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L’Afrique : regards sur un continent aux réalités multiples

L’Afrique : regards sur un continent aux réalités multiples

Publié le par Adrien Berger (Source : Abdelouahad Mabrour)

Appel à communications

Argumentaire
Jusqu’à aujourd’hui, les regards extérieurs sur l’Afrique oscillent entre deux extrêmes optimiste ou pessimiste : considérée par les uns comme un continent victime d’un lourd passé colonial qui bride encore son élan et son développement (Afrique « fragile », « en échec », « en retard »), par les autres comme un territoire à grand potentiel économique et humain – on parle de « hopeful continent », de « continent émergent », du « continent de l’avenir » – l’Afrique est en réalité banalement multiple, complexe et pleine de contrastes[1].

Les regards africains entrent aussi dans cette catégorisation, mais ils sont accompagnés d’invitations à étudier le continent à partir de ses propres critères, en particulier en matière de développement et de formations politiques[2]. Le modèle occidental n’est pas l’unique exemple/paradigme à proposer. Il est primordial d’approcher le continent à partir d’une nouvelle grille qui prendrait en ligne de compte ses propres spécificités historiques, économiques, linguistiques, culturelles, sociales, démographiques, ... L’agenda 2063 de l’union africaine (« L’Afrique que nous voulons ») a soulevé les enjeux, pris en compte les contraintes, souligné les défis qui s’annoncent et ouvert des perspectives pour un développement durable du continent. En effet, il faut repenser le développement de l’Afrique à partir de l’Afrique[3] 

Les chantiers sont nombreux (intégration régionale, système de santé, qualité de l’éducation, place de l’innovation dans les choix publics, développement durable, sécurité au sens large du terme, …) mais ses atouts sont considérables. Ces chantiers s’inscrivent également dans des problématiques urgentes – sécuritaires par exemple – qui rendent plus difficiles les réflexions sur le temps long et non préoccupées par une rentabilité immédiate.

Il ne s’agit pas de réduire les problématiques africaines à des questions de défis et d’opportunités, mais de les étudier pour elles-mêmes, en fonction des exigences des sociétés concernées et de la circulation et de l’appropriation des connaissances. À ce titre ce colloque propose dans un premier temps de redéfinir les contextes africains en mettant en lumière les définitions africaines du continent et sur sa place dans le monde[4]. Ce premier panel posera également les questions de l’intégration régionale, comme porte d’accès possible du continent sur le reste du monde et vice-versa[5].

Dès qu’il est question de production de connaissances, les problématiques d’éducation surgissent, et elles sont l’objet du deuxième panel de ce colloque. Enfin, les questions économiques étant déterminantes pour comprendre les différentes formes de projection des Afriques dans le monde, elles seront abordées dans un troisième panel. Les capacités africaines à exploiter et surtout transformer leurs ressources sont au cœur des discussions scientifiques depuis les indépendances[6], et ces questions ne sont pas résolues jusqu’à présent. Elles sont aussi déterminantes dans la nature du regard que les sociétés africaines portent sur elles-mêmes, ainsi que de celui qui est porté sur elles.

1) Contextualiser les Afriques par elles-mêmes et pour elles-mêmes
Quelles définitions africaines de l’Afrique ?

Quelles solutions africaines sont proposées aux problèmes du continent ?

Quelles sont les projections africaines dans la mondialisation hier et aujourd’hui ?

Quels récits se font les Africains de leur place dans le monde ?

Quelle est la perception africaine du discours externe sur l’Afrique ? 

 

2) Sciences de l’éducation, langues, lettres et arts
a)      Pour ce qui est de l’éducation, les questions de la qualité et de l’équité, principaux moteurs d’une école efficiente, sont très souvent posées. Les rapports et études de différents organismes (nationaux et internationaux) mettent l’accent sur l’importance de ce secteur dans tout développement économique et sociétal. Comment adapter les systèmes éducatifs nationaux à la croissance démographique ? Quelles sont les solutions face aux manques d’infrastructures, à l’absentéisme et aux conséquences de la pandémie du Covid 19. Quelles sont les réponses apportées à la question de l’enseignement religieux ?   Quelle place occupent les TIC et l’innovation dans les systèmes éducatifs et dans les autres secteurs qui lui sont associés,   ?  

b)     Sur le plan (socio)linguistique, une grande diversité linguistique et culturelle caractérise ce continent. Les expériences langagières individuelles et collectives, dans les différents domaines (familial, social, médiatique, éducatif…) présentent à la fois des défis identitaires et de communication. . Comment sont traitées et perçues les langues premières dans leurs relations, multiples et complexes avec les autres langues en présence (officielles, secondes, étrangères, …) ? Comment s’organisent la diversité linguistique et les formes de multilinguisme au sein de chaque pays et dans les grands ensembles géopolitiques ? Les identités linguistiques s’élaborent-elles dans le registre de liquidité, de reconnaissance et d’ouverture sur les diverses formes de changements ethnolinguistiques ? Demeurent-elles, sous l’emprise des lois et des discours, des structures figées ?

c)      Sur le plan littéraire, la complexité de la réalité africaine nourrit l’imaginaire des écrivains et des auteurs et génère une littérature dont le principe même de sa dynamique repose sur les rapports particuliers qu’elle entretient avec l’Histoire. En constante évolution, cette complexité continue d’animer le débat contemporain et participe à l’émergence de nouvelles voix/voies révélatrices d’un changement de paradigme dans la conception et la création d’œuvres qui méritent qu’on s’y intéresse.

Cet axe abordera les questions (non limitatives) suivantes :

-  littérature et histoire : altérité, résilience, connaissance et reconnaissance de l’Afrique (l’Afrique dans le regard des voyageurs ; discours précolonial, anthropologie et colonialisme, …)

-   stratégies de repositionnements identitaires dans les littératures et les arts (contes, fictions, autofictions, poésie … ; architecture, peinture, cinémas, chants populaires…)

3) Économie, management et entrepreneuriat en Afrique
a) Sur le plan économique, l'Afrique a connu une croissance économique significative au cours de la dernière décennie. De nombreux pays ont atteint des taux de croissance du PIB supérieurs à la moyenne mondiale. Comment les pays africains peuvent-ils tirer profit de cette croissance pour réduire le niveau de pauvreté ? quels sont les défis en matière d’infrastructures de transports, d’énergie, de télécommunications ? … Comment l’accès à une éducation de qualité impacterait-il le développement des compétences et du capital humain ?

b) Au niveau de la gestion et du management, la bonne gouvernance, la transparence et la stabilité politique sont essentielles pour créer un climat d'investissement attractif et faciliter le développement social. Quels sont les facteurs clés de succès pour rendre les entreprises africaines et en Afrique plus résilientes ? Quelles sont les capacités internes et externes des entreprises face à une succession d’évènements menaçants ?

c) Au niveau de l’entrepreneuriat, Entreprendre en Afrique s’apparente à un parcours du combattant. En dépit de quelques exemples, hélas très isolés, l’entreprenariat demeure un défi.  Quels sont les obstacles qui freinent l’intégration de l’esprit entrepreneurial en Afrique ? Existe-t-il une articulation entre les dynamiques socio-culturelles et le déficit de culture entrepreneuriale ? 

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Les propositions de communication doivent être déposées sur la plateforme https://afriqueregards.sciencesconf.org et contenir les informations suivantes :

Nom & Prénom de l’auteur

Institution (et structure de recherche) d’affiliation

Statut (ou grade)

Adresse électronique 

Titre et axe choisi

Résumé (250 à 300 mots maximum)

Mots clés (5 ou 6)

Une courte notice biobibliographique de l’auteur (5 à 6 lignes)

Langues du colloque : français, anglais. 

Dates à retenir : 

Date limite de soumission des propositions de communication : 31 mars 2024

Retour aux auteurs : 30 avril 2024

Date limite d’inscription : 30 juin 2024

Date limite de soumission des textes définitifs : 30 septembre 2024

Colloque : 7 et 8 novembre 2024 

Contact : colloqueafrique2024@gmail.com


 
[1] Joseph-Achille Mbembe et Nadia Yala Kisukidi, De la postcolonie: essai sur l’imagination politique dans l’Afrique contemporaine, 2e éd, La Découverte-poche (Paris: la Découverte, 2020).
[2] Felwine Sarr, Afrotopia (Paris: Philippe Rey, 2016).
[3] Jean Emmanuel Pondi (Dir), Repenser le développement à partir de l’Afrique, Yaoundé, Afredit, 2016.
[4] Salim Abdelmadjid, « Un concept africain d’Europe », Noesis, no 30‑31 (15 juin 2018): 151‑94.
[5] Amitav Acharya, « The Emerging Regional Architecture of World Politics », World Politics 59, no 4 (juillet 2007): 629‑52, https://doi.org/10.1353/wp.2008.0000.
[6] Immanuel Maurice Wallerstein, Africa: the politics of independence and unity, Bison Books ed (Lincoln: University of Nebraska Press, 2005).