Dalhousie French Studies, n° 123 : "Lorsque vient le soir de la vie. Représentations de la vieillesse dans les littératures d'expression française du XXIe s." (dir. Sophie Beaulé et Simona Jișa)
« Lorsque vient le soir de la vie ». Représentations de la vieillesse dans les littératures d'expression française du XXIe siècle »
Dalhousie French Studies. Revue d’études littéraires du Canada atlantique, no. 123/2023
Numéro spécial sous la direction de Sophie Beaulé et Simona Jișa
La littérature et l’art en général nous interpellent donc « lorsque vient le soir de la vie » et nous invitent à réfléchir à une réalité complexe. « Cessons de tricher ; le sens de notre vie est en question dans l’avenir qui nous attend ; nous ne savons pas qui nous sommes, si nous ignorons qui nous serons : ce vieil homme, cette vieille femme, reconnaissons-nous en eux. Il le faut si nous voulons assumer dans sa totalité notre condition humaine » (Beauvoir, La vieillesse). Sans doute les œuvres qui décrivent la vieillesse peuvent-elles « réparer le monde » (Alexandre Gefen), occupant une fonction thérapeutique pour l’auteur tout comme pour le lecteur ou la lectrice.
Parler de la vieillesse, ne serait-ce qu’en littérature, constitue un véritable acte d’empathie, c’est essayer de comprendre les données d’une période de notre vie que d’aucuns traversent et que d’autres approchent. Qu’on soit protagonistes ou simples témoins de la sénescence, ses mystères, selon les cas, se dévoilent à nous ou se cachent encore. Les angoisses des maladies à laquelle elle est associée, de la dégradation physique et psychique, de la mort qui guette impitoyable, résonnent au plus profond de nous-mêmes. Écrire et lire un texte qui tente de circonscrire la vieillesse équivaut à un acte d’apprivoisement désespéré, de préparation in extremis aux épreuves que notre ontologie nous a octroyées. Et pourtant la vie continue, les moments de bonheur existent si l’être humain sait les accepter et peut les chercher, car au crépuscule de sa vie, il faut imaginer Sisyphe heureux.
Sommaire :
Claire Olivier : On n’est pas là pour disparaître ou les voix de la vieillesse
Cynthia Harvey : Représenter la vieillesse au-delà du miroir : Nicole Houde, Les Oiseaux de Saint-John Perse
Béatrice Vernier : Récit de filiation et réactualisation des objets du passé. Mémé de Philippe Torreton
Sophie Beaulé : Approche de la mort et réactivation filiale dans De synthèse de Karoline Georges et Chemin Saint-Paul de Lise Tremblay
Cathy Dissler : Représenter et habiter le lieu dans les romans contemporains français dédiés à la vieillesse en institution
Susan Ireland and Patrice J. Proulx : Countering Ageism in Nancy Huston’s Dolce agonia and Michèle Ouimet’s L’heure mauve
Marie-Lise Auvray : Les “contre-espaces” dans La tournée d’automne et Les yeux bleus de Mistassini de Jacques Poulin : des refuges pour résister à la pesanteur du corps vieillissant
Yvonne Goga : La forme de la vieillesse dans Le bonheur a la queue glissante d’Abla Farhoud
Pooja Booluck-Miller : La double vie des vieux exilés : Julia dans L’exil selon Julia
Marinella Termite : Une vieillesse en fleur : les rides du vivant chez Ananda Devi
Simona Jişa : La vieillesse ou comment revisiter le spleen dans Le dernier des Snoreaux d’Abla Farhoud