Regards comparatistes sur les imaginaires non-dominants en Afrique et dans les Amériques (Montréal)
Colloque international et interdisciplinaire
REGARDS COMPARATISTES SUR LES IMAGINAIRES NON-DOMINANTS EN AFRIQUE ET DANS LES AMÉRIQUES
21-22 Novembre 2024, UQAM – Université du Québec à Montréal, Montréal, Canada
Appel à contributions
S’il y a un consensus assez largement partagé sur les crises multiformes que traverse notre époque, on ne peut pas en dire autant des solutions pour y faire face efficacement. Ces crises pourraient être identifiées, malgré leur diversité, à celle de la relationnalité (Felwine Sarr, Habiter le monde. Essai de politique relationnelle, Montréal : Mémoire d’encrier, 2017, 43 p.), comprise comme ce rapport entre les éléments constitutifs de notre vie ; un rapport qui se définit bien au-delà de l’anthropocentrisme qui, en faisant de l’Humain le centre de tout, en a fait aussi le principal responsable des impasses climatiques et environnementaux, économiques, sociales et spirituelles dans lesquelles l’Humanité se trouve. L’Histoire du monde des derniers siècles a été marquée par un récit particulier élevé au degré d’un universalisme qui, partant de l’Europe, a durablement influencé le mode de circulation des sujets dans le monde, leurs manières de se voir, de se figurer et de se projeter dans leurs milieux et au-delà. Le diagnostic de B. De Sousa Santos (Epistemologies of the South, 2016, p. 233) à cet égard est sans équivoque: « the problems that Western modernity purported to solve (liberty, equality, fraternity) remain unsolved and cannot be resolved within the cultural and political confines of Western modernity. In other words, in the transition period in which we find ourselves, we are faced with modern problems for which we have no modern solutions. »
Partant du fait que l’imposition d’un récit unique sous la forme de la modernité occidentale n’a pas été assortie des solutions aux problèmes que celle-ci entraînerait (Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme, Paris : Présence africaine, 1955), et au regard des pressants défis locaux et globaux qui appellent à des solutions innovantes, le but du présent colloque international et transdisciplinaire est d’interroger les imaginaires et récits autres, afin d’y voir des figurations, des lectures alternatives du monde d’une part; et d’autre part, d’interroger ces imaginaires quant aux solutions qui leur sont spécifiques pour aborder les crises qui marquent notre époque. Dans le champ de la production des savoirs, les concepts, méthodes et formes canoniques qui ont façonné notre vision des œuvres d’art ou de la philosophie ainsi que notre usage du langage, ont largement été influencés par ce récit dominant, avec pour conséquence l’élimination de ce qui est différent et qui s’écarte de la “norme”. Leur remise en question, mais surtout l’interrogation d’autres imaginaires non-dominants en Afrique et dans les Amériques en particulier, permettra de repenser notre manière d’appréhender les défis et crises actuelles. Le dénominateur commun à ces imaginaires non-dominants est qu’ils ont été soumis à des processus violents (crase, éradication, subordination etc.), dans des contextes de violences historiques liées entre autres à l’esclavage, les colonisations et l’implantation de structures d’exploitation économiques et politiques qui entravent leur épanouissement. Se concentrer sur ces imaginaires permettra d’appréhender les défis mondiaux actuels dans de nouveaux langages et de nouvelles manières de voir le monde et d’aborder ses nombreux défis. Pour ce faire, nous devrions « penser non pas dans le monde, ce qui aurait pu réinventer l’idée de la conquête et de la domination, mais […] penser avec le monde. » (Édouard Glissant, Philosophie de la relation: poésie en étendue, Paris: 2009, p. 46). Le recours aux imaginaires non-dominants peut aider à élargir les horizons de connaissance et d'imagination afin d'approcher la réalité de notre espace et de notre temps, mais aussi aider à valoriser la contribution multiforme de cultures et d’imaginaires jusque-là minorées.
Ce colloque international vise à contribuer à cette exploration des imaginaires non-dominants, selon le postulat qu’ils les relieraient des similitudes profondes mais aussi des divergences fort instructives. Plusieurs questions pourraient y être abordées. Il s’agirait, à titre d’exemples de :
Mémoires et traumatismes liés aux violences historiques et contemporaines héritées des colonisations
Conflit, réconciliation et modalités d’obtention du consensus
Réparations
Étranger vs. le familier
Hospitalité vs. Hostilité
Crise et résilience
Etc.
Les regards comparatistes auxquels convient ce colloque offriront à des spécialistes de l’un ou de l’autre des imaginaires non-dominants l’occasion de faire dialoguer des univers qui ne sont pas spontanément mis en relation. Par exemple, bien que les imaginaires endogènes africains et ceux des Premières nations au Canada soient issus de contextes socio-culturels et historiques différents, et que les peuples autochtones du Canada et les peuples africains n'aient pas interagi de manière significative dans un passé récent, plusieurs ponts s’établissent entre eux. Des aspects aussi importants que l’oralité, la perception de soi, le rapport de l’individu à sa communauté, les pratiques culturelles et les systèmes de croyance sont autant de points communs qui les relient et qui n’ont pas encore été suffisamment explorés. Sur le plan de la littérature, ces imaginaires respectifs entretiennent une relation critique avec les canons littéraires nationaux et internationaux travaillant sur des critères qui les excluent ou les relèguent au second rang. L’étude de leurs thématiques, stratégies d’écriture et de positionnement permettra de (ré)examiner des problématiques comme : génocides, dépossession foncière, esclavage et capitalisme racialisé, enjeux écologiques, violences et pratiques de réparation, pratiques décoloniales, pratiques et politiques des langues endogènes/autochtones etc.
Les personnes travaillant dans le domaine des études autochtones, études littéraires et culturelles, ainsi que celles œuvrant dans les sciences humaines et sociales sont invitées à soumettre des propositions sous la forme de :
- communications individuelles
- panels
- tables rondes
Nous encourageons la participation des jeunes chercheur.e.s ainsi que celles des personnes œuvrant dans des milieux concernés (professions - communautés). Les présentations, d’une durée de 20 minutes, devront être en français ou en anglais. Les propositions de 300 mots environ, seront déposées à l’adresse suivante : https://forms.gle/nKEyqtexNaCo9nmW9
Les frais de déplacement et de séjour devront être pris en charge par les participants/tes. La participation en ligne sera possible pour les personnes qui ne pourront pas se déplacer à Montréal.
Une fois les propositions de communication acceptées, il sera demandé aux participant.e.s de soumettre leurs articles dans les délais prévus aux fins d’une publication après évaluation.
La date limite de soumission des propositions est le 30 juin 2024, 23 h 59 HNE (GMT-5).
Retours du comité d’organisation aux auteurs : 31 juillet 2024
Date limite de soumission des actes : 31 octobre 2024
Date et lieu du colloque : 21-22 novembre 2024, Université du Québec à Montréal, QC, Canada
Comité scientifique
Prof. Dr. Monia ABDALLAH (Université du Québec à Montréal)
Prof. Dr. Isaac BAZIÉ (Université du Québec à Montréal)
Dr. Tamar BARBAKADZE (Université du Québec à Montréal)
Prof. Dr. Daniel CHARTIER (Université du Québec à Montréal)
Prof. Dr. Myriam COTTIAS (Centre International de recherches sur les esclavages et post-esclavages)
Prof. Dr. Mbaye DIOUF, Professor (Université McGill)
Prof. Dr. Eduardo ERAZO ACOSTA (University Nariño)
Prof. Dr. Bertrand GERVAIS (Université du Québec à Montréal)
Prof. Dr. Darwis KHUDORI (Université Le Havre Normandie)
Dr. Christelle LOZERE (Université des Antilles)
Prof. Dr. Myriam MOÏSE (Université des Antilles)
Prof. Dr. Jacques NANEMA (Université Joseph KI ZERBO)
Prof. Dr. Francoise NAUDILLON (Université Concordia)
Prof. Dr. Noël Magloire NDOBA (Université Marien Ngouabi)
Prof. Dr. Gilles PHILIPPE (Université de Lausanne)
Prof. Dr. Karine ROSSO (Université du Québec à Montréal)
Prof. Dr. Oumarou SAVADOGO (Université Joseph Ki-Zerbo)
Prof. Dr. Chantal SAVOIE (Université du Québec à Montréal)
Dr. Matthew SCULLY (Université de Lausanne)
Prof. Dr. Josias SEMUJANGA (Université de Montréal)
Prof. Dr. Salaka SANOU (Université Joseph KI-ZERBO)
Prof. Dr. Alain Joseph SISSAO (Institut des Sciences des Sociétés-C.N.R.S.T)
Prof. Dr. Min SUN (Université du Québec à Montréal)
Comité d’organisation
Prof. Dr. Isaac BAZIÉ (Université du Québec à Montréal) - Responsable
Dr. Tamar BARBAKADZE (Université du Québec à Montréal) – Co-responsable
Prof. Dr. Min SUN (Université du Québec à Montréal)
Paola Ouédraogo (Université du Québec à Montréal)
Anne-Sophie PÉLOQUIN (Université du Québec à Montréal)
Benjamin SOU (Université du Québec à Montréal)
Organisations
LAFI - Laboratoire des Afriques Innovantes, Université du Québec à Montréal
Figura - Centre de recherche sur les théories et les pratiques de l’imaginaire, Université du Québec à Montréal
Département d’études littéraires, Université du Québec à Montréal
École de langues, Université du Québec à Montréal
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International and Interdisciplinary Conference
COMPARATIVE PERSPECTIVES ON THE NON-HEGEMONIC IMAGINARIES IN AFRICA AND THE AMERICAS
21-22 November 2024, UQAM – Université du Québec à Montréal, Montréal, Canada
Call for papers
Even if today’s societies have reached a broad consensus on the multiform crises of our time, they are still far from finding effective solutions. As different as they are, these crises can largely be described as those of relationality (Felwine Sarr, Habiter le monde. Essai de politique relationnelle, Montréal : Mémoire d’encrier, 2017, 43 p.), i.e. the relationship between integral components of our lives, or the relationship that goes far beyond what has been defined as anthropocentrism, which, by placing man at the center of everything, makes him the main cause for the climate, environmental, economic, social and spiritual crises we face today. World history over the last centuries has been shaped by a particular narrative that has been elevated to a universalism that, emanating from Europe, has had a lasting impact on the way people move from one place to another in the world, how they see and imagine themselves and how they look to the future in their surroundings and beyond. In this respect, De Sousa Santos (Epistemologies of the South, 2016, p. 233) explicitly observes that: “the problems that Western modernity purported to solve (liberty, equality, fraternity) remain unsolved and cannot be resolved within the cultural and political confines of Western modernity. In other words, in the transition period in which we find ourselves, we are faced with modern problems for which we have no modern solutions”.
Starting from the premise that the imposition of a single narrative in the form of Western modernity has not been accompanied by solutions to the problems that this narrative would entail (Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme, Paris : Présence africaine, 1955), and given the pressing local and global challenges that call for innovative solutions, the aim of this international and transdisciplinary conference is to question other imaginaries and stories, in order to see, on the one hand, figurations, alternative readings of the world; and, on the other hand, to question these imaginaries in terms of their own solutions to the crises of our time. In the field of knowledge production, the concepts, methods and canonical forms that have shaped our view of works of art or philosophy, as well as our use of language, are largely influenced by this dominant narrative, with the consequence of eliminating anything that is different and deviates from the “norm”. Questioning them, and especially questioning the non-hegemonic imaginaries in Africa and the Americas, will allow us to rethink our way of approaching current challenges and crises. The common denominator of these non-hegemonic imaginaries is that they have been subjected to violent processes (crash, extermination, subordination, etc.), in contexts of historical violence linked to slavery, colonization and the settlement of economic and political structures of exploitation that hinder their development, among others. By focusing on these imaginaries, we can see the current global challenges in a new language and with a new way of looking at the world and addressing its many challenges. To do this, we should “not think in the world, which could have reinvented the idea of conquest and domination, but […] think with the world”] (Édouard Glissant, Philosophie de la relation: poésie en étendue, Paris: 2009, p. 46). Recourse to the non-hegemonic imaginary can help us broaden our horizons of knowledge and imagination in order to approach the reality of our space and time, but also help to value the diverse contribution of cultures and imaginaries that has been underestimated until now.
This international conference aims to contribute to the exploration of non-hegemonic imaginaries in Africa and the Americas, based on the postulate that they have deep similarities but also very instructive divergences. Several questions could be addressed. These include, among others:
Memories and traumas related to historical and contemporary violence stemming from colonization
Conflict, reconciliation and methods of reaching consensus
Reparations
The foreign vs. the familiar
Hospitality vs. hostility
Crisis and resilience
Etc.
The comparative perspective for which this conference is suited will allow specialists of one or the other non-dominant imaginaries to bring universes into dialogue that are not spontaneously connected. For example, although the endogenous African imaginaries and those of the First Nations in Canada come from different socio-cultural and historical contexts and the indigenous peoples of Canada and the African peoples have not interacted to any significant extent, several bridges will be built between them. Such important aspects as orality, self-perception, the relationship of the individual to his community, cultural practices and belief systems are all commonalities that link them, and which have not yet been sufficiently comparatively explored. In the field of literature, these respective imaginaries stand in a critical relationship to the national and international literary canon, which operates according to criteria that exclude them or push them into the background. Examining their writing and positioning strategies will allow us to (re)examine the issues specific to them: Genocides, land dispossession, slavery and racialized capitalism, ecological issues, violence and practises of reparation, decolonial practices, practices and policies of endogenous/indigenous languages, etc.
Individuals working in the field of indigenous studies, African literary and cultural studies, and the humanities and social sciences are invited to submit proposals in the form of:
- individual presentations
- panels
- round tables
We welcome the participation of young researchers as well as those working in relevant environments (professions – communities). The presentations, which last 20 minutes, must be given in French or English. Proposals with a description of about 300 words will be accepted on https://forms.gle/nKEyqtexNaCo9nmW9 Travel and accommodation costs must be covered by the participants. Remote meetings will be made available for the participants who cannot travel to Montreal.
Once proposals are accepted participants will be required to submit their articles within the scheduled deadline. The articles will ultimately be sent for assessment before publication.
Conference Agenda:
- Deadline for proposal submissions: June 30, 2024, 11:59 pm EST (GMT-5)
- Feedback from the Organizing Committee to the authors: July 31, 2024
- Deadline for paper submissions: October 31, 2024
- Conference dates and Venue: November 21-22, 2024, Université du Québec à Montréal, Qc, Canada
Scientific Board
Prof. Dr. Monia ABDALLAH (Université du Québec à Montréal)
Prof. Dr. Isaac BAZIÉ (Université du Québec à Montréal)
Dr. Tamar BARBAKADZE (Université du Québec à Montréal)
Prof. Dr. Daniel CHARTIER (Université du Québec à Montréal)
Prof. Dr. Myriam COTTIAS (Centre International de recherches sur les esclavages et post-esclavages)
Prof. Dr. Mbaye DIOUF, Professor (McGill University)
Prof. Dr. Eduardo ERAZO ACOSTA (University Nariño)
Prof. Dr. Bertrand GERVAIS (Université du Québec à Montréal)
Prof. Dr. Darwis KHUDORI (Université Le Havre Normandie)
Dr. Christelle LOZERE (Université des Antilles)
Prof. Dr. Myriam MOÏSE (Université des Antilles)
Prof. Dr. Jacques NANEMA (Université Joseph KI ZERBO)
Prof. Dr. Francoise NAUDILLON (Université Concordia)
Prof. Dr. Noël Magloire NDOBA (Université Marien Ngouabi)
Prof. Dr. Gilles PHILIPPE (Université de Lausanne)
Prof. Dr. Karine ROSSO (Université du Québec à Montréal)
Prof. Dr. Oumarou SAVADOGO (Université Joseph Ki-Zerbo)
Prof. Dr. Chantal SAVOIE (Université du Québec à Montréal)
Dr. Matthew SCULLY (Université de Lausanne)
Prof. Dr. Josias SEMUJANGA (Université de Montréal)
Prof. Dr. Salaka SANOU (Université Joseph KI-ZERBO)
Prof. Dr. Alain Joseph SISSAO (Institut des Sciences des Sociétés-C.N.R.S.T)
Prof. Dr. Min SUN (Université du Québec à Montréal)
Organizing Committee
Prof. Dr. Isaac BAZIÉ (Université du Québec à Montréal) - Responsable
Dr. Tamar BARBAKADZE (Université du Québec à Montréal) – Co-responsable
Prof. Dr. Min SUN (Université du Québec à Montréal)
Paola OUEDRAOGO (Université du Québec à Montréal)
Anne-Sophie PÉLOQUIN (Université du Québec à Montréal)
Benjamin SOU (Université du Québec à Montréal)
Organizations
LAFI - Laboratoire des Afriques Innovantes, Université du Québec à Montréal
Figura - Centre de recherche sur les théories et les pratiques de l’imaginaire, Université du Québec à Montréal
Département d’études littéraires, Université du Québec à Montréal
École de langues, Université du Québec à Montréal