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(Ré)écrire avec ChatGPT (Colloque 2024 de l'APFUCC, Univ. McGill, Montréal, Canada)

(Ré)écrire avec ChatGPT (Colloque 2024 de l'APFUCC, Univ. McGill, Montréal, Canada)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Loïc Million)

Colloque annuel de l’APFUCC 2024
Du 15 au 19 juin 2024
Université McGill
Montréal, Québec, Canada

Appel à propositions de communications

(Ré)écrire avec ChatGPT : pour une nouvelle didactique du français (langue et culture) à l’ère de l’intelligence artificielle


Responsables d’atelier :

Hasheem Hakeem, Northwestern University, hasheem.hakeem@northwestern.edu
Loïc Million, Simon Fraser University, loic_million@sfu.ca

Il est indéniable que les intelligences artificielles génératives (IAG), notamment ChatGPT, ont bouleversé l’enseignement des langues tout en y apportant des bénéfices non négligeables : de ses modalités de production langagière, d’un apprentissage gamifié, motivant et personnalisé à sa capacité de développer des matériels pédagogiques pour les enseignant.e.s (Cai, 2023 ; Kalla et Smith, 2023 ; Kohnke et al., 2023). Pourtant, le recours potentiel à ces outils continue d’engendrer de nombreuses craintes et préoccupations de la part des gouvernements, des institutions universitaires et du personnel enseignant en ce qui concerne l’intégrité académique, le manque de formation, comme de sensibilisation, à ces nouvelles formes de production du savoir (et les potentiels biais qu’elles contiennent) ainsi que la dévalorisation générale des compétences d’écriture critique (Byrd et al., 2023). 

Bien que nous reconnaissions les limites imposées par l’utilisation des IAG, il nous parait nécessaire de remettre en question les tendances actuelles visant à vilipender ces outils qui bouleversent et perturbent les pratiques normatives de l’enseignement et de l’évaluation (Roose, 2023). En effet, les IAG, telles que ChatGPT, révèlent un certain inconfort vis-à-vis de la transformation profonde et inévitable de nos pratiques éducatives. Nous considérons que ces tentatives égocentriques visant à réguler les IAG dans la salle de classe, sous couvert d’une éthique d’intégrité académique, camouflent plus une volonté de conserver le statuquo pédagogique qu’elles n’engagent une réelle discussion productive au service de l’apprentissage des étudiant.e.s.

Non seulement son bannissement (ou l’ultra-surveillance du processus d’écriture au sein des modalités d’évaluation) ne fait que renforcer sa visibilité, mais cette « chasse aux sorcières » comporte également des incidences, surtout pour les étudiant.e.s marginalisé.e.s et de première génération qui peuvent être particulièrement ciblé.e.s par de fausses accusations remettant en question l’intégrité de leur travail (Byrd et al., 2023). Cela est paradoxal dans une perspective d’équité, de diversité, d’inclusion et de décolonisation (EDID) en cela que les IAG peuvent être mises au service d’une amélioration de leurs compétences d’écriture académique. En réconciliant le « ton autoritaire » de ChatGPT (Kohnke et al., 2023) avec leurs propres voix, les étudiant.e.s parviendront à développer une compréhension nuancée des avantages et des inconvénients des IAG dans la production de la pensée, et ce, à travers un processus d’écriture et de réécriture. 

Dans la lignée des réflexions entamées par le groupe de travail de la Modern Language Association à ce sujet (2023) ainsi que de l’ouvrage d’Alexandre Gefen (Vivre avec ChatGPT, 2023), nous proposons de penser le développement d’une littéracie critique et soutenable de l’intelligence artificielle au sein de l’enseignement du français (langue et culture). Par « soutenabilité », nous entendons une approche visant à donner aux étudiant.e.s les outils pour devenir des apprenant.e.s autonomes, habiles et responsables tout au long de leur vie (Graham et Longchamps, 2022). 

Dans le cadre de cet atelier, nous invitons donc des propositions à la fois théoriques et pratiques sur le potentiel pédagogique, productif et durable des IAG afin d’améliorer l’expérience d’apprentissage des étudiant.e.s dans la classe de français (langue et culture) en milieux universitaire et scolaire :

  • Réflexions théoriques autour d’une dénormalisation de l’enseignement des langues, d’enjeux politiques liés à l’instrumentalisation des discours sur les IAG et de questionnements éthiques et existentiels
  • Réflexions pratiques comportant des exemples d’approches pédagogiques et d’activités/exercices intégrant les IAG dans l’enseignement des langues à tous les niveaux (du débutant à l’avancé ainsi qu’au sein des cours de linguistique/littérature et des études culturelles)
  • Exemples d’évaluations mettant l’accent sur le développement de la littéracie critique (et non sur des connaissances non-soutenables) que permettent les IAG
  • Réflexions autour d’une reconceptualisation des tâches de l’enseignant.e : quelle utilisation des IAG dans la préparation des cours et des plans de leçon ?
  • Réflexions autour de la formation et de la sensibilisation aux IAG : quelles politiques éducatives et quelles collaborations entre personnel administratif et enseignant ?
  • Études empiriques sur les perceptions des IAG (des étudiant.e.s comme des professeur.e.s) ou sur l’efficacité/les limites de ces outils par rapport à la production écrite des étudiant.e.s et à la prise de conscience des biais et des failles de ces systèmes

Date limite pour l’envoi des propositions (titre, résumé de 250-300 mots, adresse, affiliation et notice bio-bibliographique de 150 mots) à Hasheem Hakeem (hasheem.hakeem@northwestern.edu) et à Loïc Million (loic_million@sfu.ca) : avant le 15 janvier 2024.  

Le colloque annuel 2024 de l’APFUCC sera en personne. Il se tiendra dans le cadre du Congrès annuel de la Fédération des sciences humaines du Canada et la Fédération n’offre pas de soutien pour des interventions en ligne cette année. 

Les personnes ayant soumis une proposition de communication recevront un message des personnes responsables de l’atelier avant le 30 janvier 2024 les informant de leur décision. L’adhésion à l’APFUCC est requise pour participer au colloque. Il faut également régler les frais de participation au Congrès des Sciences humaines ainsi que les frais de conférence de l’APFUCC. De plus amples informations vous seront envoyées à ce sujet. Vous ne pouvez soumettre qu’une seule proposition de communication, présentée en français (la langue officielle de l’APFUCC), pour le colloque 2024.

Bibliographie

Byrd, A., Flores, L., Green, D., Hassel, H., Johnson, S.Z., Kirschenbaum, M., Lockett, A., Losh, E.M. et Mills, A. (2023). MLA-CCCC Joint Task Force on Writing and AI Working Paper: Overview of the Issues, Statements of Principles, and Recommendations. Modern Language Association. https://hcommons.org/app/uploads/sites/1003160/2023/07/MLA-CCCC-Joint-Task-Force-on-Writing-and-AI-Working-Paper-1.pdf

Cai, W. (2023, 24 février). ChatGPT can be powerful tool for language learning. University Affairs.

Gefen, A. (2023). Vivre avec ChatGPT. Éditions de l’Observatoire. 

Graham, C. et Longchamps, P. (2022). Transformative education: A showcase of sustainable and integrative active learning. Routledge.

Heaven, W.D. (2023, 6 avril). ChatGPT is going to change education, not destroy it. MIT Technology Review.

Kalla, D. et Smith, N. (2023). Study and analysis of Chat GPT and its impact on different fields of study. International Journal of Innovative Science and Research Technology, 8(3), 827-833.

Kohnke, L., Moorhouse, B.L. et Zou, D. (2023). ChatGPT for language teaching and learning. RELC Journal, 0(0), 1-14. 

Radio-Canada (2023, 16 mars). Duolingo recrute l’intelligence artificielle GPT-4 pour enseigner des langues. Radio-Canada.

Roose, K. (2023, 12 janvier). Don’t ban ChatGPT in schools. Teach with it. New York Times.