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Confluences des inégalités sociales dans les médias et littératures de l’aire francophone et du monde : l'intersectionnalité du point de vue des études littéraires (revue Interférences litteraires/literaire interferenties)

Confluences des inégalités sociales dans les médias et littératures de l’aire francophone et du monde : l'intersectionnalité du point de vue des études littéraires (revue Interférences litteraires/literaire interferenties)

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne (Source : Sara Izzo )

Confluences des inégalités sociales dans les médias et littératures de l’aire francophone et du monde :

l'intersectionnalité du point de vue des études littéraires

Le concept d'intersectionnalité est particulièrement propice à une réévaluation de l'imbrication des rapports de pouvoir entre le passé et le présent. Né à partir du constat de l'existence de discriminations multiples dans la société, ses origines remontent au Black Feminism des années 1970 qui prend en compte les interdépendances entre racisme et sexisme dans la société. Ce terme, qui a été forgé par Kimberlé Crenshaw (1989), s'inspire de la métaphore visuelle du croisement des rues. Depuis lors, la notion d'intersectionnalité décrit différentes formes de discrimination multiple dans la société. Outre les catégories de race, de classe et de genre, d'autres critères de différence et de diversité sociales, comme la religion ou le handicap, sont venus s'y ajouter. Comme le soulignent Winker/Degele en 2009, l'intersectionnalité est une 'approche théorique élaborée de manière plutôt rudimentaire' (11), qui n'a en outre été prise en compte que récemment dans les études littéraires (cf. Krass 2014 : 17 ; cf. Klein/Schnicke 2014). Alors que les études féministes, les études de genre ou les études postcoloniales, considérées séparément, se sont désormais imposées comme approches théoriques de référence dans les études littéraires, on les trouve plus rarement appliquées dans leur imbrication intersectionnel. 

L'objectif de ce numéro spécial de la revue Interférences littéraires/Literaire interferenties est de combler cette lacune dans la recherche et d'examiner les confluences et les interactions des inégalités sociales dans les médias et les littératures de l’espace francophone et du monde à la fois d'un point de vue théorique et analytique. Comme Räthzel l'a constaté pour la perspective de recherche intersectionnelle en général, il s'agit d'étudier 'les intersections et les interactions entre les différentes structures et pratiques de domination sociale' (2004 : 253) dans des contextes historiques spécifiques. Dans une perspective diachronique, nous encourageons donc des études de cas individuelles et comparatives qui s'intéressent à la construction littéraire d'identités marginalisées d'une manière multidirectionnelle tout en prenant en considération les effets de pouvoir et de domination dans la société. Il s'agira donc de mettre en lumière la représentation littéraire des discriminations multiples dans le contexte des formes de violence raciste et sexualisée ainsi que d'autres mécanismes de dévalorisation motivés par les idéologies en place. D'un point de vue biopolitique, le corps joue certainement un rôle décisif en tant que terrain de jeu des pratiques de pouvoir, comme on peut le constater notamment dans les récits postcoloniaux. Mais il s'agira également de soulever les questions relatives aux fonctions de l'auteur à la fois dans leur concrétisation narratologique et en rapport du contexte sociologique de l'édition et des lois du marché.

Au-delà de la production littéraire de l’espace francophone, nous aimerions explicitement élargir le champ d’études aux littératures des différentes aires langagières et culturelles du monde (germano-, anglo-, hispano-, italophone et autres) et invitons également à l’adoption des perspectives comparatives.  

Nous proposons plusieurs axes (non exhaustifs) de réflexion :

-- Quels modèles d'analyse théoriques de l'intersectionnalité peuvent être développés dans les études littéraires et comment peuvent-ils être appliqués en pratique ?

-- Quel rôle joue le concept de l’intersectionnalité dans les différentes littératures ? Quel rôle peut être attribué au concept de l’intersectionnalité à l’intérieur du débat théorique des littératures comparées (théories de la littérature-monde, de la world literature, de la Weltliteratur, théories transnationales et transculturelles) ? 

-- Quelles sont les représentations thématiques, visuelles et narratologiques de la discrimination multiple dans la littérature et les médias ?

-- Quelles constructions littéraires et visuelles d'identités marginalisées peuvent être identifiées dans la littérature et les médias et comment interagissent-elles avec les structures sociales de pouvoir ?

-- Comment peut-on conceptualiser l'intersectionnalité dans le contexte de l'édition et des lois du marché ?

Nous demandons des propositions de contribution en français, en allemand, en anglais, les résumés n’excédant pas 500 mots (bibliographie exclue). Veuillez envoyer votre proposition jusqu’au 15 septembre 2024 (date limite) aux adresses suivantes : sizzo@uni-bonn.de, s5kkroth@uni-bonn.de.

Les notifications d’acceptation seront envoyées avant le 15 octobre 2024. En cas d’acceptation, les articles seront attendus pour le 30 janvier 2025 (10,000 mots, références et bibliographies inclues) au plus tard. 

Confluences of social inequalities in the media and literatures from the francophone area and the world : 

literary perspectives on intersectionality

The concept of intersectionality lends itself particularly well to understanding past and present power relations in their interconnectedness. It developed from the observation of the existence of multiple forms of discrimination in society. Its origins can be found in the development of Black Feminism since the 1970s, which focuses on the intersectional interaction of racism and sexism in society. The word was coined by Kimberlé Crenshaw (1989), who borrowed it from the visual metaphor of intersecting crossroads. Ever since, the term ‘intersectionality’ has been used to describe various forms of multiple discrimination in society, with other criteria of social difference and diversity having been added in recent years to the initially proposed categories of race, class and gender, such as religion or disability. As Winker/Degele (2009) point out, intersectionality is a rather “rudimentary theoretical approach” (11), which has only recently gained attention in literary studies (cf. Krass 2014: 17; cf. Klein/Schnicke 2014). While gender, queer and postcolonial studies are established theoretical fields of literary studies, they have rarely been applied in literary analyses in their intersectional combination as they are often solely considered separately. 

The aim of this special issue of the journal Interférences littéraires/Literaire interferenties is to address this research gap and to examine the confluences and interactions of social inequalities in the media and literatures from the francophone space and the world from both theoretical and analytical perspectives. As Räthzel has defined this for the intersectional research perspective in general, the focus is on "context-specific studies of the overlaps and interactions between different social structures and practices of domination" (2004: 253). Thus, from a diachronic perspective, both individual and comparative studies which deal with the effects of power and domination on literary constructions and the treatment of multidirectionally marginalized identities are welcome. The fundamental thematic representation of multiple discriminations in the context of racist and sexualized forms of violence as well as other ideologically motivated mechanisms of devaluation will therefore be examined. From a biopolitical perspective, the human body certainly plays a decisive role as a playing field of power practices, as is particularly evident in postcolonial narratives. However, questions of authorship will also be considered, which can be viewed in their narratological concretization on the one hand and contextualized in the sociological framework of publishing and market laws on the other.

Beyond francophone literary production, the field of research is explicitly meant to be extended to German-, English-, Spanish- and Italian-speaking cultural areas, but other languages and cultural areas may also be considered. The adoption of comparative perspectives is also highly encouraged.   

The following questions may provide researchers with possible topics and foci to explore:    

-- What theoretical models of analysis of intersectionality can be developed from literary studies and how can these be applied in practice?

-- What role does the concept of intersectionality play within different literatures? What role can be assigned to the concept of intersectionality within the theoretical debate in comparative literature (theories of littérature-monde, world literature, transnational and transcultural literary theories)? 

-- What thematic, visual and narratological representations of multiple discrimination can be found in literature and the media?

-- Which literary and visual constructions of identities in interaction with social power structures can be filtered out in literature and media? 

-- How can intersectionality be conceptualized in the context of publishing and market laws?

We invite proposals for contributions in French, German and English with a maximum length of 500 words (plus bibliography) by September 15, 2024 to the following addresses: sizzo@uni-bonn.de, s5kkroth@uni-bonn.de

Information on the acceptance of contributions will be provided by October 15, 2024. If accepted, the articles (maximum 10,000 words plus bibliography and footnotes) are expected by January 31, 2025 at the latest.