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Les états extrêmes du sujet (Sorbonne nouvelle & en ligne)

Les états extrêmes du sujet (Sorbonne nouvelle & en ligne)

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne (Source : Nathalie Kremer)

Deuxième séance du séminaire de recherches organisé par l’équipe EA174 FIRL (« Formes et Idées de la Renaissance aux Lumières ») à l’Université Sorbonne Nouvelle 

Les états extrêmes du sujet dans les discours à la première personne de la Renaissance aux Lumières

Responsables 2024-2025 : 

Marc Hersant, Nathalie Kremer, Erik Leborgne, Anne Régent-Susini

Vendredi 17 mai 2024 de 14h à 16h30

Lieu : Maison de la Recherche de la Sorbonne Nouvelle, Salle Mezzanine

(4, rue des Irlandais, Paris Ve) 

Lien de connexion pour suivre la séance à distance : https://meet.google.com/vyc-osnu-coi

Intervenantes : 

Marine Bastide De Sousa (Université de Lille – ALITHILA) : « “Où est le possible? Où est l’impossible?” Les récits à être élémentaire et la redéfinition du sublime (Crébillon, Bibbiéna, Bastide et Cazotte) »

Louise Dehondt (Université de Caen Normandie – LASLAR) : « Raviver les pierres : parole et émotion dans Moll Flanders (1722) de Daniel Defoe »

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 Descriptif:

Le séminaire de recherches propose d’étudier, dans le discours à la première personne de la période moderne, les « états extrêmes » d’un sujet se décrivant dans les paroxysmes de son existence intérieure : on s’intéressera ainsi aux états d’extase (tels que les décrivent par exemple les mystiques sainte Thérèse ou Mme Guyon), aux moments de révélations (comme la célèbre illumination de Vincennes de Rousseau, racontée dans ses Lettres à Malesherbes puis dans ses Confessions) ou de ravissement (comme celui qui envahit Saint-Simon au Lit de Justice de 1718, décrit comme le moment le plus intense de toute sa vie, ou encore l’extase de Rousseau racontée dans la seconde promenade des Rêveries), aux états émotionnels violents (comme ceux de Monluc à l’issue des rêves qu’il raconte dans ses Commentaires), aux états suicidaires (comme celui-que décrit Cleveland au moment de la fuite de son épouse) ou de détresse extrême, aux moments où le sujet est entre la vie et la mort (comme ceux que décrivent Montaigne ou, dans ses Rêveries encore, Rousseau), aux moments d’exaltation créatrice ou de folie (comme ceux que dépeint Hölderlin dans plusieurs lettres autobiographiques), aux points culminants de la jouissance sexuelle (comme ceux qui sont décrits par les narrateurs des romans-mémoires libertins, dans l’Histoire de Juliette ou dans bien d’autres récits érotiques ou pornographiques), etc. 

L’attention se portera tout particulièrement sur la manière dont le « sujet narrant » rend compte d’états extrêmes ayant affecté son « moi » passé et sur le sens qu’il donne à ces moments de son existence au moment de son écriture, dans le retour réflexif qu’il porte sur eux, pour analyser notamment les similitudes et les différences qui apparaissent entre des états « extrêmes » de nature religieuse, sexuelle, sentimentale ou politique, sur le type de rapport au temps induit par ces états extrêmes, sur les moments où le paroxysme émotionnel coïncide au moins en partie avec l’écriture elle-même, etc. On se demandera également si les types d’expériences décrits sont de la même espèce dans le champ du récit fictionnel et dans celui du récit non fictionnel, tout en ouvrant ce champ à d’autres formes de discours. Des interventions sur de grands modèles autobiographiques antérieurs (comme les Confessions de saint Augustin ou la Divine comédie) ou sur des textes étrangers (les mystiques espagnols ou les romans picaresques) pourront enrichir la réflexion collective. D’autres pourront ouvrir des perspectives sur l’avenir de la littérature, comme les hallucinations nervaliennes, les différents épisodes de « mémoire involontaire » chez Proust ou encore les « instants merveilleux » de Musil – à condition de les situer dans un temps long du témoignage de l’être humain sur les moments paroxysmes de sa vie psychique. On se demandera, enfin, à travers quels déplacements (ou détournements) certains motifs fondamentaux de la littérature de la première modernité (celui de l’extase, entre autres) se sont progressivement affranchis de leur ancrage religieux initial pour susciter tout un imaginaire de l’« extase profane ».

Première séance : vendredi 2 février 2024 (14h-16h30)

Clément Duyck (Université Paris-Est Créteil) : « Écriture et ignorance. Les Relations autobiographiques de Claude Moine (1652-1655) »

Michele Bokobza (Université de Tel-Aviv) : « Les Mémoires de Carré de Montgeron, un discours à la première personne entre exaltation et pragmatisme »