Le Nord : changements, défis, opportunités / The North: Changes, Challenges, Opportunities (Berlin)
Le Nord : changements, défis, opportunités
46ème Conférence annuelle de l’Association d’études canadiennes dans les pays germanophones (GKS)
Du 26 février au 1 mars 2025 à Berlin, Allemagne
Appel à communications
Le Nord canadien est un espace vaste et varié, un environnement créé par des éons de forces géotectoniques et assez récemment, à l'échelle géologique, par les conditions climatiques extrêmement froides. Ces facteurs ont façonné des paysages et des écosystèmes relativement peu (bio)diversifiés tout en constituant le foyer de peuples autochtones pour lesquels les régions septentrionales ne sont pas seulement un "espace", mais aussi et surtout des "lieux", c'est-à-dire des espaces chargés de significations, d'histoires et de liens spirituels.
Depuis l'époque coloniale, le regard européen moderne a interprété et représenté ce que l'on appelle aujourd'hui « le Nord » (souvent de manière fausse ou biaisée) à la fois comme un territoire stérile et « vide » (d'êtres humains) et comme un espace à explorer et à exploiter. Depuis la création de l'État moderne du Canada, les perspectives et les programmes du colonialisme de peuplement ont accentué ce regard qui domine, jusqu’à nos jours, le discours public sur le Nord canadien. Principalement axé sur la diversité des ressources naturelles, surtout minérales et d’hydrocarbures, le Nord a été configuré comme un projet de développement pour l'industrie, les entrepreneurs et les gouvernements canadiens. Les premiers débats politiques et universitaires ont souligné l'importance du Nord pour le caractère ou le sentiment d'identité nationaux canadiens. Dans le domaine artistique et culturel, les significations et les représentations du Nord constituent un sujet récurrent dans de nombreuses œuvres de tous les domaines.
Il n'est donc pas surprenant que le Nord ait également suscité à plusieurs reprises l'intérêt de chercheurs (en études canadiennes) de diverses disciplines. Depuis peu de temps, le Nord figure au centre des études canadiennes en raison du changement climatique, de la géopolitique, des théories académiques (telles que les études post-coloniales ou « more- than-human-studies ») et de la difficile relation entre les peuples autochtones et l'État canadien.
Le 46ème colloque annuel de l'Association d'études canadiennes dans les pays germanophones se concentrera sur le Nord en tant que réalité physique et humaine, mais aussi en tant que construction socioculturelle symbolique et concept de débat théorique et critique. Fidèle à une compréhension pluraliste et multidisciplinaire des études canadiennes,
la conférence abordera le Nord en tant qu'espace et lieu à une multitude d'échelles, étudiera l'interaction des systèmes naturels et humains, et explorera les représentations culturelles et littéraires, les (constructions de) significations historiques du Nord ainsi que les dynamiques et processus contemporains qui y sont liés.
Trois axes et perspectives, chacun à caractère multidisciplinaire, structureront le colloque :
(1) La nature du Nord et les interactions entre la nature et l'homme
Depuis l'époque coloniale et jusqu'à aujourd'hui, le Nord du Canada a été considéré et utilisé, voire abusé, comme une région de ressources naturelles à exploiter par et pour les sociétés et peuples extérieurs ignorant (souvent délibérément) les implications écosystémiques ainsi que l'occupation et la propriété/gérance séculaire des terres du Nord par les peuples autochtones. Désormais, le changement environnemental induit par l'homme se manifeste de la manière la plus spectaculaire par la dynamique du changement climatique. En conséquence, le Nord est confronté à un réchauffement rapide, à une diminution de la couverture glaciaire, à un dégel du pergélisol et à une modification des habitats faunistiques et floristiques. Cette situation a des conséquences dramatiques pour les communautés nordiques, confrontées à des changements profonds de leur environnement, de la faune et de la flore et des terres sur lesquelles elles vivent, tout en luttant pour leur survie culturelle et économique. Dans ce contexte, nous visons à explorer des questions telles que
- la dynamique du changement climatique et son impact sur les environnements naturels dans le Nord ;
- les conséquences des changements environnementaux pour les communautés locales, les peuples autochtones et les modes de vie traditionnels ;
- les questions de droit, de justice et de souveraineté en matière d'environnement ;
- les approches politiques visant à s'adapter au changement climatique et à établir un développement durable à long terme ;
- les politiques et les technologies relatives à la désindustrialisation, à la remise en état des terres et à l'assainissement après des pratiques d'exploitation ;
- l'histoire de l'exploitation (ressources naturelles, modernisme poussé, industrialisation, corridors d'infrastructure, expropriation, etc.) ;
- les concepts de gouvernance des environnements naturels, des paysages et des ressources ;
- le rôle des ressources énergétiques et minérales dans le développement économique, la durabilité et la configuration des discours sur le Nord ;
- le rôle du Nord dans les politiques climatiques et les engagements en matière de zéro émission nettes ;
- les récits de changement environnemental et d'adaptation humaine ;
- les perspectives littéraires et culturelles sur les interactions entre l'homme et la nature.
(2) Le regard sociopolitique sur le Nord
Les régions septentrionales du Canada ont souvent été considérées comme des zones frontalières. Qu'il s'agisse des territoires des premières colonies ou, plus tard, de l'État-nation canadien en expansion ou des provinces individuelles, la volonté politique de sécuriser et
d'inclure ces terres septentrionales dans la politique du Canada est sans doute l'un des thèmes continus de l'histoire canadienne. Dans le contexte d’une accessibilité facilitée en raison du réchauffement climatique, l'importance géopolitique et militaire du Nord s'est considérablement accrue, tandis que les initiatives de coopération circumpolaire internationale se sont précisées. En même temps, les droits à la terre et les concepts de territoire ont été remis en question en raison des systèmes de gouvernance très différents des communautés autochtones, d’un côté, et des approches coloniales, de l’autre. De nouveaux accords de cogestion ont vu le jour, qui tentent de pallier ces différences. La dévolution et l'autonomie constituent des thèmes importants lorsque l'on examine le Nord d'un point de vue sociopolitique. Cela soulève de nombreux questionnements dont
- la reconfiguration des questions de souveraineté et de sécurité nationales (par exemple, la souveraineté du Canada dans l'Arctique, la sécurisation et la sécurité énergétique et climatique) ;
- les problématiques liés aux droits autochtones, aux nations autochtones et à l'(auto- )gouvernance (par exemple, les accords de cogestion, les conseils de gestion des ressources et de la faune, les accords sur l'utilisation des terres) ;
- les systèmes (coloniaux) de gouvernance du Nord (institutions, processus, pratiques) ;
- l'histoire des relations entre le Canada et les États-Unis, compte tenu de l'importance stratégique du Nord ;
- le Nord et les politiques intra-coloniales et intra-provinciales (par exemple, au Québec ou en Ontario) ;
- le rôle de la race, de la classe et du genre dans la configuration de la politique du Nord au Canada tout au long de l'histoire ;
- la coopération et les conflits circumpolaires et transfrontaliers ;
- le Canada et la gouvernance circumpolaire.
(3) Le Nord en tant que formation discursive
Cartographié, écrit, représenté : le Nord est imaginé depuis des siècles. Il figure parmi les thèmes les plus récurrents de la production culturelle canadienne et de la politique de construction de la nation. Les géographies, les historiographies et les représentations culturelles du Nord peuvent être retracées tout au long de l'histoire du Canada. Les conceptions du Nord y sont nombreuses et variées, témoignant de multiples perspectives sur la relation entre le Nord et le reste du Canada ainsi que d’idées très diverses de ce que ou qui est "réellement" le Nord – et où il se situe exactement. Par conséquent, les cartes, les images, les histoires, les films ou les voix qui évoquent le Nord, en parlent ou bien le représentent, constituent un tissu extrêmement riche pour l'interprétation culturelle des constructions sociales et pour l'analyse des relations de pouvoir dans la (re)production et la (re)présentation culturelles. Ainsi, sont sollicitées des contributions analysant
- la production culturelle et la représentation des idées du Nord dans la littérature, les contes, la danse, le film, les arts visuels, etc.;
- l'évolution de la compréhension du Nord au cours de l'histoire du Canada ;
- les discours politiques et leur utilisation des récits et des représentations du Nord ;
- les différents points de vue sur le Nord dans les études québécoises et les études canadiennes ;
- les constructions académiques (et disciplinaires) du Nord dans les études canadiennes (en géographie, histoire, politique, études culturelles et littéraires, etc.) ;
- les voix du Nord vs. les écrits, etc. sur le Nord ;
- le racisme, le nationalisme et le sexisme dans les idéologies et les images du Nord ;
- le domicile et l’appartenance, les espaces, les lieux et leurs significations dans le Nord ;
- les épistémologies du Nord.
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Nous sollicitons des propositions de communication en français et en anglais de toutes les disciplines universitaires impliquées dans les études canadiennes, les études québécoises et les études autochtones sur l'un des thèmes et sujets susmentionnés.
Contact et soumission des résumés
Les propositions de contribution de 500 mots maximum peuvent être soumises soit en français soit en anglais et doivent souligner :
la méthodologie et les approches théoriques choisies
le contenu/ le corpus de recherche
l’axe (choisi parmi ceux mentionnés plus haut) élaboré dans la communication.
La proposition de communication doit être accompagnée de quelques brèves informations biobibliographiques (250 mots maximum). Nous encourageons des propositions en français.
Les résumés sont à soumettre à la GKS au plus tard le 15 juin 2024 : gks@kanada-studien.de
Pour la version anglaise de l'appel à contribution, veuillez consultez le site de la GKS: http://www.kanada-studien.org/