Née à Buenos Aires de mère uruguayenne d'ascendance espagnole, disparue alors qu'elle avait deux ans, et de père argentin d'origine béarnaise, Silvia Baron Supervielle a été élevée par sa grand-mère paternelle, qui privilégiait la langue française. En Argentine, elle avait publié des nouvelles et des poèmes en espagnol. Depuis 1961, elle vit et travaille à Paris. Pour l'étrangère des deux rives, l'exilée en quête d'une "écriture absolue", la passagère "du vide et du vent", écrire, c'est traduire. Auteure à ce jour d'une trentaine d'ouvrages personnels en français (poèmes, romans, récits, essais) et d'autant de traductions (vers le français, notamment Luis Borges et Julio Cortázar, et vers l'espagnol, Marguerite Yourcenar), elle a aussi autotraduit ses poèmes.
Ces expériences multiples du traduire, qui incluent les lectures de textes et de toiles, non comme entreprise d'élucidation, mais comme aventure du dire, donc du sujet, la conduisent à interroger la langue, mot énigmatique qui définit aussi bien l'univers spécifique de l'auteure, émanant "de son regard, de sa manière, de son pas", que le secret qu'il abrite.
Ce colloque invite à découvrir un "pays de l'écriture", aux composantes "rioplatenses" et à l'envergure universelle, à explorer une oeuvre transnationale, transgénérique et transindividuelle, une oeuvre poétique aux "attaches flottantes", une oeuvre reconnaissable à ses accords essentiels, ses résonances intérieures, ses harmoniques, une oeuvre qui, de manière unique, sait "écarter, rompre, déraciner les habitudes", questionner les évidences, une oeuvre authentique, dont la générosité et la liberté font écho en nous.