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Imaginaires de la Richesse : pensée économique et littérature (Panthéon Sorbonne)

Imaginaires de la Richesse : pensée économique et littérature (Panthéon Sorbonne)

Publié le par Marc Escola (Source : Prof. Dr. Agnieszka Komorowska)

Imaginaires de la Richesse : pensée économique et littérature

7-8 juin 2024, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Centre Panthéon, salle 6

Journée d’études organisée par Claire Pignol (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, PHARE) et Agnieszka Komorowska (Université de Kassel, Institut für Romanistik)

Dans une société que la crise climatique et écologique contraint à sortir d’une aspiration infinie à la croissance, l’histoire de la pensée économique et la littérature offrent une compréhension de notre rapport à la richesse en explorant les imaginaires du désir de richesse. Les théoriciens de l’économie comme les personnages, narrateurs ou auteurs d’œuvres littéraires, expriment les rapports ambivalents que nous entretenons avec la richesse sous ses formes diverses : monnaie, biens de consommation, capitaux, services fournis par le travail d’autrui, biens collectifs.

Les motivations du désir de richesse s’inscrivent dans des logiques multiples, parfois contradictoires. La logique d’accumulation qui vise l’accroissement indéfini de la valeur, est étudiée par Smith et Marx, et s’incarne dans de nombreux personnages de Balzac. La logique utilitaire, dans laquelle les agents désirent la richesse pour fuir la pauvreté ou obtenir la satisfaction de désirs de confort, parcourt la pensée économique de Malthus à Deaton et trouve un écho dans les romans des XXe et XXIe siècles. La logique statutaire, où la richesse vise à susciter l’approbation voire parfois l’envie d’autrui, est énoncée, parfois dénoncée, dès le XVIIIe siècle, par Mandeville, Smith, Rousseau, et s’exprime dans les romans de Stendhal ou d’Edith Wharton ; la logique esthétique, selon laquelle la richesse permet de s’entourer d’objets qui donnent accès à la beauté, s’insère dans l’analyse économique de Robbins, et s’énonce dans le roman aussi bien que dans la poésie du XIXe siècle avec Baudelaire.

La diversité des motivations qui traversent les agents économiques produisent des contradictions. La pensée économique comme les romans disent les oscillations et les doutes qui accompagnent les arbitrages et les choix entre des possibilités qui peuvent s’exclure mutuellement : entre le désir du pouvoir singulier que confère l’argent dont l’usage est indéfiniment reporté, et le désir de jouissance immédiate ; entre le désir de biens matériels et le goût du loisir improductif ; entre la jouissance présente et les possibilités futures.

Les choix individuels sont façonnés par des imaginaires de la richesse qui s’élaborent à travers des préférences collectives historiquement construites. Depuis l’économie naissante des XVIIe et XVIIIe siècle jusqu’aux débats contemporains, persistent des interrogations relatives aux effets de l’enrichissement monétaire sur le bonheur, aux relations entre croissance et inégalités, à la menace politique et économique que constitue la corruption. Plus récemment, l’utopie d’un enrichissement collectif se trouve questionnée par la crise écologique et la menace sur les biens communs.

Ces journées visent à recenser les imaginaires de la richesse portés par les pensées économiques et véhiculés dans la littérature, pour faire apparaître, au-delà de l’évidence du désir de richesse comme moteur de l’activité économique, les ambivalences d’un tel désir, et les déceptions et inquiétudes qu’il accompagne voire produit.

Cette manifestation s’inscrit dans l’axe « Economie, littérature, fictions » de PHARE. Elle s’appuie sur les relations établies, d’une part au sein de l’université Paris 1 entre économistes, philosophes et anglicistes, d’autre part avec des spécialistes allemands des littératures romanes, avec qui ont été co-organisés des colloques (Mannheim 2017, Paris 2022) et workshops (Paris et Berlin 2018). Ces manifestations ont donné lieu à diverses publications sous forme d’articles ou de numéros de revues académiques (Cahiers d’économie politique, 2023).

Ces journées s’inscrivent également dans le projet “Origines et limites de la richesse” initié par Goulven Rubin et porté par l’axe « Croissance, développement et crises » de PHARE.

Les journées feront intervenir doctorants et enseignants-chercheurs confirmés. Elles pourront accueillir dans le public des étudiants de master en économie, philosophie et lettres des deux universités co-organisatrices.

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Programme

Vendredi, 07.06.2024

9h30-10h : Café d’accueil

10.00-10.30 : Introduction (Claire Pignol et Agnieszka Komorowska)

10.30- 12.30 : Richesse et désir d’argent 

Martial Poirson : L'argent des écrivains : le désir de richesse entre déni et décri

Commentaire : Vivien Czap, Lydia Wolf

Louis Azan : Entrepreneurs et désir de richesse dans le récit balzacien 

Commentaire : Shadi Afshar, Noemi Seroc

12.30- 14.00 : Déjeuner (appartement décanal)

14.00-16.00 : Pauvreté, frugalité, travail

Claire Pignol : L’ancestrale, la millénaire obsession de la survie

 Commentaire : Sam Humburg, Estera Kukielka

Juliette Blayac : Quand l'épargne tue, Jack London et la critique du Thrift

Commentaire : Cagla Gül, Marie Jörn

16.00-16.30 : pause-café (appartement décanal)

16.30-17.30 : Économie et écologie : Propriété, Ressources, Richesse

Kirsten Behr : Autosuffisance alimentaire, autonomie économique et abondance végétale : Le jardin créole dans la littérature

Commentaire : Janina Bott, Magdalena Leibold 

17h30 : Cocktail (appartement décanal)

Samedi, 08.06.2024

9.30-11.30 : Luxe, faillite et inégalités

Laurie Bréban : La Richesse ne fait pas le bonheur : Du Paradoxe d’Easterlin à celui d’Adam Smith

Commentaire : Johanna Iske, Albana Hajdini

Jacopo Romei : Déconstruction du discours du post-crash financier dans Les Effondrés de Matthieu Larnaudie  

Commentaire : Felicitas Wischöfer, Nicolas Bestauros 

11.30-12.00 : pause-café

12.00-13.00 : Le genre de la richesse

Marie-Laure Massei-Chamayou : « Qu'avaient donc fait nos mères pour ne pouvoir nous laisser la moindre richesse ? Elles se poudraient le nez ? Se pavanaient au soleil de Monte-Carlo ? »  Virginia Woolf, A Room of One’s Own (1929)

Commentaire : Johanna Muster, Pauline von Arx

13.00 : Conclusion.