
Organisé par l'université de Tours (ICD) et l'université Picardie Jules Verne (CEHA)
Conférenciers invités : Francisco Moreno Fernández y Azucena Palacios Alcaine
Suite à la journée d’étude internationale « “Américanismes” : réflexions sur la place de l’espagnol américain dans le monde hispanique », célébrée le 27 novembre 2023 à l’université Picardie Jules Verne, nous souhaiterions élargir ces réflexions dans un colloque international, co-organisé par l’université de Tours et l’université de Picardie Jules Verne, le 9 et 10 octobre 2025.
L’espagnol, comme toute langue naturelle, se caractérise par la coexistence de diverses variétés, que ce soit régionales, sociales, stylistiques ou historiques. Et en tant que langue de culture, elle possède une norme standard, codifiée et prescrite par des institutions qui jouent un rôle inéluctable dans la construction de la conscience linguistique, voire identitaire, des individus en tant que locuteurs de cette langue dans une de ses variétés.
La standardisation de la langue castillane débuta sous le règne d’Alfonso X au XIIIe siècle. Malgré le processus d’uniformisation en cours, l’espagnol classique du XVIe siècle, transplanté sur le continent américain, est caractérisé naturellement par une variation dans les usages. À partir de ce moment, l’histoire de la langue espagnole est, en grande partie, son histoire en Amérique (Rivarola, 1988).
En effet, parmi les 21 pays ayant l’espagnol comme langue officielle, 19 se trouvent sur le continent américain. Et parmi les 500 millions de locuteurs natifs de cette langue dans le monde, 407 107 145 sont hispanoaméricains (Instituto Cervantes, 2022), sans compter les 41 757 391 hispanophones qui habitent aux États-Unis. Avec une telle étendue, l’espagnol américain peut difficilement être homogène : les particularités culturelles et linguistiques de ses locuteurs se reflètent dans une variation diatopique conséquente et dans une multiplicité des normes (Oesterreicher, 2002).
Et pourtant, dès sa création en 1713 et jusqu’au XXe siècle, la Real Academia Española, dans sa fonction unificatrice et standardisante de la langue, a fixé la norme en privilégiant l’espagnol cultivé du nord et du centre de la péninsule ibérique, au détriment des modalités de l’Espagne méridionale et de l’Amérique hispanique. Cette politique linguistique a subi un tournant à partir de 1999, lorsque la RAE s’associe à l’ASALE (fondée en 1951 au Mexique) pour produire des travaux conjoints dans une perspective « panhispanique ». On peut se demander si la construction d’une norme pluricentrique se manifeste concrètement dans les faits ou s’il s’agit d’une simple déclaration d’intention.
Ce colloque international a comme objectif de partager des réflexions autour des axes suivants :
-La place accordée à l’espagnol américain dans les ouvrages institutionnels (e.g. grammaires, dictionnaires, etc.).
-La place accordée à la variation dans l’enseignement de l’espagnol.
-Le choix dialectal dans les médias, dans le monde de l’édition et dans la traduction littéraire ou le sous-titrage audiovisuel destinés à un public pluridialectal.
-Les attitudes linguistiques des locuteurs face à leur propre variété ou à celle des autres, pouvant amener à la glottophobie (Blanchet 2016).
Les communications pourront également porter sur ces thématiques :
-Le contact entre variétés de l’espagnol (soit entre différentes variétés américaines ou entre les variétés américaines et espagnoles, notamment dans un contexte d’immigration) et son effet dans le parler individuel ou communautaire.
-Le contact entre l’espagnol et d’autres langues dans le continent américain.
-Les spécificités de la langue d’héritage dans un contexte d’immigration des Hispano-américains dans des pays non-hispanophones.
-Les traits distinctifs – phonétiques, phonologiques, lexico-sémantiques, morphosyntaxiques, pragmatiques – des variétés de l’espagnol américain.
Envoi des propositions jusqu'au 18 mars 2025 sur le site du colloque : https://americanismes.sciencesconf.org/?lang=fr