Les enjeux de la crise écologique : approches esthétiques des questionsd'environnement, de crise climatique et de durabilité (revue El-Tawassol)
Ces dernières décennies ont été marquées par des phénomènes environnementaux
de grande envergure liés aux catastrophes écologiques et à la dégradation de
l’environnement comme le dérèglement climatique, le réchauffement de la planète, la
surexploitation des ressources naturelles, l’effondrement des écosystèmes, la pollution
croissante, la déforestation, la désertification, etc. Ces manifestations spectaculaires et
inquiétantes de la crise écologique actuelle – et les mutations environnementales qui les
accompagnent – occupent une place importante dans les fictions contemporaines, à l’image
de la littérature et du cinéma. En effet, les thèmes écologiques ne sont plus relégués au
second plan, où ils servaient seulement de décor aux trames narratives. Mais, ils deviennent
des moteurs narratifs, voire des personnages à part entière, fonctionnant comme des
leitmotivs et des mythes vivants au sein des intrigues.
Bien que les effets de la crise climatique soient de plus en plus évidents à l'échelle
mondiale et que les menaces qui en résultent pour l'humanité augmentent rapidement, la
conscience écologique varie considérablement d'une partie du monde à l'autre. Aux États-
Unis, mais aussi en Europe du Nord, on réfléchit depuis les années 1980 au moins aux
modifications à long terme et irréversibles du climat provoquées par l'activité humaine sur
l'environnement.
Les médias (sociaux), en particulier, ont une influence sans précédent sur la
formation de l'opinion de larges pans de la population. Ainsi, l’univers des médias sociaux
suscite des interrogations et impose de réfléchir en profondeur sur la crise écologique à
travers, par exemple, le développement rapide et viral du Trashtag Challenge, lancé en 2015
par Younes, un activiste algérien. En l’occurrence, ce type de défi écologiste consiste à
s’engager à nettoyer un endroit rempli d’ordures et de poster les deux photographies
d’avant et d’après l’opération sur les réseaux sociaux. De son côté, la jeune militante Greta
Thunberg – nominée au Prix Nobel de la Paix –, manifeste seule, en 2018, devant le
parlement suédois contre le réchauffement climatique et devient le leader d’un mouvement
mondial appelé « Fridays For Future ».
Cette conscience écologique aiguisée se reflète également, au plus tard depuis le
début du millénaire, dans le discours des études littéraires et cultures, dans des approches
telles que l'écocriticisme, la géocritique et l'écopoésie (cf. p.ex. Blanc/Chartier/Pughe 2008 ;
Buekens 2019 ; Chelebourg 2012 et 2019 ; Dwyer 2010 ; Garrard 2012 ; Schoentjes 2015 ;
Westphal 2007). Ces concepts traitent d'une manière ou d'une autre de l'inscription de
l'éthique dans l'esthétique. L'objet des approches appartenant à l'écocriticisme au sens large
n'est pas seulement la confrontation esthétique avec la nature, l'environnement et les
catastrophes climatiques contemporaines, mais aussi celles des siècles passés. Très souvent,
les approches écocritiques sont comparatistes et s'intéressent aux productions tant
littéraires que cinématographiques. De cette manière, des textes plus anciens comme La
Terre (1887) d’Émile Zola, L'Homme qui plantait des arbres (1953) de Jean Giono ou
L’Inconnu sur la Terre (1978) de J.M.G. Le Clézio sont mis en lumière, tout comme y La
Supplication (1997) de Svetlana Alexievitch, La Route (2006) de Cormac McCarthy, Crue
(2016) de Philippe Forest ou Le grand vertige (2021) de Pierre Ducrozet, pour ne citer que
quelques exemples. Dans le domaine du long métrage, on peut penser à La dernière chasse
(1956) de Richard Brooks, Soleil Vert (1973) de Richard Fleischer, The Day After Tomorrow
(2004) de Roland Emmerich, Avatar (2009) de James Cameron, Promised Land (2013) de Gus
Van Sant, Don’t look up : déni cosmique (2021) d’Adam McKay ou bien Avatar 2 : la voie de
l’eau (2022) de James Cameron, par exemple.
Face à la menace croissante que fait peser sur l'humanité la crise climatique dont elle
est responsable, il est plus important que jamais de sensibiliser les jeunes générations à
l'environnement et au développement durable. En particulier dans les régions du monde où
la conscience politique et publique des thèmes écologiques et des pratiques d'action est
encore faible ou inexistante, l'objectif prioritaire est de développer une conscience de
l'environnement afin d'éduquer les jeunes à devenir des personnes responsables et
conscientes de la durabilité. Outre les infographies, les oeuvres littéraires et
cinématographiques peuvent être particulièrement efficaces à cet égard, car elles affectent
beaucoup plus les jeunes récepteurs sur le plan émotionnel et affectif.
Ainsi, afin de mieux cerner le thème des différents pôles de la crise écologique, le but
de ce numéro interdisciplinaire et comparatiste est de mobiliser les chercheur.e.s de
différents domaines – littéraire, linguistique, didactique, scientifique, etc. – et de les
sensibiliser à la crise écologique, en les invitant à une prise de conscience collective et à de
nouveaux regards critiques. Les oeuvres esthétiques au sens large (textes littéraires,
hyperfiction, films de fiction, documentaires, vidéoclips) sont au centre de l'intérêt.
Axes (non exhaustifs) :
• Les enjeux des représentations littéraires et cinématographiques de la crise écologique
• Quels sont les procédés esthétiques et narratifs qui évoquent l'implication
émotionnelle et affective ?
• Certains genres s'occupent-ils surtout de questions écologiques ? Y a-t-il des genres
préférés ?
• Quel est le rôle des dystopies ?
• Les récits qui traitent de questions écologiques sont-ils en soi de la littérature/cinéma
engagé ?
• Quel est le rapport entre la fiction et la réalité ?
• Quelle est l'interaction entre les médias et les oeuvres esthétiques par rapport à
l'environnement ?
• Dans quelle mesure le militantisme écologique face à la mondialisation est-il
thématisé ?
• Quel est le rapport entre la crise écologique et le rapport entre l'humain et le nonhumain
?
• Dans quelle mesure la crise écologique face aux (é)p(an)idémies fait-elle l'objet d'un
traitement esthétique ?
• Le thème de l'environnement est-il toujours présenté comme un narratif de crise ?
• Quel est le rapport entre la crise climatique et la durabilité ?
• Quel est le potentiel particulier des oeuvres littéraires et cinématographiques dans
l'éducation à l'écologie ?
• Quelles sont les méthodes didactiques qui se prêtent particulièrement bien à
l'enseignement de questions écologiques sur la base de l'esthétique ?
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Bibliographie sélective :
Bertrand, Westphal (2007) : La géocritique : réel, fiction, espace. Paris : Minuit.
Blanc, Nathalie, Denis Chartier, et Thomas Pughe (2008) : « Littérature & écologie : vers une
écopoétique », Écologie & politique, vol. 36, no. 2, pp. 15-28.
Buekens, Sara (2019) : « L’écopoétique : une nouvelle approche de la littérature française »,
Elfe XX-XXI [En ligne], URL : http://journals.openedition.org/elfe/1299 ; DOI :
10.4000/elfe.1299.
Chelebourg, Christian (2012) : Les écofictions : mythologies de la fin du monde. Bruxellles :
Les Impressions Nouvelles.
Chelebourg, Christian (dir., 2019) : Écofictions & Cli-Fi : l'environnement dans les fictions de
l'imaginaire. Nancy : Presses universitaires de Nancy.
Dwyer, Jim (2010) : Where the Wild Books are. A Field Guide to Ecofiction. Reno / Las Vegas:
University of Nevada Press.
Garrard, Greg (2012): Ecocriticism. London / New York : Routledge.
Schoentjes, Pierre (2015) : Ce qui a lieu. Essai d’écopoétique. Marseille : Wildproject.
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Site de la revue : https://www.asjp.cerist.dz/en/PresentationRevue/27
Modalités de participation :
Les articles sont à envoyer, avant le 30 septembre 2024, à l’adresse suivante :
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Stylesheet :
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Responsables :
Dr. Lamia Mecheri (Université d’Annaba, Algérie) et Prof. Dr. Marina Ortrud Hertrampf
(Université de Passau, Allemagne)