« Homme des foules », cette formule que Baudelaire reprend à Edgar Poe nous projette au cœur de l’expérience de la grande ville où naît l’œuvre du poète. Elle n’entend pas résumer son identité, mais invite à examiner ses figurations multiples, comme à explorer les replis de la Capitale engourdie par le brouillard et la pluie où se développe son œuvre : un univers urbain moderne qui se transforme rapidement, de plus en plus dominé par la loi du marché et du nombre. Elle conduit à prendre la mesure de l’impersonnalisation qui affecte l’identité du flâneur et à considérer sa manière de se faufiler à l’intérieur d’autrui. Elle mène droit aux « vérités amères » : pauvreté, solitude, abandon, angoisse, douleur, mort et mal, qui rongent de l’intérieur cet univers urbain. Mais elle invite aussi à s’attarder sur quelques « promesses de bonheur » : la beauté furtive, la passion des images, les séductions de la mode, voire une lueur d'amour rêvé, saisie sur le visage d’une passante en grand deuil…
C'est donc à une traversée de l’œuvre baudelairienne tout entière, dans ses plis et ses horizons, que convie ce cheminement critique sur les pas de « l’homme des foules », en marquant des étapes dans ses œuvres principales : Les Fleurs du Mal, Le Spleen de Paris, Les Paradis artificiels et Les Salons.
Édition
Nouvelle parution
Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne