Dans les mois qui suivirent la mort de Maurice Barrès en décembre 1923, de nombreux hommages parurent dans la presse et les revues. L’auteur, pour qui furent organisées des funérailles nationales, n’eut pourtant pas l’honneur d’un numéro spécial de La Nouvelle Revue française, contrairement à Marcel Proust ou à Joseph Conrad, le premier décédé un an plus tôt et le second quelques mois plus tard. C’est que malgré l’influence exercée sur les écrivains de l’entre-deux-guerres, le "professeur d’énergie" fut, dès avant son décès, remis en cause pour son nationalisme exacerbé et pour son indéniable antisémitisme. Depuis lors, Maurice Barrès a connu une fortune paradoxale. Sans jamais bénéficier d’une institutionnalisation, de canonisation ou de réhabilitation, il n’a pas non plus été oublié : son ombre plane sur la littérature du premier XXe siècle, de sorte que son nom a traversé l’histoire littéraire. Aujourd’hui, qu’en reste-t-il ? Le centenaire de sa mort a été commémoré par plusieurs publications qui réévaluent ou envisagent sous un jour inédit l’œuvre barrésien. Faut-il ou peut-on encore lire Barrès ? Ou plutôt : comment le faire ? Au sein du sommaire de mai d'Acta fabula, le septante-sixième dossier critique de notre revue des parutions essaie de répondre à cette question.
(Illustr. : Portrait de Maurice Barrès par Jacques-Émile Blanche, vers 1890, © Bibliothèque nationale de France, Paris)