Réédition du premier livre de Charles Pennequin, un long texte-fleuve dans lequel l'écriture de l'auteur se caractérise par des répétitions obsédantes, un rythme haletant, une alliance de mouvement introspectif et d'éléments prosaïques, une mise en scène de la profération.
Si Charles Pennequin est présent sur la scène poétique dès le début des années 1990 (par de multiples interventions en revue, par des lectures, des initiatives diverses avec d'autres ami.e.s poète.sse.s ou artistes (dont Christian Prigent, Tarkos, Pascal Doury et tou.te.s cell.eux qui nourriront l'aventure de l'Armée noire), il faudra attendre 1999 pour qu'enfin il publie son premier livre, où s'agence, en un long texte-fleuve, la plupart de ce qui existait déjà, ailleurs, en fragments, écrits ou oraux.
« Dedans était une forme de suicide, symbolique bien sûr : je ne voulais pas passer pour un poète ; je ne voulais pas qu'on puisse trouver quelques phrases jolies dans ce texte, qu'on puisse réserver tel moment et le glorifier, lui trouver une beauté poétique ; je voulais qu'on sente surtout l'effet bulldozer sur les poèmes. Tous mes poèmes étaient rangés ici, ou plutôt passés à la déchiqueteuse, un par un, écrasés par le rouleau compresseur du texte. Dedans c'est aussi une manière de fonctionner par rapport à l'écriture d'un livre que j'ai retrouvé ensuite lors des commencements des livres suivants […]. La difficulté a été de relire le texte en essayant de ne pas refaire chacune des pages. Ce que je n'ai pas fait, bien sûr, mais, comme à l'époque, j'ai été pris dans le tournis du texte et me suis mis à écrire dans ses marges. J'ai donc écrit deux ou trois pages supplémentaires ici et là et corrigé quelques mots, effacé un peu de phrases qui ne me convenaient plus. Je l'ai mis à jour, pour 2024, tout en laissant certains passages que je ne pourrai plus écrire, parce que j'écrirais peut-être autrement, avec plus de distance encore, parce que je pense autrement et que les autres livres m'ont permis de creuser autrement l'écriture. Dedans a certains défauts, peut-être, mais son obstination n'en fait pas partie. Il n'a pas peur d'aller droit dans le mur, celui de la fiction et de cette poésie bien dite et bien convenue qui nous revient de partout aujourd'hui. » (extrait de la Postface de l'auteur)
Nouvelle édition de l'ouvrage publié en 1999 par Al Dante.
Lire un extrait de l'ouvrage sur le site de l'éditeur…
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Charles Pennequin (né en 1965 à Cambrai, vit et travaille à Lille), artiste et poète, l'un des plus grands représentants de la poésie-performance en France, remarquable lecteur de ses textes à l'occasion de nombreuses interventions performatives, explore avec son travail protéiforme les voies de la création moderne. Texte remarquable, par son rythme, sa rapidité, sa ponctuation agile et le travail de langue, qui en apnée, hypnotique, va s'imposer auprès de nombreux auditeurs lors de ses lectures. C'est avec pléthore de mots, pléthore de phrases, pléthore de sens, que l'ancien gendarme autodidacte capte l'attention avec sa poésie cadancée. Charles Pennequin a commencé à écrire et publier dans le milieu des années 1990. En 1999, il publie Dedans, chez Al Dante, premier livre important. Puis en 2002, Bibi, suivi de Gabineau-les-bobines et Père Ancien, chez P.O.L. Il pratique la performance et fait de nombreuses vidéos. Il a depuis publié beaucoup de livres, de disques, de DVD. Il travaille avec de nombreux musiciens, des performers, des danseurs, des poètes, des architectes, des magiciens, des chanteurs, des plaisantins, des peintres, des dessinateurs, des clowns et des photographes.