Actualité
Appels à contributions
David Graeber, penseur de l’imagination (Ottawa, Canada)

David Graeber, penseur de l’imagination (Ottawa, Canada)

Publié le par Marc Escola (Source : Alexandre Crépeau)

Congrès de la Société québécoise de science politique (SQSP)

Université d’Ottawa, Ottawa, 29-31 mai 2024

APPEL À COMMUNICATIONS

Atelier : David Graeber, penseur de l’imagination

Le monde ne pourrait-il pas être autrement ? La vie et l’œuvre de David Graeber (1962-2020) auront été dédiées à ouvrir nos horizons politiques, à rendre un autre monde possible. Ce colloque cherchera à comprendre le rôle qu’a joué l’imagination au sein de son travail intellectuel et activiste. 

Comme s’il répondait à la condition décrite par Mark Fisher comme le « réalisme capitaliste », Graeber nous plonge dans notre passé et notre présent pour ouvrir une brèche dans laquelle dessiner notre avenir. Dans Utopia of Rules, il interroge la bureaucratie, définie comme antipode de l’imagination. Processus de formalisation et d’abstraction, elle homogénéise la « réalité », l’immobilise et l’aplanit. Ce faisant, elle cimente des relations de pouvoir inégalitaires et oppressives. Bullshit Jobs, via son portrait parlant de la souffrance contemporaine au travail, dévoile le vide central à ces expériences : vide de sens, mais plus encore vide de pensée, de création et d’imagination. Si Graeber diagnostique des grands maux de notre époque, ses études anthropologiques, portant autant sur les nouvelles manières de structurer notre présent politiqueque sur les manières passées d’organiser nos sociétés, mènent à reconsidérer ce qui est possible. 

L’imagination graeberienne souhaite ainsi passer outre les limites imposées par les systèmes d’oppression sous-tendant notre imaginaire. Graeber appelle à remettre en question ce qui nous semble naturel pour entrevoir ce qui pourrait être : un ordre plus juste et décent. Cette ontologie politique de l’imagination se décline comme projet intellectuel et politique ambitieux : suite à son décès prématuré en 2020, il devient nécessaire de le poursuivre. 

Le travail de Graeber étant assez récent, peu s’y sont penché·e·s en profondeur. Cette absence est particulièrement notable dans le monde francophone : bien que les concepts établis par Graeber soient assez connus, son œuvre demeure sous-théorisée. Le large déploiement des notions proposées par David Graeber témoigne pourtant de la pertinence de ses travaux et souligne la nécessité de les interroger davantage. Une posture hagiographique, par contre, ne nous intéresse guère : il s’agira par conséquent de creuser les manques, les angles morts et les pistes non explorées au sein de ses réflexions.  L’atelier vise donc à enrichir un pan de la recherche jusqu’ici négligé, en creusant l’œuvre d’un des théoriciens sociaux les plus largement reconnus de notre époque.  

Graeber écrit en réaction à diverses crises — politique, sociale, climatique, du travail — qu’il s’avère essentiel de théoriser davantage. À l’instar de Graeber, l’atelier propose ainsi d’alimenter les réflexions entourant ces crises : de creuser leurs causes et d’imaginer des débouchées possibles. Nous souhaitons permettre un espace de réflexion et de discussion pouvant enrichir nos conceptions non seulement de la pensée graeberienne, mais plus encore des divers enjeux qu’il participe à théoriser.

Les contributions porteront, sans s’y limiter, sur les axes suivants : pratiques démocratiques radicales, enjeux du travail, travaux traitant de la bureaucratie, de la dette ou de la théorie de la valeur, lectures et analyses des textes de Graeber.

Les personnes intéressées à offrir une contribution sont invitées à envoyer une proposition de communication (maximum de 300 mots), leurs coordonnées complètes et une courte biographie au comité d’organisation avant le 1er février 2024. 

Alexandre Crépeau, Université d’Ottawa, acrep018@uottawa.ca

Raphaël Ouellet, Université du Québec à Montréal, ouellet.raphael@courrier.uqam.ca

Sophie Bourgault, Université d’Ottawa, Sophie.Bourgault@uOttawa.ca