Actualité
Appels à contributions
L’excès - Ve Congrès AFUE – APEF – SHF (Grenade)

L’excès - Ve Congrès AFUE – APEF – SHF (Grenade)

Publié le par Vincent Ferré (Source : Carmen Alberdi)

Le Ve congrès co-organisé par l'AFUE, l'APEF et la SHF se tiendra à Grenade (Espagne) du 25 au 27 septembre 2024 autour de la thématique de "L'excès".

Les langues du colloque sont le français, l’espagnol et le portugais.
Les propositions sont à envoyer via le formulaire de soumission d’une proposition disponible sur le site. L’appel à communications sera ouvert jusqu’au 15 février 2024.
L’acceptation sera notifiée aux auteurs le 15 mai 2024.
Une fois les propositions de contribution acceptées par le comité scientifique, les inscriptions seront ouvertes du  16 mai au 20 juillet 2024.
Pour tout renseignement complémentaire, n'hésitez pas à nous contacter: afue-apef-shf2024@ugr.es

----------------

Faisant écho à la célèbre maxime sénéquienne, la citation de Sacha Guitry mise en exergue illustre la thématique autour de laquelle tournera le Ve Congrès des associations AFUE – APEF – SHF, qui se tiendra à Grenade du 25 au 27 septembre 2024. En effet, évoquant implicitement l’existence de limites posées par la doxa, l’excès peut aussi bien concerner tout ce qui va au-delà de ce qui est normatif, acceptable ou judicieux, que tout ce qui resterait en deçà de ces mêmes bornes. L’excès de liberté et l’excès de zèle pourraient ainsi incarner les deux côtés de la médaille : le trop et le trop peu.

Les limites, conventionnelles ou arbitraires, négociées ou imposées, codifiées ou implicites, mais fluctuantes aussi au gré des époques et des modes, incitent souvent d’elles-mêmes à la transgression et invitent toujours à des interprétations autant éthiques qu’esthétiques.  

Sans épuiser les possibilités épistémologiques de la thématique retenue, quelques pistes d’exploration sont fournies selon les axes thématiques du colloque


Les propositions sont à envoyer moyennant le formulaire de soumission d’une proposition .

    Le domaine artistique semble particulièrement lié à la conception de l’excès dans le sens de la démesure : le propre de l’artiste étant de transgresser toute entrave au déploiement de sa créativité, l’excès deviendrait « un débordement d’une volonté de vivre », et l’écriture, « un moyen d’explorer les territoires où le sujet perd ses limites » (Penjon, 2006, p. 7). « L’excès : signe ou poncif de la modernité ? », s’interrogeait l’ouvrage édité en 2009 par Bonnet et Verdier, qui y voient le « révélateur d’un mode opératoire enclin à une rupture des codes, du langage et du sens, brandie depuis la fin du XIXe siècle comme étendard de la valeur même de l’œuvre ». Or, à y regarder de près, l’excès a connu de multiples incarnations dans l’histoire littéraire et artistique : de l’hybris de la tragédie grecque aux dystopies futuristes, de la prolixité baroque à l’épuration parnassienne ou la sublimation symboliste, de l’exacerbation des passions, poussées jusqu’au paroxysme –tantôt synonyme de déperdition, tantôt antidote contre un rationalisme exaspérant et insipide– à l’irruption d’un déterminisme incontournable… De tout temps, l’excès de sens ou de non-sens, de dit ou de non-dit, de parole ou de silence, d’archaïsme ou de néologisation, tout comme la subversion des canons et la rupture vis-à-vis des limites imposées par le carcan de la tradition ont été moteurs de transformation et d’évolution générique, thématique, formelle… quitte à revenir, périodiquement, au non-excès du bon vieux réel, rassurant parce que saisissable et mensurable, comme dans la littérature de non-fiction des dernières décennies. En amont des œuvres, on le retrouve aussi parfois comme condition préalable à leur genèse, un état modifié de la conscience –induit par la consommation de drogues ou d’alcool, ou par des transes hypnotiques ou autres– étant censé doter de clairvoyance ou engendrer des visions surréelles ou monstrueuses. En aval, l’excès interroge l’esthétique de la réception et les études critiques, mais il pose aussi des questions éthiques lorsqu’il s’agit, par exemple, de l’adaptation de ces œuvres à un autre public cible, à une autre époque ou à un médium différent (adaptation théâtrale, filmique, bédéique…).

    Bonnet, Gilles & Verdier, Lionel (dir.) (2009). L'excès : signe ou poncif de la modernité ? Kimé.

    Penjon, Jacqueline (2006). Trop c’est trop : Études sur l’excès en littérature. Presses de la Sorbonne Nouvelle – Centre de Recherches sur les Pays Lusophones (CREPAL).

    Dans le domaine linguistique, la pratique discursive et langagière permet d’envisager l’excès selon des perspectives quantitatives et/ou qualitatives. Eu égard à la « quantité », le trop ou le trop peu font intervenir le degré d’informativité et d’exhaustivité des discours, qui constituent, au dire de Kerbrat-Orecchioni (1986, p. 214), les deux faces de la maxime de quantité du principe de coopération gricéen (Grice, 1975). Si la loi d’informativité prescrit qu’un énoncé ne doit jamais être informationnellement vide, la loi d’exhaustivité veut qu’il fournisse, en outre, le maximum d’informations pertinentes. Les analyses discursives sur corpus se prêtent sans doute à cette double approche. Or, dans notre époque de circulation et de pérennité rapides des informations et des discours sociaux –politiques ou médiatiques–, où l’immédiateté prime sur la véracité, la pertinence semble subordonnée à la viralité et une certaine « hashtagisation » semble préférable à de profondes analyses, les frontières du dicible et de l’indicible s’estompent, et la quantité termine par déborder sur la qualité. Dans cette perspective, le trop peu pourrait être exemplifié par le souci d’euphémisation, longtemps incarné par le « politiquement correct », qui, dans son acception la plus répandue, désigne, depuis la décennie 1960-1970, la volonté d’effacer des usages langagiers tout terme pouvant être perçu comme offensant ou dévalorisant, notamment vis-à-vis des minorités. De peur de franchir qualitativement les limites, on en vient souvent à les dépasser quantitativement, détours et paraphrases encombrant des discours qui n’en sont pas pour autant plus clairs, et l’excès de zèle donnant lieu à des formulations alambiquées, voire ridicules, comme le soulignent divers auteurs (Mermet, 2006 ; Lebouc, 2007 ; Nore, 2021). Avatar plus récent de cette tendance, l’écriture inclusive frôle aussi les limites pour nombre d’usagers –académiciens, artistes, enseignants ou simples locuteurs–, le besoin de revendiquer l’égalité de genre se heurtant selon certains à la lisibilité et l’intelligibilité des textes. Pour les plus extrémistes, ces débats devraient aussi s’accompagner d’un révisionnisme qui instaurerait un autre type d’excès découlant, lui, de la censure ou la réécriture d’œuvres d’époques précédentes, sous prétexte qu’elles enfreignent les normes actuellement en vigueur. Le revers de la médaille est représenté par certains détracteurs du politiquement correct qui y dénoncent des entraves à la liberté d’expression, l’infantilisation de l’opinion publique et l’encouragement des communautarismes, des replis identitaires et de la culture victimaire (Donzel, 2019). La deuxième moitié de la décennie 2010, qui voit coïncider l’essor de Twitter, l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis et la résurgence de mouvances d’extrême-droite un peu partout dans le monde, illustre dans ce sens un virage radical, l’excès verbal et le discours de haine étant normalisés au point d’engendrer un énorme paradoxe : « nous vivons dans un monde furieusement paradoxal, où la liberté de haïr n’a jamais été si débridée sur les réseaux sociaux, mais où celle de parler et de penser n’a jamais été si surveillée dans la vie réelle » (Fourest, 2020, p. 9).

    Donzel, Marie (2019). C’est quoi au juste, le « politiquement correct » ? Eve, 10 avril 2019. https://www.eveprogramme.com/40785/cest-quoi-au-juste-le-politiquement-correct/.

    Fourest, Caroline (2020). Génération offensée : De la police de la culture à la police de la pensée. Bernard Grasset.

    Grice, Herbert Paul (1975). Logic and conversation. Dans P. Cole et J.L. Morgan (éds.), Syntax and Semantics : Speech Acts, vol. 3 (pp. 41-58). Academic Press.

    Kerbrat-Orecchioni, Catherine (1986). L’implicite. Armand Colin.

    Lebouc, Georges (2007), Parlez-vous le politiquement correct ? Éditions Racine.

    Mermet, Gérard (2006). Francoscopie 2007 : pour comprendre les Français. Larousse

    Nore, Françoise (2021). Appelons un chat un chat ! Mauvais usage des mots, ça suffit ! Éditions de l’Opportun.

La durée prévue pour chaque communication est de vingt minutes. Outre ce format, le colloque offre l’opportunité à trente chercheurs et chercheuses de présenter leur recherche en relation avec la problématique de l’argumentaire au cours de trois séances de posters. Les posters constituent, notamment pour des recherches en cours, un moyen interactif de présenter les points forts et d’obtenir des retours de collègues d’horizons académiques et disciplinaires divers. Comme pour les communications, les propositions de poster seront examinées par le comité scientifique du colloque. Les auteurs sélectionnés devront fournir la version numérique en format pdf de leur poster au plus tard le 21 juillet 2024. Les posters seront imprimés en format A0 portrait par les soins du comité organisateur du colloque. Durant le colloque, les posters seront affichés dans le hall. 

Les langues du colloque sont le français et l’espagnol et le portugais

Vous trouverez l'argumentaire du colloque et l'appel à communications, ainsi que les modalités de soumission d'une contribution (communication ou poster) sur le site du colloque: https://sites.google.com/mrdatoproject.com/lexcescongres