Les Juristes anarchistes. Vers de nouvelles utopies concrètes
Sous la direction de : Anceau (Clarisse), Aslanoff (Élie), Hill (Louis), Jourdain (Édouard), Lévy (Arié), Saul-Tarrade (Nicholas)
Préfacière : Malabou (Catherine)
Paris, Classiques Garnier, Rencontres, 2024
Contrairement aux idées reçues, droit et anarchie ne s’opposent pas forcément. Nombreuses sont en effet les institutions, comme les jurys populaires, et les doctrines, comme la doctrine de l’abus de droit, qui peuvent inspirer les anarchistes.
Extrait : "L'étonnement suscité par une formule qui heurte le sens commun en associant ainsi droit et anarchie est ancré dans une préconception du droit véhiculée par des disciplines extra-juridiques. Voir dans le droit un avatar de la figure de l'État et de sa violence - et donc d'un ordre hégémonique - est en effet un réflexe intellectuel structurant. Ce rapport au droit semble prévaloir dans les sciences humaines. S'il est parfois un objet noble pour la philosophie, la représentation dominante semble en effet être celle, issue de la sociologie critique, qui associe le droit à la domination (...). Les juristes anarchistes entendent sortir de cette représentation dominante d'un droit qui ne serait qu'une superstructure, strict reflet des rapports de domination, assimilé à l'ordre, ordre étatique, centralisateur et dominateur. Leur entreprise est une entreprise juridique. Leurs analyses empruntent aux sciences sociales mais entendent s'intéresser aux institutions, opérations, mécanismes du droit, dont elles jugent qu'ils valent autrement que comme masques des rapports de force."