Au sens strict, vulgariser est l’activité qui consiste à rendre accessibles à un large public les connaissances scientifiques. Les méthodes les plus fréquemment employées à cette fin sont le livre, l’intervention dans les médias, la conférence ou le carnet de recherche. La bande dessinée, le podcast et à certains égards le jeu vidéo sont également des voies de plus en plus utilisées pour la vulgarisation. Mais au-delà des activités concrètes qui permettent sa réalisation, la vulgarisation relève de la circulation des savoirs et de leur valorisation au sein de la société. Pour paraphraser Nancy Baron, autrice de l’ouvrage Escape From the Ivory Tower (2010), la vulgarisation vise à donner un sens et une portée supplémentaires aux travaux des scientifiques en les transmettant au plus grand nombre. Une réflexion sur les liens et les échanges entre le milieu académique et la communauté s’avère en ce sens indissociable de tout travail critique sur la vulgarisation. C’est dans cette perspective que la présente journée d’étude rassemblera des chercheurs et des acteurs du milieu culturel afin de s’interroger sur la pratique et la portée de la vulgarisation dans le champ des études littéraires et culturelles.
Un premier champ d’investigation sera de réfléchir à ce qui ferait la spécificité de la vulgarisation dans ces domaines d’étude en comparaison à d’autres domaines de recherche tels que les sciences. Une hypothèse serait que la distinction entre spécialiste et profane se présenterait différemment dans les études littéraires et culturelles que dans d’autres domaines en raison du rapport qu’entretient le public avec les objets d’études des chercheurs en littérature et en études culturelles. Cette situation serait déterminante pour les échanges entre le public et les chercheuses et chercheurs, qui ne peuvent s’envisager de la même manière que dans d’autres domaines.
Une autre dimension de la réflexion proposée par cette journée d’étude sera de réfléchir à la définition et aux limites de la vulgarisation dans les études littéraires et culturelles. On soulignera à cet égard qu’il arrive que les travaux dans ces domaines puissent comporter un intérêt à la fois pour le grand public et pour les chercheuses et chercheurs. C’est le cas par exemple de certaines biographies consacrées à des figures majeures, ou encore de certaines histoires littéraires. Dans quelle mesure ces travaux relèvent-ils de la vulgarisation scientifique ? Requièrent-ils un minimum de connaissances de la part de la lectrice ou du lecteur ? Utilisent-ils un vocabulaire spécialisé ? Leur lecture nécessite-t-elle un investissement de temps important ? Des questions différentes se posent pour les interventions dans les médias, notamment à la radio ou à la télévision, dans des émissions spécialisées ou dans des segments réservés aux arts et à la culture. La dimension scientifique est-elle assez importante dans de tels cas pour parler de vulgarisation ? Ces interventions valorisent-elles le travail des chercheuses et des chercheurs universitaires ? En outre, il serait également important de prendre en considération ce que les scientifiques considèrent comme de la vulgarisation et comment s’articulent ou non cette pratique à leur travail.
Finalement, il reste encore à réfléchir à des façons de favoriser la diffusion des connaissances en études littéraires et culturelles et à élaborer des méthodes de travail qui permettront d’y arriver efficacement. Ce dernier champ d’interrogation pose des questions de deux types. Il s’agit d’abord de réfléchir aux modalités de la vulgarisation et de voir comment des formes et des supports adaptés aux études littéraires et culturelles peuvent être utilisés ou développés. Encore une fois, la nature des objets étudiés dans ces domaines pourrait s’avérer déterminante pour la vulgarisation, dans la mesure où la littérature, le cinéma et les arts sont eux-mêmes des formes de discours qui peuvent être mimées, imitées, parodiées ou détournées. Dans quelle mesure de tels liens existent-ils déjà ou pourraient-ils être exploités afin de mettre en place des formes narratives efficaces pour la vulgarisation des disciplines qui nous intéressent ici ? De cette réflexion découle un second type de questions qui concernent l’efficacité de la vulgarisation. Comment cette dernière peut-elle être mesurée ? Quels outils pourraient être mis en place afin de réfléchir à ce qui constitue un transfert adéquat des connaissances ?
Les propositions de communication peuvent s’inscrire dans l’un ou plusieurs des trois axes suivants :
. Définition et limites de la vulgarisation dans les études littéraires et culturelles : des propositions de nature théorique s’intéressant au cadre conceptuel de la vulgarisation ainsi qu’aux méthodologies qui peuvent être employées pour la pratiquer ou l’analyser. On pourra aborder la vulgarisation des études littéraires et culturelles à un niveau fondamental, ou proposer des analyses de cas particuliers.
. La question des interactions entre la production scientifique dans le domaine des études littéraires et culturelles et la société : des propositions abordant les rapports entre la personne vulgarisant un savoir et le public, les ponts qui existent ou qui peuvent être construits entre le milieu académique et la société, ou encore la valorisation des études littéraires et culturelles en dehors de l’université. Les défis associés à la vulgarisation des connaissances en français dans des milieux minoritaires pourront être examinés à partir d’études de cas précises. Une attention particulière sera portée à sélectionner des communications prenant en compte la spécificité des études littéraires et culturelles par rapport à d’autres domaines de recherche.
. Les modalités de la vulgarisation scientifique : des propositions interrogeant les formes employées pour vulgariser les études littéraires et culturelles ou encore les dispositifs et les supports de la vulgarisation. Des études de cas seront privilégiées, de même que des présentations de nature plus prospectives, qui envisagent par exemple les potentialités ouvertes par le numérique afin de diffuser la recherche dans les études littéraires et culturelles.
Les propositions de 500 mots seront à envoyer par courriel à kabadie@mun.ca et pbouchard@mun.ca au plus tard le 16 février 2024.