Actualité
Appels à contributions
La poésie populaire algérienne : enjeux identitaires, socio-historiques et mémoriels

La poésie populaire algérienne : enjeux identitaires, socio-historiques et mémoriels

Publié le par Marc Escola (Source : Abla Houichi)

La poésie populaire algérienne qui s’inscrit dans le large répertoire de la langue parlée populaire est empreinte d’un profond lyrisme. Elle est liée aux moments forts de la vie sociale et participe intensément à la communication affective. Elle renvoie à des circonstances multiples associées à des fêtes et des rituels communautaires. Ce patrimoine culturel et civilisationnel de l’Algérie est une source d’une richesse incomparable. Sur la valeur de la poésie populaire, Joseph Desparmet explique : « Notre rhapsodie populaire présente la valeur documentaire que nous attribuons à la littérature d’une époque […] ». (Desparmet, 1930, p.228).

Ce patrimoine oral très riche est un trait saillant de la vie sociale en Algérie. Il s’agit de textes satiriques qui mettent l’accent sur la volonté de réprimander, d’adresser des remontrances ou tout simplement d’apporter le plus souvent un enseignement et d’instruire. Ils décrivent et dénoncent certains défauts et travers d’un comportement social. Dans la tradition algérienne, la poésie populaire a une fonction plurielle qui associe l’éthique, l’historique et l’esthétique. Son rôle majeur est de fixer les événements et les faits marquants qui ont touché la vie du groupe afin d’en conserver le souvenir. Mouloud Mammeri disait, dans « Culture savante et culture vécue en Algérie », que « Tout événement mémorable (en particulier ceux qui intéressent le groupe tout entier) donnait lieu à un traitement versifié, sans que le vers eût d’autres rôles que de fixer un souvenir » (MAMMERI, 1991, p. 69). En outre, être poète est un métier au temps où « la poésie tenait lieu de chronique ou de journal » (Mammeri, 1980, p.132). Pour Jean Amrouche : « Tous les gestes de la vie, toutes les cérémonies, sont soutenus par le chant » (AMROUCHE, 1988, p. 49). Il s’agit d’une parole poétique populaire, source fondamentale et génératrice d’une littérature spécifiquement algérienne, qu’elle institue en une littérature orale recentrée sur ses origines. Son importance vient du fait qu’elle diffère des autres éléments de la littérature orale, par sa diversité de forme, la richesse de ses rythmes, le caractère original de ses thèmes à l’origine de son inspiration. Le poète populaire, appelé « Meddah » ou « Goual » a parfois joué un rôle important dans l'évolution culturelle et politique des pays du Maghreb. Il rejoint par là cette tradition de résistance bien ancrée dans la tradition orale maghrébine et alimentée par des poètes au nom emblématique, parmi lesquels l’Émir Abdelkader ou le poète berbère Si Mohand. Le poète est, en quelque sorte, le « porte-parole » d’un peuple. Qualifié par Assia Djebar de« témoin » de son siècle, en raison de la place centrale qu’il tient au sein de sa communauté, le poète populaire est le dépositaire et le gardien de la mémoire collective de son groupe.

Les poètes populaires algériens se distinguent par une production poétique particulièrement prolifique, touchant à des thèmes lyriques et patriotiques, ou encore à la sagesse et à la satire et traitant de sujets différents : la patrie, la mémoire collective, l’identité, l’histoire, la société, l’hospitalité et l’amour comme « Haysia » un des plus beaux poèmes d’amour et un chef d’œuvre de la poésie populaire algérienne ; mais aussi à l’art du « Melhoun », la chanson bédouine qui constitue, ici, une sorte de consécration pour les textes populaires qui ont été marqués par des glorifications de la guerre de Libération Nationale Algérienne, décrivant aussi la richesse du patrimoine culturel du pays. Ses valeurs esthétiques et artistiques ont montré le sens de créativité des poètes et leur capacité à influer l’auditeur en adoptant plusieurs moyens d’expression artistique. Toutes les chansons ont un apport culturel très important, révélant un héritage et une dimension culturelle adéquate, bénéfique, diversifiée, parfaitement adaptée à leur mode de vie et qui correspond exactement à leur propre entourage.

Objectifs

Cet ouvrage collectif ne vise d’autre fin que de rappeler le rôle de la poésie à travers ses enjeux socio-historiques et mémoriels, ses fonctions éthiques et politiques, pour enfin conclure sur sa portée patrimoniale, entendue ici comme un legs, un héritage, laissé par les anciens aux nouvelles générations à partir duquel continuent de s’inspirer librement aujourd’hui les chanteurs et les poètes contemporains. Notre intérêt est la découverte et la redécouverte du patrimoine littéraire populaire maghrébin ; nous voulons accorder une attention toute particulière à la mise en perspective historique et anthropologique du chant ou du poème en tant que document à lire, à interpréter et à analyser. La visée de cet ouvrage collectif est également de promouvoir la poésie populaire algérienne, source des paroles de la chanson bédouine, à préserver un patrimoine artistique et culturel. La poésie populaire et la chanson bédouine demeurent intimement liées à la transmission de la mémoire nationale. C’est une source et une référence d’événements historiques. La poésie populaire est elle-même un patrimoine à sauvegarder dans un contexte marqué par une forte concurrence entre les territoires, elle est la forme d’expression qui promeut et sauvegarde le patrimoine matériel et immatériel local. La poésie populaire en Algérie ne représente qu’une infime partie de ce fond populaire oral d’une richesse exceptionnelle. La sauvegarde et la préservation de ce patrimoine, remontant à des temps immémoriaux, se heurtent à son caractère éminemment oral, d’où « l’impérieuse nécessité » de transcrire les textes, de penser à en faire des recueils ou de les enregistrer sur des supports modernes. C’est par son truchement qu’on peut saisir le processus de transmission de la tradition, de l’histoire, et de la mémoire. 

Axes des contributions

 Les contributions devraient, à titre indicatif, débattre des thématiques suivantes :

-       Poésie populaire algérienne et poètes populaires algériens

-       Poésie populaire algérienne et critique sociale et politique

-       Fonctions de la poésie populaire : poétique, mémorielle, didactique, idéologique, esthétique et ludique.

-       Discours poétique et discours social : le rapport au politique et au religieux

-       L’art du Melhoun comme pratique collective.

-       Poésie populaire algérienne et son rapport avec la langue, l’histoire et l’identité

-       Poésie populaire et dialectes

-       Poésie populaire algérienne : emprunts et représentations

-       Poésie populaire algérienne et Histoire culturelle de l’Algérie

-       Préservation / sauvegarde de la poésie populaire en Algérie 

Modalités

·      L’ouvrage sera publié chez un éditeur reconnu ou dans une collection universitaire.

·      Les contributions proposées doivent être inédites. Elles seront accompagnées d’un résumé en français et en anglais (10 lignes maximum)

·      Les propositions doivent avoir une longueur de 40 000 caractères et rédigées sous format Word (style APA) et envoyées à l’adresse suivante : houichiabla@yahoo.fr 

Consignes aux auteurs

·      L’auteur doit indiquer le titre de sa proposition, son nom et prénom, établissement d’attache, son numéro de téléphone et son courriel.

·      Le format du texte : Corps du texte : Arial 12, interligne simple.

·      Les notes en bas de page : Arial 10, interligne simple.

·      Les références bibliographiques (ou webgraphiques) pour ouvrages individuels, collectifs, ou revues, se présentent de la manière suivante : Nom de(s) l’auteur(s), initiale(s) du prénom, année d’édition, titre de l’ouvrage ou de l’article, lieu d’édition, maison d’édition, ou nom de la revue, numéro et date, pages de la citation 

Dates importantes

Appel à contribution : septembre 2024

Date limite d’envoi des propositions d’articles : le 20.12.2024

Notification d’acceptation : le 31.01.2025

Parution de l’ouvrage : mars 2025