between individuality and collectivity. One might draw on Rousseau's genealogy of civil order (Discourse on the Origin and Basis of Inequality Among Men, 1755; The Social Contract, 1762) or Foucault’s critique of the penitentiary system (Discipline and Punish, 1975).
· The History of Institutions: This area examines the evolution of institutions in French-speaking contexts, from their emergence to their dissolution, considering various historiographical schools and the construction of national narratives. For instance, one might reference Hannah Arendt’s political analysis (The Origins of Totalitarianism, 1951), the history of Fine Arts, or the formalization of copyright under the Convention of 1793.
· The Literary Institution: This section addresses the recognition, preservation, and exclusion of literary works, alongside issues of censorship and the strategies devised to bypass it. It also delves into literary movements and their adversaries, as well as the complexities of translation. Topics for consideration include Sartre’s critique of literary canonization (The Words, 1963), Pascale Casanova’s analysis of world literature (The World Republic of Letters, 1999), French theater under the Ancien Régime, and the cases of authors who faced significant censorship, such as the Marquis de Sade, Charles Baudelaire, and Assia Djebar.
· The Patriarchal Institution: This theme explores the defenders and opponents of the cause of women and sexual and gender minorities, addressing topics like French materialist feminism, intersectional feminism, as well as institutionalized antifeminism and LGBTQ-phobia. Key references include Colette Guillaumin’s analysis of sexist power relations (Sex, Race, and Power: Evolution and Continuation, 1992) or Monique Wittig’s critique of heterosexuality (The Straight Mind and Other Essays, 1992).
· The Colonial Institution: This section addresses the mechanisms behind the establishment and perpetuation of colonial institutions, as well as their impact on colonized and post-colonial societies. Examples include colonial scientific or fictional literature, the corpus of créolité, French-speaking island literature, or the sociology of racism. One might consider the writings of Frantz Fanon (The Wretched of the Earth, 1961) or the critiques of neo-colonialism in the works of Aimé Césaire (Discourse on Colonialism, 1950).
· Nature and Institutions: This part deals with human perceptions of the wild, the role of institutions in managing the climate crisis, and the promotion of environmental justice. One might evoke Montaigne’s depiction of nature (Essays; Travels in Italy) as well as Michel Serres’ analyses of institutionalization in The Natural contract (1990) and Bruno Latour’s parliament of things in “Esquisse d’un parlement des choses” (2018).
Doctoral students are invited to submit their proposals using this Google Form by January 17, 2025 for in-person presentations not exceeding 20 minutes. Proposals, in English or French, should include:
· a title,
· an abstract (between 250 and 300 words),
· an optional biobibliography (100 words),
· institutional affiliation,
· your contact information.
The graduate conference will take place on April 4, 2025, at the Department of Romance Languages and Literatures, Harvard University (Boylston Hall). The scientific committee will announce its decisions by January 31, 2025.
« L’institution »
Pour le printemps 2025, le 56e Congrès de la Northeast Modern Language Association (NeMLA) a choisi de centrer ses réflexions sur le thème de la révolution. Afin de prolonger et d'enrichir ce sujet, nous proposons d'examiner ce que toute révolution démantèle puis recrée : l’institution.
Traditionnellement, les institutions ont été comprises comme des organisations ou pratiques stables, publiques ou privées, conçues pour répondre à des besoins collectifs. En ce sens, le concept d'institution englobe à la fois un processus et ses résultats, couvrant une grande variété de contextes : des institutions politiques, telles que la Cinquième République française ou le Conseil de sécurité des Nations Unies ; des institutions sociales, comme les systèmes d’héritage ou la polygamie ; des institutions économiques, telles que les banques ou les monnaies ; des institutions religieuses, y compris les églises et les confessions ; et des institutions culturelles ou artistiques, comme les festivals ou l’industrie du livre. Du point de vue des sciences humaines, cependant, les institutions sont moins statiques et davantage dynamiques, existant comme des « relations vivantes en mouvement dans l’esprit des hommes qui pensent et parlent », selon l’observation de Giorgio Agamben dans sa préface à l'édition anglophone du Vocabulaire des institutions indo-européennes (1969), ouvrage fondateur d’Émile Benveniste.
Ce bref panorama révèle à la fois la profondeur et la complexité du concept d’institution. Certaines institutions, par exemple, peuvent être socio-économiques, comme le mariage, ou politico-culturelles, comme les académies nationales. Certaines changent d’épithète, comme les Jeux Olympiques qui sont passés de religieux à culturels. Certaines traversent même tous les champs, à l'image du célèbre « fait total » de Marcel Mauss (Essai sur le don, 1925), tandis que d'autres défient toute classification, comme l'internet.
En explorant le statut des institutions, particulièrement dans le contexte francophone, et en examinant leur lien avec la réforme et la révolution, chacun pourra enrichir sa recherche tout en répondant aux préoccupations communes. Les panélistes pourront s'inspirer des sujets suivants, tout en gardant la liberté d'explorer d'autres thèmes :
· La philosophie des institutions : Ce thème explore les fondements, la légitimité, et les objectifs des institutions, ainsi que les tensions qu'elles créent entre l'individualité et la collectivité. On peut s'appuyer sur la généalogie rousseauiste de l'ordre civil (Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, 1755 ; Du Contrat social, 1762) ou sur la critique foucaldienne du complexe pénitentiaire (Surveiller et punir, 1975).
· L'histoire des institutions : Ce volet examine l'évolution des institutions dans les sociétés francophones, depuis leur émergence jusqu'à leur disparition, en passant par les différentes écoles historiographiques et la construction des romans nationaux. On peut, par exemple, se référer à l'analyse politique de Hannah Arendt (Les Origines du totalitarisme, 1951), à l'histoire des Beaux-Arts, ou encore à la formalisation du droit d'auteur sous la Convention de 1793.
· L’institution littéraire : Cette section aborde la reconnaissance, la préservation et l'exclusion des œuvres littéraires, ainsi que la censure et les stratégies pour la contourner. Elle examine également les mouvements littéraires et leurs opposants, ainsi que les défis de la traduction. On pourrait y considérer la critique de Sartre sur la canonisation littéraire (Les Mots, 1963), l’étude de Pascale Casanova sur la littérature mondiale (La République mondiale des lettres, 1999), le théâtre français sous l’Ancien Régime ou encore les auteurs célèbres pour avoir été censurés, tels que le marquis de Sade, Charles Baudelaire et Assia Djebar.
· L’institution patriarcale : Ce thème explore les défenseurs et opposants de la cause des femmes et des minorités sexuelles et de genre, en abordant des approches telles que le féminisme matérialiste, le féminisme intersectionnel, ainsi que l'antiféminisme et la LGBTQ-phobie institutionnalisés. Parmi les références clés figurent l’analyse des rapports de pouvoir sexistes de Colette Guillaumin (Sexe, race et pouvoir : évolution et permanence, 1992) ou la critique de l’hétérosexualité par Monique Wittig (La Pensée straight, 1992).
· L’institution coloniale : Ce volet aborde les mécanismes de mise en place et de perpétuation des institutions coloniales, ainsi que leur impact sur les sociétés colonisées et post-coloniales. Des exemples incluent la littérature scientifique ou fictive coloniale, le corpus de la créolité, la littérature insulaire francophone ou la sociologie du racisme. On peut penser aux écrits de Frantz Fanon (Les Damnés de la Terre, 1961) ou aux critiques de la néo-colonisation dans les œuvres de Aimé Césaire (Discours sur le colonialisme, 1950).
· Nature et institutions : Cette partie traite de la perception humaine de la nature sauvage et du rôle des institutions dans la gestion de la crise climatique et la promotion de la justice environnementale. On peut évoquer la description de la nature par Montaigne (Essais ; Journal de voyage en Italie), ainsi que l’analyse du processus d’institutionnalisation par Michel Serres dans Le Contrat naturel (1990) et le concept de « parlement des choses » développé par Bruno Latour dans son « Esquisse d’un parlement des choses » (2018).
Les doctorant.e.s sont prié.e.s de soumettre leur proposition par le biais de ce Google Form avant le 17 janvier 2025 pour des présentations en personne n’excédant pas 20 minutes. Les propositions, en anglais ou en français, comprendront
· Un titre,
· Un résumé (entre 250 et 300 mots),
· Une éventuelle biobibliographie (100 mots),
· Une affiliation institutionnelle,
· Vos coordonnées.
La conférence doctorale aura lieu le 4 avril 2025 au département de Langues et Littératures romanes de Harvard University (Boylston Hall). Les décisions du comité scientifique seront rendues au plus tard le 31 janvier 2025.