Les postes sont le vecteur et l’expression d’une myriade d’interactions qui forment la chair des mondialisations depuis l’époque moderne. Correspondances administratives et commerciales, cartes postales touristiques, lettres et mandats des migrants, colis aux contenus licites ou illicites : quoique relativement délaissées par l’historiographie des communications globales en comparaison des télécommunications, ces communications postales sont plus que le simple reflet de l’administration de territoires distants, de relations commerciales, touristiques et de contrebandes, ou de migrations planétaires. Elles les façonnent et sont réciproquement façonnées par elles.
L’émergence d’une gouvernance mondiale des trafics postaux, à travers la fondation de l’Union générale des postes en 1874, devenue Union postale universelle en 1878, est de ce point de vue cruciale. Agence spécialisée des Nations unies depuis 1947, cette organisation internationale a pour mission de forger « un seul territoire postal » autour de normes, de tarifs et de règlements partagés. Pour ses membres, c’est dans le même temps un nouveau lieu de construction des termes de la souveraineté, à l’âge de l’interdépendance. « Postaliser » la mondialisation, et réciproquement mondialiser les postes nationales : tels sont ainsi les deux principaux enjeux de ce dossier sur les trafics postaux dans une perspective d’histoire globale.