Cette journée d’études qui aura lieu à l'université de Bourgogne (bâtiment Droit-Lettres, salle 319) a pour but d’interroger les pratiques de femmes qui écrivent et qui publient à l’époque moderne dans le contexte de leur parenté. Si Neil Kenny a délimité, en lien et en confrontation avec la fonction auteur identifiée par Foucault, une « fonction familiale de la littérature » propre à la première modernité, on peut se demander d’une part comment cette fonction a été infléchie par la constitution du premier champ littéraire, et d’autre part en quoi elle a été investie, utilisée, peut-être détournée par des femmes – filles, sœurs, mères, nièces, cousines : comment les pratiques littéraires de celles-ci se sont inscrites dans leur parenté, notamment au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles.
Parce qu’elle constituait un des cadres sociaux de l’existence des femmes, la famille, entendue dans le sens large que travaillent l’anthropologie sociale et l’histoire, a été un des lieux d’exercice et de mise en scène de leur activité scripturaire, voire pour certaines d’entre elles d’une activité d’autrices. Nous proposons de questionner les logiques de la parenté à l’œuvre dans l’exercice féminin de la littérature, et de faire apparaître en particulier des pratiques de transmission du nom, des écrits voire des pratiques scripturaires ou de la famille même. Nous faisons ainsi l’hypothèse que la prise en compte de ces logiques permet de déplacer le regard et de prendre la mesure de pratiques et de situations différenciées dans le champ littéraire, en tension parfois avec d’autres espaces sociaux de l’appartenance.
Comment les femmes qui écrivaient se sont-elles (trouvées) inscrites dans ces logiques, qui impliquaient notamment pour elles les pratiques d’alliance par le mariage ? Le champ littéraire en formation a-t-il éventuellement été un des cadres de renforcement ou de contestation de ces logiques ? Comment les femmes s’en sont-elles saisies par leurs choix propres ? Jusqu’à quel point ont-elles pu en jouer dans les mises en scène de la parenté que leur permettait la littérature ?
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Programme
9h30 : accueil des participant.e.s et café salle 319, bâtiment droit-lettres, université de Bourgogne
10h-10h15 : Laurence Giavarini et Elise Roussel (université de Bourgogne, LIR3S), introduction de la journée
10h15-12h30 Premier temps : études de cas
10h15-10h55 Annalisa Nicholson (Oxford), « Hortense Mancini (1646-1699) en exil et l’activité scripturaire de la famille Mazarin ».
11h15-11h55 Caroline Mogenet (Versailles, DYPAC), « ‘‘Rendre à sa mémoire les honneurs qui lui sont dûs’’ : Antoinette Deshoulières (1638-1694) éditée par sa fille ».
14h-15h15 Deuxième temps : questions ouvertes sur « petits dossiers »
Audrey Duru (u. de Picardie Jules Verne, TrAme), « Charlotte de Minut ou la magistrature au féminin (Toulouse, ca 1527-après 1597) ».
Anaëlle Jobard (Lyon 3), « La parenté fictive de Catherine Bernard ».
Lucie Rousseaux (u. de Bourgogne, LIR3S), « La parenté intellectuelle en héritage : pratiques de l’alliance chez Gournay »
Elise Roussel (u. de Bourgogne, LIR3S), « L’Héritier de Villandon : exposition d’une filiation »
Cette session prendra la forme de courtes présentations (10-15 minutes maximum) et d’une discussion entre les intervenantes, et avec les autres participantes.
15h15-15h30 : pause
15h30-17h45 Troisième temps : études de cas
15h30-16h10 Fanny Boutinet (Lyon 3, ED 3LA, IHRIM), « La stratégie familiale de publication à l'œuvre dans les écrits de Françoise Bertaut de Motteville. »
16h30-17h10 Nathalie Freidel (Wilfrid Laurier University), « Le milieu familial comme cadre de travail : Sévigné dans sa parenté ».
17h30-18h15 Discussion et clôture de la journée
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Contacts : laurence.giavarini@u-bourgogne.fr ; elise.roussel@u-bourgogne.fr