Corporéités queer dans l’imaginaire contemporain : Le corps queer comme arène des ontologies possibles
Corporéités queer dans l’imaginaire contemporain :
Le corps queer comme arène des ontologies possibles
Université du Québec à Montréal
15 mai 2025
Ce colloque explore les enjeux posés par la tension constitutive du corps queer. Nous partons du postulat que le corps queer est mouvant, en constant processus dialectique entre les normes et leurs processus de transgression ; entre le corps créé, façonné, représenté par les différents dispositifs discursifs du pouvoir et le corps recréé, resémantisé, autoreprésenté (De Lauretis, 2007) Nous nous intéresserons donc aux manières dont les corps queer subissent des violences par des systèmes de savoir-pouvoir normatifs et hégémoniques, mais également aux façons dont ils opposent une forme de résistance à ces dispositifs des corps tracés. Très souvent la critique a mis l’accent sur l’une ou l’autre des deux facettes alors que, au contraire, nous souhaiterions penser le corps queer dans la tension entre ces facettes. L’ambigüité généré par et contre les dispositifs de pouvoir normatif a l’avantage, au niveau micropolitique, de déstabiliser le champ des significations sociales de genre.
Le corps queer est subversif puisqu’il refuse les déterminations génériques et parce qu’il propose de nouvelles modalités d’existences en dehors d’un régime épistémique binaire qui régule différentes facettes de la société. Si les corps queers sont lus comme impossibles, indésirables ou inclassables dans une épistémologie hétéro-patriarcale, ils subvertissent cependant, par leurs simples existences, l’ordre du discours dominant puisqu’ils donnent à voir les conditions de possibilité d’un tout nouvel ordre épistémologique (Preciado, 2022). Dans les arts queer, plusieurs représentations s’inscrivent dans cette tension dialectique des corporéités queer. On voit, par exemple, des corps anthropomorphisés, carnavalisés, des monstres, des mutants, des corps portant des extensions ou des prothèses mécaniques, des cyborgs, des travestis ; autant de représentations imaginaires servant cette tension dialectique des corps normatifs et des corporéités possibles.
Comment cette tension se répercute-t-elle sur le corps et ses représentations ? Nous accueillerons des propositions portant sur la représentation des corps queers dans différentes productions culturelles (littérature, cinéma, théâtre, arts visuels ou autres) ainsi que celles portant sur la théorisation du corps queer, sur les violences auxquelles ils sont confrontés (stigmatisation, exclusion, contrôle) et sur les possibilités épistémologiques et ontologiques qu’ils offrent à penser.
Voici quelques axes de réflexions proposés de façon non exhaustive :
- Corps et agentivité
- La performativité du corps
- Représentations des corps queer (cinéma, littérature, danse, théâtre, etc.)
- Subjectivité, expériences, individuation
- Les transformations corporelles
- Corps grotesques, corps carnavalisés
- L’invisibilisation des corps (au détriment de la visibilité d’autres)
- La monstruosité
- L’idée construite de la beauté et de la laideur
- Le corps sexué et les pratiques sexuelles
- Le stigmate (corporel et social)
- Corps subversifs, corps transgressifs
- Le corps désirant et corps désirés
- Le contrôle des corps
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Toute proposition qui s’inscrit sur un autre axe de recherche que ceux énumérés ci-dessus est la bienvenue. Les corporalités sont diverses et engagent donc à une multitude d’approches pour les lire, les comprendre et les apprécier.
Bien que ce colloque soit francophone, nous acceptons des propositions de communications en français et en anglais. Les propositions, d’une longueur maximale de 300 mots, doivent être accompagnées d’une bibliographie d’au moins 5 titres ainsi que d’une notice biobibliographique. Les propositions sont à envoyer au plus tard le 13 décembre 2024 par courriel à l’adresse suivante : colloque.corpsqueer2025@gmail.com.
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BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE SÉLECTIVE
Ahmed, Sarah, Phénoménologie queer : orientations, objets et autres, traduction de l’anglais par Laurence Brottier-Cornu, Paris, Éditions Le Manuscrit, coll. « Genre(s) et création », 2022, 344 p.
Bourcier, Sam, Queers zones. La trilogie, Paris, Amsterdam, 2022, 763 p.
Butler, Judith, Trouble dans le genre : le féminisme et la subversion de l’identité, traduction de l’anglais par Cynthia Kraus, Paris, La Découverte, 2006, 283 p.
—————, Bodies That Matter: On the Discursive Limits of "sex", New York, Routledge, 1993, 288 p.
De Lauretis, Teresa, Théorie Queer et cultures populaires : De Foucault à Cronenberg, Paris, La Dispute, 2007, 189 p.
Eribon, Didier, Réflexions sur la question gay, Paris, Flammarion, coll. « Champs. Essais », 2012, 615 p.
Floyd, Kevin, La réification du désir : vers un marxisme queer, traduction de l’anglais par Myriam Dennehy, Charlotte Nordmann, Clémence Garrot et Marion Duval, Paris, Éditions Amsterdam, 2013, 307 p.
Foucault, Michel, Histoire de la sexualité 1. La volonté de savoir, Paris, Gallimard, coll. « Tel », 2019, 211 p.
Halberstam, Jack, The Queer Art of Failure, Durham, Duke University Press, 2011, 211 p.
Haraway, Donna, Manifeste cyborg et autres essais : sciences, fictions, féminismes, Paris, Exils, coll. « Essais », 2007, 333 p.
Kosofsky Sedgwick, Eve, Épistémologie du placard, traduction de l’anglais par Maxime Cervulle, Paris, Éditions Amsterdam, 2008, 257 p.
McCormack, Donna, « The Monstrous and Critical Posthumanism », dans Stefan Herbrechter et al., Palgrave Handbook of Critical Posthumanism, Cham, Palgrave Macmillan, 2022, p. 249-271.
Negri, Antonio et Michel Hardt, « La monstruosité de la chair », Multitude. Guerre et démocratie à l’âge de l’Empire, Paris, La découverte, 2004, p. 225-233.
Preciado, Paul B., Dysphoria Mundi : le son du monde qui s’écroule, Paris, Grasset, 2022, 590 p.
Preciado, Beatriz [Paul B.], « Multitudes queer. Notes pour une politiques des "anormaux" ». Multitudes, no 12, 2003, p. 17-25.
Russo, Mary J, The Female Grotesque: Risk, Excess and Modernity, Londres, Routledge, 1994, 250 p.