Les révolutionnaires français n’ont jamais cessé de redouter le risque majeur de toute révolution : qu’elle bascule dans la guerre civile. Celle-ci advient lorsque les sentiments sociaux, les affects qui relient les humains entre eux ont été déniés, bafoués, ou empêchés. Au lendemain des mois terribles de l’hiver et du printemps 1794, Saint-Just constate ainsi, lucide, que "la révolution est glacée". Les révolutionnaires comprennent que ce ne sont pas "la machine à gouvernement" et ses lois de contraintes qui pourront réparer une société meurtrie ni instaurer l'harmonie espérée, mais bien l'ensemble des institutions civiles. Instituer des lieux où le peuple se rassemble fera renaître sa sensibilité comme faculté de juger. Sophie Wahnich en fait la démonstration dans son nouvel essai, La Révolution des sentiments. Comment faire une cité. 1789-1794 (Seuil) : l’amour, l’amitié, le courage, la confiance, la foi en l’impossible, tous ces sentiments républicains doivent être constamment sollicités pour déjouer une économie cruelle, réduire la division sociale, faire cesser les conflits religieux, promouvoir le pouvoir politique de chacun des citoyens. Alors pourra se constituer un nouvel art de vivre plein d’humanité, seule garantie d’une nouvelle "communauté des affections". Fabula vous invite à lire un extrait…
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Publié le par Marc Escola