Actualité
Appels à contributions
Masculinités bibliques

Masculinités bibliques

Publié le par Marc Escola (Source : Emma Belkacemi-Molinier)

Adonques crea l’ome a s’ymage, mahle et femele.

Gn 1, 27 dans la Bible d’Acre, éd. Pierre Nobel.

 

Une des costes d’Adan prist

Dom il fame forma et fist.

Quant Adan de dormir leva

Et celle joste lui trova :

« Ceu est, fist il, bien dire l’os,

Os qui est formez de mes os

Et char de ma char reformee ;

Icete est ‘barone’ nomee

Enssit pour voyr la nomeron

Quar el est prise de baron »

Bible de Macé de la Charité, éd. J. R. Smeets, v. 347-356. 

Argument

La Bible et les études de genre.

         Mettre la Bible à l’épreuve du genre paraît aller de soi : c’est bien elle qui propose le (ou plutôt, les) récit(s) étiologique(s) qui nourrissent une théologie de la différence sexuelle pour l’Occident et le monde byzantin médiéval[i]. Dans la droite ligne des premières gender studies ou études de genre entamées dans les années 1960 au sein du domaine anglo-saxon[ii], l’intérêt pour les questions de genre appliquées au texte biblique s’est d’abord porté sur les femmes. Les recherches ont ainsi mis en avant l’élaboration de modèles bibliques féminins comme Marie, Marthe et Esther[iii], leurs usages pour envisager des fonctions sociales dévolues spécifiquement aux femmes[iv], jusqu’à penser une théologie d’un pouvoir féminin[v]. D’autres travaux ont mis au jour l’existence de communautés interprétatives féminines[vi].

         Mais l’étude du genre ne se limite pas aux women studies. Opérant un nouveau tournant, les recherches des années 1990-2000 font valoir la nécessité de confronter masculin et féminin, de les mettre en lien, tout en montrant des femmes actives et puissantes, parfois viriles[vii]. C’est dans ce contexte que naît l’histoire du genre, qui vise à faire « une histoire des catégories sociales » parmi lesquelles le genre n’est qu’une distinction parmi d’autres, sans « essentialiser les rapports de genre » (Lett 2013). Faire des gender studies implique ainsi d’étudier, aussi, les masculinités[viii]. Là encore, les études médiévales n’ont pas été en reste, et se sont intéressées à différentes thématiques en lien, plus ou moins étroit, avec le texte biblique.

L’ouvrage désormais classique Jesus as Mother: Studies in the Spirituality of the High Middle Ages de C. W. Bynum montrait par exemple qu’avec la féminisation du langage spirituel dans deux directions inverses (l’image de l’Épouse du côté du moine/la métaphore de la mère du côté de Dieu), c’est la polarité de genre dans l’expression du rapport au divin qui se trouvait dépassée[ix]. Des modèles masculins ont aussi été identifiés : Adam, créé à l’âge de trente ans, doté d’une raison et d’un savoir immenses alliés à un appétit sexuel maîtrisé, apparaît comme un idéal dans les discours/programmes éducatifs des ordres mendiants du XIIIe siècle étudiés par A.-L. Dubois[x]; pour la paternité, élément essentiel de la masculinité médiévale, Abraham et Joseph sont des figures étudiées par J. Baschet, P. Payan, D. Lett et A.-M. Certin[xi] ; David comme Daniel font l’objet de différentes réceptions, les érigeant en modèle ou contre-modèles masculins[xii]. Lié à l’épisode biblique de Sodome et Gomorrhe, le sujet de la sexualité homosexuelle s’est aussi développé depuis les années 1980 ; si les premiers chercheurs font mal la distinction entre sodomie et homosexualité[xiii], la grille de lecture de l’homosocialité[xiv] ou la revalorisation de l’amitié dans la « généalogie de l’homosexualité masculine » (Boquet 2007) ont éclairé d’une nouvelle lumière les textes et les images en croisant l’histoire des sensibilités et des émotions. Enfin, la masculinité de ceux qui sont au plus près du Texte et se définissent par le « renoncement à la chair » (Brown 1995) a elle aussi été scrutée ; certains chercheurs ont considéré que l’appartenance au clergé impliquait un renoncement à la masculinité jusqu’à parler de clerical sex voire de troisième genre[xv], tandis que d’autres ont avancé que le concept de manhood transcendait l’opposition clercs-laïcs[xvi].

Tous ces travaux témoignent d’un intérêt pour les masculinités dans le monde chrétien médiéval, sans pour autant considérer leur rapport spécifique à la Bible, son exégèse et plus largement ses usages. C’est à l’intersection de ces deux champs, celui des études sur les masculinités et celui des études sur la Bible, que nous entendons ouvrir un espace de réflexion lors de la journée d’étude « Masculinités bibliques ». 

Des masculinités bibliques : du texte à l’exégèse.

La construction de modèles masculins bibliques repose sur une science (ou une pratique) du Texte, l’exégèse, terme qu’on choisira d’entendre dans un sens large permettant de prendre en compte des acteurs variés. À la fin des années 1970, G. Dahan proposait de ne pas réserver le mot d’« exégèse » uniquement à la pratique des « professionnels », mais d’élargir le concept à d’autres formes de travail du Texte « non spécialisées » (Dahan 1979), prenant en compte une forme de transmédialité (exégèse littéraire, exégèse visuelle etc.). De plus, en tant qu’elle est « confessante », l’exégèse médiévale regarde dans deux directions : tournée vers le Texte et son élucidation (la Parole est destinée à s’ouvrir, et son intelligence progresse dans l’histoire[xvii]), elle se fonde en même temps sur un désir d’actualisation relatif à l’hic et nunc de l’Ecclesia, marqué par un contexte qui interroge le texte sacré en fonction des besoins d’un groupe social.

Dans les travaux cités plus haut, la Bible est indissociable de son commentaire, « lieu de réflexion et d’élaborations conceptuelles propres à rendre intelligible, à maîtriser ou à transformer la société » (Lauwers 2008). Par le commentaire, c’est-à-dire par tout développement interprétatif, la Bible conçue comme l’une des principales sources autoritatives apporte des propositions normatives qui constituent autant de réponses aux sollicitations ancrées dans un temps historique. Ainsi l’histoire des « usages de la Bible » (Lobrichon 2003) devient-elle consubstantielle à l’histoire de la Bible elle-même. Dès lors, considérer la Bible à l’aune des masculinités implique de considérer la pluralité, potentiellement concurrentielle, de ses usages par les groupes sociaux dans des typologies de discours variés, des textes littéraires aux textes documentaires, en passant par les littératures spirituelles (hagiographie, homilétique) ou les textes de savoirs spécialisés (médecine, droit, etc.).

Le genre comme outil d’analyse des masculinités bibliques

         Pour appréhender la Bible ainsi définie, la journée d’étude « Masculinités bibliques » propose d’exploiter deux faces de l’outil gender[xviii] : aussi bien considérer le corpus biblique dans sa longue vie transmédiale (le texte et ses traductions, réécritures, mises en images) comme un corpus où se performe le « masculin », qu’étudier au plus près du fait social la construction de masculinités dans les usages de la Bible. Du point de vue des men studies, cette approche répond d’ailleurs à deux pistes fécondes déjà frayées par la critique.

         D’une part, en s’appuyant sur l’ouvrage Masculinities de R. Connell paru en 1995, enrichi en 2005 par l’article « Hegemonic Masculinity: Rethinking the Concept » coécrit avec J. Messerschmidt, les études de genre proposent d’étudier les masculinités en y distinguant plusieurs groupes, qui varient selon les contextes : les masculinités hégémoniques correspondent à l’identité masculine dominante, les masculinités subordonnées voient leur légitimité niée (par exemple les masculinités queer en Occident), des masculinités complices ne se conforment pas au modèle hégémonique mais ne le remettent pas pour autant en cause, et les masculinités marginales reflètent « the complexity of power relations generated by the intersection of gender with other axes of social stratification like ethnicity or class » (Griffin 2018). Selon R. W. Connell, cette organisation sociale des masculinités vise à soutenir la domination des femmes. Si, à juste titre, plusieurs objections ont été faites à ce modèle, il a le mérite, comme l’explique B. Griffin, de proposer non pas « a sequential catalogue of ideal types of masculinity » mais « a history of changes in a set of structural relationships between competing models of masculinity » (Ibid.) : la démarche ne pouvait que plaire aux historien·ne·s du genre. Partir à la recherche des « masculinités bibliques » implique donc de considérer différentes masculinités, en allant au-delà du modèle hégémonique.

D’autre part, une seconde piste ouverte par les men studies s’attache à envisager les masculinités non pas en termes de représentations mais d’expérience. En 2001, la riche introduction du volume What Is Masculinity ? interrogeait :

Would sermons heard in the nave on Sundays carry greater or lesser weight than printed advice manuals read at home alone? Did people respond to governmental propaganda in the dutiful fashion expected, or (as some recent work tends to suggest) could the most ‘authoritative’ cultural productions in fact prompt some elements of counter-reaction? What, in any case, actually makes a cultural text ‘authoritative’, particularly with regard to something like masculinity?[xix]

Si les plus récents travaux d’A.-L. Dubois indiquent que « la réalité effective de la circulation des enseignements destinés aux hommes ne peut être mesurée », l’autrice souligne aussi que, pour ce qui est du corpus qu’elle étudie,

Les moyens de persuasion utilisés pour amener les fidèles à adopter les principes énoncés, par les prédicateurs, les pédagogues et les confesseurs notamment, constituent en eux-mêmes un aspect important de l’histoire des masculinités pour cette période. En tant que « système efficace de communication », la prédication activement pratiquée en ce XIIIesiècle, en lien de manière directe ou indirecte avec tous ces textes, a certainement contribué à diffuser les modèles masculins qu’ils construisent.[xx]

C’est aussi de cette « réalité effective » du texte biblique et de son exégèse, de l’expérience masculine qui en découle, que cette journée d’étude entendra, autant que possible, s’approcher. 

Axes proposés

         Les contributions pourront s’inscrire dans un ou plusieurs des axes suivants, et ouvrir de nouvelles pistes encore :

         Axe A. Modèles, contre-modèles et masculinités alternatives

Comment des modèles et contre-modèles masculins sont-ils construits par les discours hégémoniques à partir de figures bibliques telles Adam, David, Joseph, Abraham, Jésus, ‘les patriarches’ ou encore ‘les rois’ ? Dans quelle mesure des portraits de masculinités alternatives peuvent-ils aussi émerger du texte biblique ?

         Axe B. Transmission et expérience des modèles masculins

Comment ces modèles masculins d’inspiration biblique sont-ils concrètement transmis ? Dans quelle mesure participent-ils à la formation de la masculinité ? Les propositions traitant d’expériences et de pratiques des masculinités dans différents groupes sociaux (milieux curiaux, familiaux, confréries, congrégations, formes de vie religieuses), sont les bienvenues.

         Axe C. Masculinités et féminités

Dans quelle mesure le texte biblique et son exégèse servent-ils à justifier la fluidité de genre ou, au contraire, la condamner ? Dans la continuité des travaux récents de Clovis Maillet, nous serons ravies de recevoir des propositions mettant en avant des figures saintes dont la fluidité de genre est valorisée et mise en œuvre via différents supports.

Aspects pratiques

Les propositions de communication pourront être envoyées aux organisatrices jusqu’au 31 octobre 2024, et la journée aura lieu à Paris le 24 avril 2025.

Une publication des communications est envisagée.

 Organisatrices

- Emma Belkacemi-Molinier (Sorbonne Université / EPHE) – molinier.emma@gmail.com

- Clara de Raigniac (ceram, Sorbonne Nouvelle / trame, Université de Picardie – Jules Verne) – clara.de.raigniac@u-picardie.fr

- En coordination avec le réseau lima.ge (Littératures du Moyen Âge et Genre). 

Comité scientifique

Sophie Albert (Sorbonne Université)

Dominique Demartini (Sorbonne Nouvelle)

Christopher Fletcher (CNRS / Université de Lille)

Anne-Isabelle François (Sorbonne Nouvelle)

Cédric Giraud (Université de Genève)

Didier Lett (Université Paris Cité)

Clovis Maillet (Haute Ecole d’Art et de Design, Genève)

Bénédicte Milland-Bove (Sorbonne Nouvelle)

Christiane Veyrard-Cosme (Sorbonne Nouvelle)

Bibliographie

Ardissino, Erminia, Donne interpreti della Bibbia nell’Italia della prima età moderna: Comunità ermeneutiche e riscritture, Turnhout, Brepols, 2020.

Bain, Emmanuel, « “Homme et femme il les créa” (Gen. 1, 27). Le genre féminin dans les commentaires de la Genèse au XIIe siècle », Studi medievali, ser. 3, vol. 48/1, 2007, p. 229-270.

Baschet, Jérôme, Le sein du père : Abraham et la paternité dans l’Occident médiéval, Paris, Gallimard, 2000.

Baumgarten, Elisheva, Biblical Women and Jewish Daily Life in the Middle Ages, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2022.

Boillet, Elise et Ricci, Maria Teresa (éd.), Les Femmes et la Bible de la fin du Moyen Âge à l'époque moderne : Pratiques de lecture et d’écriture (Italie, France, Angleterre), Paris, Honoré Champion, 2017.

Boquet, Damien, « L’amitié comme problème au Moyen Âge », dans Une histoire au présent. Les historiens et Michel Foucault, dir. Damien Boquet, Blaise Dufal et Pauline Labey, Paris, CNRS éditions, 2013, p. 59-81.

Bori, Pier Cesare, L’interprétation infinie. L’herméneutique chrétienne ancienne et ses transformations, trad. François Vial, Paris, Éditions du Cerf, Paris, 1991.

Boswell, John, Christianisme, tolérance sociale et homosexualité. Les homosexuels en Europe occidentale des débuts de l’ère chrétienne au XIVe siècle [1980], trad. Alain Tachet, Paris, Gallimard, 1985.

Brown, Peter, Le Renoncement à la chair. Virginité, célibat et continence dans le christianisme primitif [1988], trad. Pierre-Emmanuel Dauzat et Christian Jacob, Paris, Gallimard, 1995.

Bynum, Caroline Walker, Jesus as Mother: Studies in the Spirituality of the High Middle Ages, Berkeley, Los Angeles, University of California Press, 1982.

Cadden, Joan, Nothing Natural Is Shameful: Sodomy and Science in Late Medieval Europe, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2013.

Caspi, Mishael et Green, John T. (dir.), The figure of Samson in Jewish, Christian, and Islamic traditions: the myth and the man, Lewiston, The Edwin Mellen Press, 2014.

Cersovsky, Eva-Maria, « “Ubi non est mulier, ingemiscit egens?” Gendered perceptions of care from the thirteenth to sixteenth centuries », dans Gender, Health, and Healing, 1250-1550, éd. Ritchey, Sara et Strocchia, Sharon T, Amsterdam, Amsterdam University Press, 2020, p. 191-214.

Certin, Aude-Marie, Formes et réformes de la paternité à la fin du Moyen Âge et au début de l’époque moderne, Frankfurt am Main, Peter Lang, 2016.

Connell, Raewyn, Masculinities, Berkeley, University of California Press, 1995.

Connell, Raewyn et Messerschmidt, Jame W, « Hegemonic Masculinity: Rethinking the Concept », Gender and Society, vol. 19, 2005, p. 829-859.

Consolino, Franca Ela et Herrin, Judith (éd.), Fra Oriente e Occidente. Donne e Bibbia nell’alto Medioevo. Secoli VI-XI : greci, latini, ebrei, arabi, Trapani, Il pozzo di Giacobbe, 2015.

Corbin, Alain et al. (dir.), Histoire de la virilité, t. 1, L’invention de la virilité. De l’Antiquitié aux Lumières, Paris, Seuil, 2011.

Cottier, Jean-François et Giraud, Cédric (éd.), Sens interdit(s). Autour du Livre de Gomorrhe de Pierre Damien, Revue de l’histoire des religions, t. 240/2, 2023,

Cullum, Patricia H., « Give Me Chastity: Masculinity and Attitudes to Chastity and Celibacy in the Middle Ages », Gender & History, vol. 25, 2013, p. 621-636.

Cullum, Patricia H. et Lewis, Katherine Jane, Religious Men and Masculine Identity in the Middle Ages, Woodbridge, The Boydell Press, 2013.

Dahan, Gilbert, « L’interprétation de l’Ancien Testament dans les drames religieux (XIe-XIIIe siècles), Romania, vol. 100, 1979, p. 71-103.

De Jong, Mayke, « Exegesis for an empress », dans Medieval Transformations: Texts, Power, and Gifts in Context, éd. Esther Cohen et Mayke de Jong, Leiden, Brill, 2001, p. 69-100.

Dubois, Anne-Lydie, « Créer et recréer l’identité masculine : Adam et l’idéal du “devenir homme” au XIIIe siècle », dans Créer. Créateurs, créations, créatures au Moyen Âge, dir. Florian Besson, Julie Pilorget et Viviane Griveau-Genest, Paris, Presses de l’Université Paris-Sorbonne, 2019, p. 75-92.

Dubois, Anne-Lydie, Former la masculinité : éducation, pastorale mendiante et exégèse au XIIIe siècle, Turnhout, Brepols, 2022.

Fletcher, Christopher David, « ‘Être homme’ : Manhood et histoire politique du Moyen Âge. Quelques réflexions sur le changement et la longue durée », dans Une histoire sans les hommes est-elle possible ? Genre et masculinités, éd. Anne-Marie Sohn, Lyon, ENS Éditions, 2014.

Foehr-Janssens, Yasmina, « Littérature médiévale et études genre », Francofonia, vol. 74, 2018.

Gaunt, Simon, « Letteratura medievale e Gender Studies : ascoltare voci soffocate », dans Lo Spazio letterario del Medioevo, t. 2, Il Medioevo volgare, IV. L’Attualizzazione del testo, dir. P. Boitani, M. Mancini, A. Vàrvaro, Roma, Salerno editrice, 2004, p. 651-683.

Gaunt, Simon, Gender and Genre in Medieval French Literature, Cambridge, Cambridge University Press, 1995.

Halperin, David M., How to Do the History of Homosexuality, Chicago, Londres, The University of Chicago Press, 2002.

Jaeger, Stephen, Ennobling Love. In search of a lost sensibility, Philadephia, University of Pennsylvania Press, 1999.

Johansson, Warren et Percy, William A., « Homosexuality », dans Handbook of Medieval Sexuality, dir. Vern L. Bullough et James A. Brundage, New York,London, Garland Publishing, 1996, p. 155-189.

Jordan, Mark D., The Invention of Sodomy in Christian Theology, Chicago, The University of Chicago Press, 1997.

Karras, Ruth Mazo, Thou Art the Man: The Masculinity of David in the Christian and Jewish Middle Ages, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2021.

Klapisch-Zuber, Christiane, « Masculin/Féminin », Dictionnaire raisonné de l’Occident médiéval, éd. Jacques Le Goff et Jean-Claude Schmitt, 1999, p. 655-668.

Lauwers, Michel, « Usages de la Bible et institution du sens dans l’Occident médiéval », Médiévales, vol. 55, 2008, p. 5-18.

Léglu, Catherine, Samson and Delilah in Medieval insular French: translation and adaptation, Cham, Switzerland, Palgrave Pivot, 2018

Lett, Didier (éd.), Être père à la fin du Moyen Âge, Cahiers de Recherches Médiévales (XIIIe-XVe siècles), vol.  4, 1997.

Lett, Didier, Ernot, Isabelle et Rogers, Rebecca (dir.), Les médiévistes et l’histoire du genre en Europe, Genre & histoire3, automne 2008 : https://journals.openedition.org/genrehistoire/340

Lett, Didier, « Les régimes de genre dans les sociétés occidentales de l’Antiquité au XVIIe siècle », Annales HSS, vol. 67, n° 3, 2012.

Lett, Didier, « Pour une histoire du genre et des différences sociales au Moyen Âge », Circé, 2013.

Lett, Didier, « Le “vice sodomite” au Moyen Âge. Contribution à une histoire des homosexuels », Homosexualité et traditions monothéistes : vers la fin d’un antagonisme ?, éd. Rémy Bethmont et Martine Gross, Genève, Labor et Fides, 2017, p. 247262

Lett, Didier et Noûs, Camille, « Les médiévistes et l’histoire des femmes et du genre : douze ans de recherche », Genre et Histoire. La revue de l’association Mnémosyne, vol. 26, 2020.

Lobrichon, Guy, « Chap. II. Usages de la Bible », dans Id., La Bible au Moyen Âge, Paris, Picard, 2003.

Payan, Paul, Joseph : une image de la paternité dans l’Occident médiéval, Paris, Aubier, 2006.

Perol, Céline, Le Choix de Marthe : Femme et sacré au Moyen Âge, Paris, Éditions du Cerf, 2021.

Ringrose, Kathryn M. « Reconfiguring the Prophet Daniel: Gender, Sanctity, and Castration in Byzantium », Gender and Difference in the Middle Ages, éd. Sharon Ann Farmer et Carol Braun Pasternack, Minneapolis, 2003, p. 73106.

Schroeder, Joy A., Deborah’s Daughters: Gender Politics and Biblical Interpretation, Oxford, Oxford University Press, 2014.

Schroeder, Joy A. et Taylor, Marion Ann, Voices Long Silenced: Women Biblical Interpreters through the Centuries, Louisville, Ky., Westminster John Knox Press, 2022.

Scott, Joan, « Gender : A Useful Category of Historical Analysis », American Historical Review, vol. 91/5, 1986, p. 1053-1075. Traduit en français : « Genre, une catégorie utile d’analyse historique », trad. E. Varikas, dans Le genre de l’histoire, Les Cahiers du GRIF, vol. 37-38, 1988, p. 125-153.

Smit, Peter-Ben et van Klinken, Adriaan (éd.), Jesus Traditions in the Construction of Masculinities in World Christianities, Exchange, vol. 42/1, 2013.

Vecchio, Silvana, « La bonne épouse », Histoire des femmes en Occident, t. II : Le Moyen Âge, éd. Klapisch-Zuber, Christiane, Paris, Plon, 1990, p. 117-145. 

Ventura, Iolanda, « Mulierem fortem quis inveniet : la mulier fortis e la figura dell'imperatrice. Riflessioni su un topos altomedievale », Schola Salernitana, vol. 3-4, 1997-1998, p. 125-174.

Verheyden, Joseph (éd.), The figure of Solomon in Jewish, Christian an Islamic tradition : king, sage, and architect, Leyden/Boston, Brill, 2013.

Linkinen, Tom, Same-Sex Sexuality in Later Medieval English Culture, Amsterdam, Amsterdam University Press, 2015.

Mills, Robert, Seeing Sodomy in the Middles Ages. Chicago, London, The University of Chicago Press, 2015

McGuire, Brian Patrick, Friendship and Community : the Monastic Experience, 350-1250, Kalamazoo, Cistercian Publications, 1988.

Ruggiero, Guido, The Boundaries of Eros: Sex Crime and Sexuality in Renaissance Venice, New York, Oxford, Oxford University Press, 1985.

Thibodeaux, Jennifer D., et Werner, Janelle (éd.), Negotiating Clerical Identities: Priests, Monks and Masculinity in the Middle Ages, Basingstoke,New York, Palgrave MacMillan, 2010.

Thibodeaux, Jennifer D., The Manly Priest: Clerical Celibacy, Masculinity, and Reform in England and Normandy, 1066-1300, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2015.


 
[i]Bain 2007.
[ii]Si la notion de genre est désormais bien implantée en France en 2024, elle reste une notion polysémique et controversée. Issu de la psychiatrie et de la psychanalyse états-uniennes des années 1960, le terme gender est ensuite utilisé par la sociologie et arrive en France en 1988 via la traduction de l’article de l’historienne Joan W. Scott, « Gender: A Useful Category of Historical Analysis » (1986). En français, influencés par le modèle marxiste et le féminisme matérialiste, les chercheurs en sciences humaines utilisaient alors plutôt les expressions « différence sociale des sexe » ou « rapports sociaux de sexe ». Pour une synthèse historiographique sur la notion et son application à la période médiévale voir les travaux signés ou co-signés par Didier Lett, et notamment Lett 2020. Notons également que, dans les études suisses, c’est la dénomination agrammaticale études genre qui est préférée ; Y. Foehr-Janssens note qu’elle a l’avantage de renvoyer comme un tout au champ de recherche trandisciplinaire « qui implique tant les études sur le genre comme fait social que celles qui ont recours au concept de genre comme outil d’analyse ». Voir Foehr-Janssens 2018, 21.
[iii]Perol 2021.
[iv]Baumgarten 2022 ; Cersovsky 2020 ; Schroeder 2014 ; Vecchio 1990.
[v]Ventura 2000 ; De Jong 2001…
[vi]Schroeder et Taylor 2022 ; Ardissino 2020 ; Boillet et Ricci 2017.
[vii]Klapisch-Zuber 1999 ; Gauvard 1991.
[viii]Alors que l’anglais possède les termes manhood, manliness et masculinity, la critique francophone oscille entre virilité et masculinité(s). Le premier, ainsi que le note A.-L. Dubois, « entretient certes des rapports étroits avec celle de masculinité, mais désigne cependant une partie restreinte de cette dernière » (Dubois 2022, 37) ; elle est, selon A. Corbin, J.-J. Courtine et G. Vigarello, la « part la plus “noble”, sinon la plus achevée » du masculin (Corbin et al. 2011, « Préface », p. 7.). Comme A.-L. Dubois et d’autres, nous lui préférons donc le terme masculinités au pluriel, qui permet d’envisager une palette large de pratiques masculines.
[ix]Bynum 1982. Plus récemment, voir Smit et van Klinken 2013.
[x]Dubois 2019 et 2022.
[xi]Lett 1997 ; Baschet 2000 ; Payan 2006 ; Certin 2016.
[xii]Ringrose 2003 ; Karras 2021.
[xiii]La bibliographie est abondante depuis Boswell 1985. Voir du point de vue des savoirs (théologiques et scientifiques) Jordan 1997, Cadden 2013, Linkinen 2015 ou le récent Cottier et Giraud, 2023 ; et du point de vue de l’histoire des homosexualités Halperin 2002 et Lett 2017.
[xiv]Gaunt 1985 ; Jaeger 1999.
[xv]Cullum, 2013 ; Cullum et Lewis, 2013.
[xvi]C’est ce que montrent tous les articles du volume Thibodeaux et Werner, 2010. On peut y ajouter deux autres ouvrages montrant que la sexualité des clercs est sévèrement punie dans le cadre de relations homosexuelles, mais a pu être tolérée dans le cadre de relations hétérosexuelles (Thibodeaux, 2015 ; Zieman, 2019).
[xvii]Voir Bori 1991.
[xviii]Comme J. Scott dans l’article déjà cité de 1986 et D. Lett plus récemment, nous considérons en effet le genre comme un « outil heuristique » qui permet d’observer différents « régimes de genre », lesquels sont définis comme « un agencement particulier et unique des rapports de sexe dans un contexte historique documentaire et relationnel spécifique. Plusieurs régimes peuvent coexister dans une même période historique. Dépendant d’une série d’opérations de contextualisation, ils sont instables, sujets à variation lorsque l’historien change de documentation, déplace son regard vers d’autres acteurs ou dès que les relations entre les acteurs observés se modifient » (Lett 2012, 565-566).
[xix]Arnold et Brady 2001, 5.
[xx]Dubois 2022, 31.