En français, le mot « langue » indique à la fois l’organe logé au creux de la bouche et la faculté de parole. On fait le pari que le rapport de l’un à l’autre n’a rien d’accidentel : tout comme la langue est le seul organe qui puisse sortir du corps, la langue que nous parlons est à la fois dedans et dehors. Une philosophie de l’expression se déduit de cette interrogation, ainsi qu’une poétique. Elles ne sont pas sans relation avec ce qui permet la liberté d’expression. Ces grandes questions sont ici affrontées sans jamais quitter la langue des yeux. Dans cette quête, on croise Aristote, des philosophes, des linguistes, des romanciers et des poètes, mais aussi un beat-boxer, quelques embrasseurs et Philomèle, dont la langue coupée dit la résistance multiple et opiniâtre. Avec elle, on va au bout de la langue.
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Martin Rueff, poète, traducteur et philosophe, il enseigne à l’université de Genève. Il est l’auteur de plusieurs essais et livres de poésie. Aux éditions Nous il a publié La Jonction en 2019, traduit Andrea Zanzotto et Italo Calvino, préfacé Jacqueline Risset et Franco Fortini.
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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet essai :
"Ambiguïtés et ambivalences de la langue", par Laurent Jenny (en ligne le 11 mars 2024).
Le livre de Martin Rueff Au bout de la langue est tout à la fois celui d’un amoureux de philologie, d’un lecteur infatigable, d’un philosophe et d’un poète. Le voyage qu’il nous propose est une odyssée qui n’affronte ni sirènes ni cyclopes, mais rencontre sur son chemin ces passeurs que sont les traités philosophiques, les fables et les poèmes de la tradition occidentale. Et à tous il pose la même question : qu’est-ce qu’une langue ? Ou plutôt : que fait une langue ?