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Doit-on optimiser ?

Doit-on optimiser ?

Publié le par Marc Escola

La revue en ligne Études Épistémé consacre une livraison à la Pensée et représentation de l’optimum au temps des Lumières, 1680-1789, à l'initiative de Sarah Diane Bourdely, Adrien Paschoud et Slaven Waelti, qui donne les actes d'un colloque tenu à l’université de Bâle au printemps 2021. Dans la période qui a vu son émergence, la notion d’optimum ne fait pas l’objet d’une théorisation univoque : l’optimum s’impose à bas bruit comme un opérateur de discours. L'introduction cherche à montrer en quoi différentes constructions discursives du XVIIIe siècle se développent à la faveur de préconceptions de l’optimum : ainsi l’ingénierie des XVIIe siècle et XVIIIe siècle s’impose comme un domaine exemplaire où chercher le meilleur rapport possible entre un effort et un effet ; dans le domaine des sciences naturelles se posera à la suite du développement de la physique newtonienne, la question de savoir si la nature toute entière n’est pas une machine optimale ; la théologie de Leibniz ou de Pope repose la même question par rapport à la question métaphysique du mal, de la justice divine et du bonheur humain ; enfin, la pensée politico-sociale des Lumières, de Mandeville à Smith en passant par Montesquieu, posera la question de l’économie des passions et de la meilleure manière d’organiser l’État ; les physiocrates enfin, ayant découvert les vraies lois de la nature, n’auront en un sens plus qu’à promulguer la forme du gouvernement optimal. Le volume montre aussi comme ces différentes opérations du discours se prolongent jusqu’au XXIe siècle.

(Illustr. : Diderot et D'Alembert, L'Encyclopédie [23], Agriculture : [recueil de planches sur les sciences, les arts libéraux et les arts méchaniques]. Paros ; 1751-189)