Porte et seuil dans les arts et les médias, quand la création et l’imaginaire se jouent du passage (Lyon)
Appel à contributions colloque :
Porte et seuil dans les arts et les médias, quand la création et l’imaginaire se jouent du passage
Musée des Beaux-Arts de Lyon, Musée des Moulages, CRHI (École Émile Cohl)
7 et 8 novembre 2024
L’idée de ce colloque est née de la restauration du moulage de la porte du Paradis de Ghiberti par le Musée des Moulages de Lyon. Les enjeux d’installation et de scénographie de cette pièce d’exception, du fait notamment de ses dimensions colossales (510 x 290 x 20), amènent à s’interroger sur la question de réception d’une telle œuvre. De cette confrontation, le public n’est pas seulement observateur ou spectateur, il vit une expérience sensorielle.
Si ce projet de restauration est le point de départ quant à notre réflexion, il convient de l’ouvrir à l’ensemble des portes, véritables supports à une iconographie qui offre au spectateur une perspective réflexive, pédagogique ou philosophique.
La présence d’une porte n’est jamais neutre. Qu’elle soit accueillante ou dissuasive, elle limite, régule, prévient, identifie le lieu. Du simple passage ouvert aux quatre vents à la possibilité de créer un système pouvant s’ouvrir et se fermer, la porte implique un dedans et un dehors soumis à un rapport de valeur entre l’homme et l’édifice. De ce lien, la surface d’une porte est propice à s’animer par la présence de motifs, de personnages ou de véritables scènes historiées.
Au-delà de la matérialité de la porte quant à son environnement, ce colloque souhaite s’interroger sur ce qu’elle véhicule dans l’imaginaire personnel, collectif et/ou universel.
Dès lors qu’il y ait besoin de clés spécifiques, de gardiens pour pénétrer en des lieux sujets à des croyances, la porte devient l’objet de tous les fantasmes. Lorsque l’intimité de l’habitation ne se révèle que par son entrebâillement ou par la seule présence d’un trou de serrure, la porte se fait pourvoyeuse de curiosité. Elle attire et attise notre plaisir de voir et de contempler et cela, les artistes l’ont bien compris.
D’ordinaire, le tableau est très souvent qualifié de fenêtre mais certaines œuvres sont conçues comme de véritables invitations à entrer dans l’œuvre. Combien de marches, de seuils, d’encadrements, de chambranles, de portes sont mis en scène dans les œuvres ? Dans son installation Étant donné, l’art n'est plus pour Duchamp cette fenêtre ouverte sur le monde mais bien une porte fermée sur un dispositif complexe construit pour tromper l'œil du spectateur. Avant le surréalisme, la porte comme trompe l’œil est un motif qui se retrouve dans bon nombre de décors intérieurs. Cette pratique qui se retrouvera jusque dans les arts de la rue où une porte condamnée est propice à devenir un support narratif. La porte permet de diviser les moments de la narration dans un même espace figuratif. Déjà à la Renaissance, le motif de la porte permettait de montrer l’événement antérieure à une scène où d’en révéler l’avenir. Son ouverture permet également de révéler un indice important pour comprendre la scène principale ou, plus simplement, de créer un effet de perspective.
La porte close est également vectrice de tension narrative ou d’humour. La fortune iconographique et littéraire des portes du temple de Janus, fermées en temps de paix et ouvertes en temps de guerre, de manière à libérer les pouvoirs protecteurs de la divinité devant accompagner les soldats lors des combats est un exemple parmi tant d’autres. Combien de films d’horreur mettent en scène le « monstre » derrière la porte ou, a contrario dans les dessins animés ou les comédies, comment la porte est propice à créer des scènes cocasses ? Entre Kubrick et Tex Avery, la porte ne cesse d’être un élément narratif fort efficace.
Outre la matérialité des portes, les propositions du colloque porteront sur les possibilités iconographiques et narratives et ce, qu’elles soient réelles ou fictives, fonctionnelles ou non.
L’appel s’adresse à l’ensemble de la pratique artistique et médiatique (architecture, peinture, sculpture, dessin, illustration, BD, jeu vidéo, cinéma, etc.), toutes périodes confondues.
Axes de réflexion :
Nous proposons quelques pistes de réflexion non exhaustives. Les propositions qui ne relèvent pas de ces axes seront également examinées.
. Esthétiques et fonctionnalités de la porte en architecture religieuse, civile ou militaire.
. Le rapport entre le corps et la porte /Matérialité de la porte.
. Les portes du Paradis / Portes de l’Enfer, matérialiser les croyances ou la littérature.
. Concernant les portes métaphoriques : dans l’Égypte ancienne, Rê traverse chaque soir sur sa barque sacrée douze portes correspondant aux douze heures de la nuit ; dans l’Évangile selon saint Jean, le Christ se définit comme « la porte des brebis », de même, saint Pierre, investi des clefs, est le gardien de la porte du Paradis et la Vierge est appelée « Porte du ciel », etc.
. La figure du gardien des portes : les sphinx dans la tradition égyptienne, les dvarapalas/ dvarapalikas dans le bouddhisme et l’hindouisme, Cerbère empêchant les morts de s’enfuir dans la mythologie grecque, le Couvreur dans la tradition maçonnique chargé de protéger la loge du regard des profanes, les chérubins armés de glaives tournoyants dans le Christianisme empêchant Adam et Eve de regagner le Jardin d’Eden après la faute, etc.
. Passer la porte comme acte de réalisation personnelle et de connaissance
. La porte comme passage vers un ailleurs
. La porte comme révélation de l’intime
Les communications, si elles peuvent avantageusement s’appuyer sur un corpus textuel, devront privilégier l’approche visuelle et la question des représentations.
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Calendrier :
Proposition de communication (environ 250 mots) + courte biobibliographie : avant le 12 mai 2024
Temps de parole : 20 min
Lieu & date : Musée des Beaux-Arts de Lyon et Musée des Moulages, les 7 et 8 novembre 2024
À envoyer à Cyril Devès, responsable du CRHI : cdeves@profs.cohl.fr