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Sorties de guerres civiles, des guerres de religion au Rwanda (Vannes, France)

Sorties de guerres civiles, des guerres de religion au Rwanda (Vannes, France)

Appel à communication

Sorties de guerres civiles, des guerres de religion au Rwanda

les jeudi 13 et vendredi 14 mars 2025

Université catholique de l'Ouest, campus d'Arradon – Vannes

Comme l’écrit Jean-Pierre Bois, il « est plus facile de parler de la guerre que de la paix ». Depuis plus de trente ans, les guerres civiles ont été largement investies par les chercheurs en sciences sociales. Mais les sorties de guerres, et a fortiori les sorties de guerres civiles, restent encore un parent pauvre des recherches. En 2008, un important colloque s’était tenu à Cergy-Pontoise sur les « lendemains de guerre ». Comme le regrettèrent les organisateurs, rares furent les communications portant sur des thématiques d’histoire moderne ou médiévale. Les travaux et synthèses sur la fin des conflits interétatiques ont pourtant largement montré la pertinence de ce type d’approche pour comprendre la guerre, la paix et les axes de reconstruction. 

Aussi, ce colloque se propose-t-il d’explorer les sorties des guerres civiles. Il suppose de les définir, en les entendant comme un contexte particulier de montée des tensions et d’anticipations des conflits très en amont, d’antinomie de projets politiques et sociaux et des enjeux eschatologiques, mettant en question l’Etat lui-même (Anne Rolland-Boulestreau et Bernard Michon). Il s’agira de s’interroger sur les notions de cessez-le-feu, de déflation du conflit, de pacification, voire de paix, en vue de déceler des spécificités propres aux sorties de conflits intra-étatiques. 

Le colloque se place donc dans une temporalité précise : le moment où l’ensemble du corps social envisage les possibilités d’un « vivre ensemble » pour se reconstruire, protéger son lignage, ses biens, se réinscrire dans la société, imaginer l’après-guerre, refaire nation. Il pose ainsi la question de la confiance en l’avenir. 

Dans le cadre de ce colloque, on privilégiera les approches au « ras des acteurs sociaux », autour de quatre axes de réflexion principaux suivants : 

-Les archives rendent-elles compte, à l’échelle des individus et des groupes, des dommages corporels, voire psychologiques, subis par les individus, même si les archives anciennes sont discrètes sur cette question, subis par les individus ? Ceux qui les ont perpétrés peuvent-ils sans dommage retourner à « leur vie d’avant la guerre » ? 

-Au quotidien, comment les villes, les bourgs, les quartiers, les familles ayant subi ou commis des atrocités sur leurs voisins ont-ils surmonté les clivages d’hier ? A l’inverse, les divisions sont-elles durablement installées au sein des communautés ? Quelles sont les conditions pour vivre de nouveau côte à côte, envers et contre tout ? Sans compter ces familles divisées par la guerre civile en clans ennemis… Au-delà des édits, des traités, promulgués par l’Etat, comment les communautés se réinscrivent-elles dans une « normalité » toute relative d’après-guerre civile ? Les violences sous-jacentes, les ressentiments, les vengeances interpersonnelles, familiales et communautaires viennent souvent percuter les schémas politiques d’amnistie qui peuvent s’apparenter à une forme d’amnésie pensée et imposée d’en haut par les gouvernants. 

-La récupération des biens et du patrimoine, perçue comme une consolation voire une réparation à titre individuel ou collectif, constitue aussi un facteur essentiel permettant la sortie de la guerre civile. Les églises et les temples détruits, les statues et les vitraux brisés, notamment lors des guerres de religion, sont à relever : à réparer au sens propre comme au sens figuré. Quelles priorités les individus et les groupes ciblent-ils ? 

-Enfin, la justice et les institutions publiques et sociétales jouent aussi leur partition dans un tel processus. Les stratégies familiales, pour autant qu’elles soient toujours conscientes, le placement des fidèles dans les nouvelles structures politiques et religieuses, les mariages, les réseaux d’amitiés devront être abordés. Les échecs des uns et des autres en la matière constitueront des marqueurs importants. 

Tous ces questionnements doivent permettre de dégager des pistes d’étude des sorties de guerres civiles sur un temps long, depuis le XVIe siècle jusqu’à l’époque contemporaine, tout en privilégiant les approches liées à l’anthropologie historique et à la micro-histoire.

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Organisateurs

Alain Collas, enseignant-chercheur en histoire moderne UCO campus d'Arradon – Vannes

Anne Rolland-Boulestreau, Professeur Histoire moderne, UCO – Angers 

Comité scientifique

Nicolas Le Roux, Professeur Histoire moderne, Sorbonne université – Paris 

Valérie Sottocasa, Professeur Histoire moderne, Université Jean Jaurès – Toulouse 

Stéphane Audoin-Rouzeau, Professeur Histoire contemporaine, EHESS – Paris 

Erwan Le Gall, professeur référent à HEIP (hautes études internationales et politiques), Rennes.

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Les propositions de communications sont à envoyer avant le 15 avril 2024 à arolland@uco.fr et acollas@uco.fr 

Elles n’excèderont pas 1500 car. (en plus d’une brève présentation de vos recherches).