"Carcéralement parlant. La justice en matière de traduction et la politique des non-libertés d’expression", conf. E. Apter (Séminaire "L'écriture de la pensée", B. Clément & F. Noudelmann, Sorbonne & en ligne)
La séance de notre séminaire qui se tiendra le vendredi 21 juin à 15h sera la dernière de cette année universitaire.
Nous aurons le plaisir de recevoir et d'entendre notre collègue
la Professeure Emily APTER de New York University
pour une intervention qu'elle situe à la frontière des champs de la justice, de la traduction, de la politique et de la linguistique (voir plus bas la présentation qu'elle fait de son propos)?
Cette séance se déroulera à la fois
- en visio conférence par Zoom (activer le lien https://nyu.zoom.us/j/92226246760 pour nous rejoindre)
- et en Sorbonne (entrée 17 rue de la Sorbonne, ou 54 rue Saint-Jacques) dans la bibliothèque du CELLF (escalier I - i majuscule - 2e étage). Pour y accéder vous devrez présenter à l'entrée l'invitation à retirer auprès de bpe.clement@gmail.com .
C'est François Noudelmann qui animera cette dernière séance de l'année
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Carcéralement parlant.
la justice en matière de traduction et la politique des non-libertés d’expression
par Emily Apter
Dans les conditions politiques actuelles où nous nous retrouvons (flambée de racisme mondial, l’anti-immigration), ceux parmi nous qui travaillent dans le domaine de la théorie de la traduction se voient contraints d'entrer dans la mêlée d'un champ vaguement défini comme celui de la « justice linguistique mondiale ». Il s'agit d'un domaine axé sur l'étude de la violence structurelle dans la grammaire et sur la traduction du racisme linguistique au sein des langues et entre les langues. Il couvre les politiques linguistiques de l'injustice linguistique dans le sillage de la Déclaration universelle des droits linguistiques (1996), la notion de "parité d'estime" entre les langues du monde, la place de la diversité linguistique dans les mouvements de justice écopolitique et les efforts déployés par des activistes tels que Ross Perlin et Daniel Kaufman (codirecteurs de l'Endangered Language Alliance) pour lutter contre l'extinction des langues indigènes. Ces initiatives théoriques contribuent, avec d'autres semblables, à la théorisation de ce que j'appellerai la "justice en matière de traduction" en tant que pratique décoloniale et réparatrice.
Dans cette conférence, je me concentrerai sur quelques-unes des manières dont le langage
et le droit s'entrecroisent, en mettant l'accent sur la façon dont certains concepts juridiques, même dans leurs lacunes, peuvent fournir des cadres réparateurs pour analyser la non-liberté discursive, qui se recoupent avec des formes de censure et de répression linguistique sans s'y limiter.
Emily Apter is Julius Silver Professor of French and Comparative Literature at New York University and Chair of the Department of French Literature, Thought and Culture. Her books include: Unexceptional Politics: On Obstruction, Impasse and the Impolitic (Verso, 2018); Against World Literature: On the Politics of Untranslatability (2013); Dictionary of Untranslatables: A Philosophical Lexicon (co-edited with Barbara Cassin, Jacques Lezra and Michael Wood) (2014); and The Translation Zone: A New Comparative Literature (2006). She edits the book series Translation/Transnation with Princeton University Press and has published in October, Public Culture, Diacritics, PMLA, Comparative Literature, Art Journal, Third Text, Paragraph, boundary 2, Artforum and Critical Inquiry. In 2022 she co-edited and introduced Gayatri Chakravorty Spivak’s Living Translation, a collection of Spivak’s contributions to translation theory. A book nearing completion, What is Just Translation?, takes up questions of translation and justice across media.