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Guerres, carcéralité et prisons coloniales : H(h)istoire, témoignages et représentations

Guerres, carcéralité et prisons coloniales : H(h)istoire, témoignages et représentations

Publié le par Eloïse Bidegorry (Source : Latifa SARI)

Guerres, carcéralité et prisons coloniales : H(h)istoire, témoignages et représentations

Coordonné par Latifa SARI M.

À la suite du colloque international sur les guerres et les prisons coloniales qui s’est déroulé les 13 et 14 novembre 2023 à l’Université de Tlemcen, le laboratoire de recherche LLC (Langues, Littératures, Cultures) lance un appel à contribution pour le volume 8, N°1 de la revue plurilingue ÉLLiC  « Guerres, carcéralité et prisons coloniales. H(h)istoire, témoignages et représentations » (parution du volume : juin 2024).

Argumentaire 

La réalité des guerres et leur ampleur brisent toute illusion de l’homme. Des crimes commis contre l’humanité, des atrocités infligées par les guerres et des plaies intérieures qui ne se referment jamais, rendent l’oubli impossible. Le spectre de la guerre ne cesse de hanter les lieux et les mémoires des êtres humains ayant vécu la barbarie, la fureur et les malheurs sous la domination coloniale. Des milliers d’individus ont été tués, massacrés, martyrisés ou envoyés en prison suite aux émeutes anticoloniales, aux conflits, aux révolutions et aux luttes armées. 

Exportée par le colonisateur, la prison était utilisée comme un instrument pour maintenir l’ordre sous la puissance coloniale, sa mission était d’assujettir les populations locales et contrôler les territoires. Sous couvert de civiliser les indigènes, l’administration coloniale usait de la prison pour lutter contre la criminalité en touchant à toutes les catégories sociales (hommes, femmes, adultes, mineurs). La prison était aussi une source importante pour l’économie coloniale. 

Une véritable structure pénitentiaire s’est édifiée à l’époque : camps de regroupement, camps de détention, asiles, foyers, fermes carcérales, casernes, hôpitaux psychiatriques, maisons d’arrêt, etc., ajoutant à cet ensemble les bagnes coloniaux (Cayenne/la Guyane, Île des Pins, Nouméa/la Nouvelle-Calédonie, Tataouine/Tunisie, Nosy Lava/la Sentinelle de fer/Madagascar, Obock/Gabon, Poulo-Condore/Indochine, …). Les prisons coloniales étaient non seulement un instrument de contrôle des hommes et des espaces, mais aussi un lieu d’exclusion et d’exécution de tous ceux qui ont contesté l’hégémonie coloniale (résistants, nationalistes, révoltés, opposants et indépendantistes). 

L’objet de ce volume est de porter un regard sur un passé colonial confus et épineux en concentrant la réflexion sur le phénomène de l’incarcération et l’univers pénitentiaire ; donner, en l’occurrence, un statut aux témoignages et aux représentations des prisonniers survivants dont les traces d’internement hantent jusqu’à ce jour les mémoires. En effet, la guerre s’invite en détention, elle est en corrélation avec le phénomène de l’incarcération, un passé colonial conjointement opéré par l’emprisonnement, l’isolement, l’exil, la privation, l’enfermement et la déportation. 

Dans cette perspective, l’accent est sur la politique coloniale quant à la réforme de répression dans les pays colonisés, notamment, la question des camps de regroupement, les déportations massives, l’exil contraint et la migration forcée qui restent encore un des phénomènes tragiques méconnus du système colonial pénitentiaire. 

Le discours testimonial et le récit mémoriel des prisonniers et prisonnières de guerre ayant vécu l’expérience carcérale, la torture et la répression seront au centre de notre réflexion. Un discours qui a la possibilité de dire et de transmettre une vérité historique (la guerre de la révolution algérienne, le soulèvement révolutionnaire en Indochine ou le Vietnam et autres territoires colonisés ayant subi le même sort comme l’Afrique du Sud, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Madagascar, le Cameroun, le Nigéria, …). 

S’interrogeant sur les modes de représentations de la guerre et du carcéral colonial, plusieurs questions nous interpellent : Comment les prisonniers survivants pourront-il témoigner d’une expérience carcérale dont le souvenir reste une blessure béante ? Quelle image pourront-ils transmettre d’eux-mêmes et de leur épreuve pénitentiaire ? Quels procédés discursifs et affectifs sont mis en œuvre dans leurs témoignages ? Comment ces prisonniers de guerre ou les survivants du carcéral colonial vont-ils contribuer à la re-construction d’une mémoire historique fondée sur la répression coloniale ? Qu’en est-il de l’éducation surveillée des mineurs à l’intérieur des prisons et la scolarisation des enfants dans les centres et les camps de regroupement ? Quelles représentations de l’univers pénitentiaire sont véhiculées par les médias, la fiction, le cinéma, la peinture, le dessin et la photographie ? L’écriture ou l’image pourront-elles panser les plaies intérieures ou effacer les horreurs que les prisonniers de guerre ont subies entre les murs des prisons ? 

La mémoire et le témoignage sont, certes, deux vecteurs fondamentaux dans l’écriture de l’Histoire, mais ils sont aussi des voies qui nous invitent à pénétrer un univers sombre destiné à l’effacement et au silence. Nous savons, a priori, que le témoignage carcéral trace le parcours narratif d’une descente aux enfers afin de montrer comment une telle expérience a été vécue avant d'être surmontée. Face aux conditions de vie, les détenus témoignent ou écrivent leur trajectoire carcérale pour dénoncer les atteintes corporelles et morales. Cette forme d’expression préconise le factuel en recourant en premier lieu au récit testimonial dans l’intention de dépeindre l’univers pénitentiaire et toutes les scènes traumatiques que vit le prisonnier de guerre ou le déporté dans cet espace, (la vie des prisonniers, le fonctionnement des prisons et des camps, les sanctions disciplinaires et les peines de cellule infligées aux prisonniers, les gardes et la surveillance des corvées, les opérations menées par les bourreaux et leurs méthodes d’exécution). 

Souvent, les récits des détenus assimilent la prison à un tombeau où l’Homme perd sa dignité et se trouve coupé de ses proches et du monde extérieur. Le cas des femmes algériennes, incapables de surmonter un vécu carcéral obscur, elles étaient contraintes à garder le silence de leur internement depuis l’indépendance. Emprisonnées par l’armée française (Aurès/Algérie) et astreintes à d’effroyables interrogatoires, ces prisonnières ont enfoui au fond de leur corps le souvenir traumatisant de leur incarcération (tortures, humiliations, angoisses, blessures, harcèlements, viols, souffrances...). Remonter aux faits pour expliquer la teneur pénitentiaire, ces témoins de l’ombre ressentent l'obligation de mobiliser des scènes et des faits passés sous silence pour donner au témoignage la valeur d'une mémoire vivante. 

Outre les témoignages et les représentations des prisonniers de guerre, ce volume s’intéressera aussi aux lieux et aux réseaux d’incarcération et d’enfermement en situation coloniale. Dans ce contexte, nous citons en exemple quelques prisons et bagnes coloniaux comme Lambèse (les Aurès), Nouméa (la Nouvelle Calédonie), la Guillotine sèche (la Guyane française), Poulo-Condore (Indochine),  Serkadji/Barberousse (Alger), Fresnes (Paris), les Baumettes (Marseille), Tifelfel (prison pour femmes/Aurès), Montluc (Lyon), Tataouine (Tunisie), Douera (Bône), Nosy Lava/la Sentinelle de fer (Madagascar), Paul-Cazelles (Djelfa), Coudiat Aty (Constantine), la prison rouge/Ferdjioua (Mila). Ces lieux de mémoire disent la résistance, la descente aux enfers et contribuent à la restitution des faits méconnus. La cartographie de ces établissements pénitentiaires ou l’archipel punitif/carcéral de l’armée française à titre d’exemple (en Afrique du nord, en Afrique subsaharienne, au Madagascar, en Indochine et Outre-Mer), avec leurs caractéristiques, leurs spécificités, les catégories de prisonniers qui y passaient, peuvent être considérés comme une référence dans la connaissance de l’univers concentrationnaire sous l’empire colonial. 

À cet égard, il apparaît fondamental de s'interroger sur les moyens à déployer pour reconstituer par le biais des témoignages et de la mémoire, l’Histoire de la carcéralité coloniale. Comment se réalise le double projet du témoin en dévoilant des faits historiques occultés jusque-là, réinstaurer la parole d’un passé carcéral traumatisant sur les détenus de guerre ? Comment rendre compte de l’expérience carcérale dans le contexte des guerres coloniales ? Quelles étaient les conditions de vie des détenus (indigènes ou opposants) face aux sanctions et à la rudesse des prisons coloniales ? Quelles interprétations attribuer aux silences et aux souvenirs refoulés des prisonniers survivants pour continuer à vivre ? 

Ce volume se propose de revisiter la thématique des guerres coloniales et leurs dérives, en s’intéressant à l’H(h)istoire, aux témoignages et aux représentations littéraires et artistiques de toutes les formes d’incarcération et d’emprisonnement, y compris les déportations et les camps de regroupement dans le contexte des guerres et des révolutions coloniales. 

Ce volume a pour objectif d’articuler sa thématique autour des axes suivants :

- La cartographie de l’univers concentrationnaire : prisons coloniales, camps de regroupement, d’internement ou de relégation et politiques pénales ;

- Le dispositif carcéral dans les colonies et ses traces dans les trajectoires mémorielles des prisonniers de guerre ;

- L’univers pénitentiaire et l’économie carcérale dans les témoignages des prisonniers : le travail pénal comme instrument de l’exploitation économique coloniale (travaux forcés, corvées, main-d’œuvre et production en milieu carcéral) ;

- L’itinérance ou la traversée des prisons, la déportation, l’exil, le transfert des prisonniers, la répression et la migration forcée entre imaginaire et réalité ;

- Témoignages : la réécriture du passé colonial et la réhabilitation de l’Histoire des prisons ; 

- Femmes combattantes, femmes prisonnières : incarcération, tortures et résistances au féminin ;

- Mémoires de prison : parcours carcéral des prisonniers et prisonnières de guerre (carnets de prison, journal intime, récit épistolaire, dessins, caricature murale, photos, poésie…) ;

- L’apport des témoignages des prisonniers survivants au Récit mémoriel : le carcéral colonial entre mémoire individuelle et mémoire collective ;

- Les prisons et la répression coloniale dans les médias, les documentaires et le cinéma ;

- La question pénitentiaire et les productions testimoniales, littéraires, médiatiques ou filmiques des prisonniers de guerre : esthétiques (procédés stylistiques, narratologiques, discursifs,  iconographiques, registres linguistiques, procédés affectifs) mobilisées par les témoins dans la mise en scène de l’expérience carcérale ;

- L’éducation surveillée des prisonniers mineurs et la scolarisation des enfants dans les centres et les camps de regroupement ;

- Archives publiques/privées, fonds, legs coloniaux ou héritage du carcéral colonial : que reste-t-il du patrimoine carcéral/colonial ?

Références bibliographiques

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DIKKÖTER Frank, BROWN Ian  (eds.), (2007), Cultures of Confinement. A History of the Prison in Africa, Asia and Latin America, London : Hurst & Company.

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HENNI Samia, (2017), Architecture of counterrevolution: The French Army in Northern Algeria, Zurich: gta Verlag.

HUGON Anne  (dir.), (2004), Histoire des femmes en situation coloniale. Afrique-Asie, xxe siècle, Paris : Karthala.

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KHOSROKHAVAR Farhad, (2016), Prisons de France. Violence, radicalisation, déshumanisation. Quand surveillants et détenus parlent, Paris : Robert Laffont.

MINICONI Paul & SÉNATEUR Franck, (2016), Poulo-Condore, le bagne d’Indochine, Paris: Gobelins, L’école de l’image.

SACRISTE Fabien, (2022), Les camps de regroupement en Algérie. Une histoire des déplacements forcés (1954-1962), Presses des Sciences Po, Collection : Académique.

SENATEUR Franck, MAURO Paul et COGNAUD Bernard, (2008), Martinière : Le transport des forçats 1910-1955, Éditions Marines.

SLYOMOVICS Susan, (2018), « “Other Places of Confinement”: Bedeau Internment Camp for Algerian Jewish Soldiers », in The Holocaust and North Africa, Edited by Aomar Boum and Sarah Abrevaya Stein. Palo Alto: Stanford University Press.

SURET-CANALE Jean, (1977),  Afrique Noire. L'ère coloniale (1900-1945), Paris : Sociales.

THENAULT Sylvie (dir.), (2008), « L’internement en France pendant la guerre d'indépendance algérienne », Matériaux pour l'histoire de notre temps, n° 92, octobre-décembre.

THENAULT Sylvie, (2012), Violence ordinaire dans l’Algérie coloniale. Camps, internements, assignations à résidence, Paris : Odile Jacob.

THIOUB Ibrahima, (1999), Sénégal : la prison à l’époque coloniale. Significations, évitements et évasions, Paris : Karthala.

VOULET Jacques, (1951), Les prisons, Paris, PUF, [Collection Que-sais-je].

ZINOMAN Peter, (2001), The Colonial Bastille. A History of Imprisonment in Vietnam 1862-1940, University of California Press. 

Modalités de soumission
Les contributeurs sont invités à soumettre leurs propositions d’articles (après inscription) à l’adresse de la revue : https://journals.univ-tlemcen.dz/ELLIC/index.php/ELLIC/
Les propositions doivent suivre le Template de la revue, disponible et téléchargeable sur le site de la revue :

https://journals.univ-tlemcen.dz/ELLIC/index.php/ELLIC/about/submissions

Calendrier indicatif
Date de tombée (deadline) : 20 février 2024

Retour des évaluations : 30 mars 2024

Remise des articles définitifs après navettes : 10 mai 2024

Parution : juin 2024

La Revue Plurilingue ÉLLiC est publiée par le laboratoire de recherche LLC " Langues, Littératures et Cultures" https://llc.univ-tlemcen.dz/

Adresse : Université de Tlemcen/Algérie

Wars, Carcerality and Colonial Prisons : (Hi)Story, Testimonies and Representations

Deadline: February 20th, 2024

University of Tlemcen – Algeria

LLC Research Lab

Call for Contributions to the Volume 8, N°1/2024

The Multilingual Journal ÉLLiC

Wars, Carcerality and Colonial Prisons : (Hi)Story, Testimonies and Representations

Guest-edited by Latifa SARI M.

 Theme

  Wars reality and magnitude shatter all human illusions. The crimes committed against humankind, the atrocities inflicted by the wars and the internal wounds that never heal make it impossible to forget. The spectre of war never ceased to haunt the places and memories of the human beings who experienced the barbarity, fury and woes of colonial rule. Thousands of people were killed, massacred, martyred or sent to prison as a result of anti-colonial riots, conflicts, revolutions and armed struggles.

Exported by the colonizer, the prison was used as an instrument for maintaining order under the colonial power, its mission being to subjugate the local populations and control the territories. Under the guise of civilizing the natives, the colonial administration used the prison to fight crime, affecting all social categories (men, women, adults, minors). Prisons were also an important source of income for the colonial economy.

   A real penitentiary structure was built at the time: regroupment camps, detention camps, asylums, housing centres, prison farms, barracks, psychiatric hospitals, detention centres, in addition to colonial jails (Cayenne/Guyana, Île des Pins, Nouméa/New Caledonia, Tataouine/Tunisia, Nosy Lava, la Sentinelle de fer/Madagascar, Obock/Gabon, Poulo-Condore/Indochina, etc.). Colonial prisons were not only an instrument for controlling men and spaces, but also a place of exclusion and execution for all those who had challenged colonial hegemony (resistants, nationalists, rebels, opponents and independence fighters).

   The aim of this journal issue is to examine a confused and controversial colonial past by focusing on the phenomenon of incarceration and the penitentiary universe; to give, in this case, a status to the memory, the testimonies and the representations of the surviving prisoners whose traces of internment haunt memories to this day. Indeed, war is summoned within detention, it is correlated with the phenomenon of incarceration; a colonial past jointly convened by imprisonment, isolation, exile, deprivation, confinement and deportation. 

   In this perspective, the emphasis of the issue will be on the colonial policy of repressive reform in the colonised countries, notably the question of regroupment camps, massive deportations, imposed exile and forced migration, which are still little-known tragic phenomena of the colonial penitentiary system. 

   The testimonial discourse and the memorial narrative of male and female prisoners of war who lived through the experience of imprisonment, torture and repression will be at the centre of this volume. A discourse that is able to tell and transmit the historical truth of the Algerian war of revolution, the revolutionary uprising in Indochina or Vietnam and other colonised territories that had suffered the same fate, such as South Africa, Senegal, Ivory Coast, Madagascar, Cameroon, Nigeria, Vietnam etc. 

   When investigating the modes of representation of the war and the colonial prison, several questions arise: How can surviving prisoners testify to a carceral experience whose memory remains a gaping wound? What image will they be able to transmit of themselves and of their prison ordeal? What discursive and affective processes are employed in their testimonies?  How will these prisoners of war or survivors of colonial prisons contribute to the re-construction of a historical memory based on colonial repression? What about the supervised education of minors inside prisons and children schooling in regroupment centers and camps? What representations of the penitentiary universe are conveyed by the media, fiction, cinema, painting, drawing and photography? Can words and images heal the inner wounds or erase the horrors that the prisoners had suffered within the walls of prisons? 

   Memory and testimony are indeed two fundamental vectors in writing History, but they are also paths that invite us to penetrate a dark universe destined for erasure and silence. We know, a priori, that carceral testimony traces the narrative course of a descent into hell in order to show how such an experience was lived before being overcome. Faced with their living conditions, prisoners testify or write about their carceral trajectory in order to denounce physical and moral abuse. This form of expression advocates the factual by resorting first and foremost to the testimonial narrative with the intention of depicting the penitentiary universe and all the traumatic scenes experienced by the prisoner of war or deportee in this space (the life of the prisoners, the functioning of the prisons and camps, the disciplinary sanctions and cell sentences  inflicted on the prisoners, the guards and the supervision of the drudgery, the operations carried out by the tormentors and their methods of execution). It takes the form of a means to denounce such inhumane practices and to fight against all the forms in which they are carried out. 

   The prisoners’ accounts often equate the prison with a tomb where Man loses his dignity and finds himself cut off  from his loved ones and the outside world. Such is the case of Algerian women who were unable to overcome an obscure carceral ordeal and were forced to keep silent about their internment since independence. Imprisoned by the French army (Aures/Algeria) and forced to undergo appalling interrogations, these women prisoners have buried the traumatic memory of their incarceration deep inside their bodies (tortures, humiliations, anguish, injuries, harassment, rape, suffering, etc).  

   In addition to the testimonies and representations of prisoners of war, the volume will also examine the places and networks of incarceration and confinement in the colonial situation. In this context, we can cite as examples some colonial prisons and penal colonies such as Lambèse (the Aurès), Nouméa (New Caledonia), the dry Guillotine (French Guyana), Poulo-Condore (Indochina), Serkadji/Barberousse (Algiers), Fresnes (Paris), les Baumettes (Marseille), Tifelfel (women prison/Aurès), Montluc (Lyon), Tataouine (Tunisia), Douera (Bône), Nosy Lava/la Sentinelle de fer (Madagascar), Paul-Cazelles (Djelfa), Coudiat Aty (Constantine), the red prison /Ferdjioua (Mila).

   These places of memory recount the resistance, the descent into hell, and contribute to the restitution of little-known facts. The cartography of these penitentiary institutions or the punitive/carceral archipel ago of the French army as an example (in North Africa, Sub-Saharan Africa, Madagascar, Indochina and overseas) with their characteristics, their specificities, the categories of prisoners who passed through them, can be considered as a reference to know more about the concentration universe under the colonial empire. 

   Relying on facts to explain the prison reality, the witnesses feel obliged to involve scenes and facts that have been kept secret in order to bestow the value of a living memory upon the testimony. Unable to talk about their carceral experiences, these witnesses of the darkness or the surviving war prisoners often choose silence, solitude and withdrawal as a way of life.

   In this respect, it seems fundamental to raise questions about what means to implement in order to reconstitute the History of colonial carcerality through the testimonies and the memories of surviving prisoners. How is the double project of the witness realised by revealing historical facts that have been hidden hitherto and restoring the voice of a traumatic prison past for the prisoners of war? How to render the prison experience in the context of the colonial wars? What were the living conditions of the detained (natives or opponents) in front of the punishments and harshness of colonial prisons? How to interpret the silences and the repressed memories of the surviving prisoners in order to carry on living? 

   Thus, this journal issue proposes to revisit the theme of colonial wars and their abuses by investigating the History, testimonies and literary and artistic representations of all forms of incarceration and imprisonment, including deportation and regroupment camps in the context of colonial wars and revolutions. 

The reflection will focus on the following themes:

- The cartography of the concentration universe: colonial prisons, regroupment, internment or relegation camps, and penal policies;

- The carceral system in the colonies and its traces in the memorial trajectories of the prisoners of war; 

- The penitentiary universe and the carceral economy in the prisoners’ testimonies: penal labour as an instrument of colonial economic exploitation (forced labour, drudgery, labour and production in the carceral environment); 

- Itinerancy or the crossing of prisons, deportation, exile, transfer of prisoners, repression and forced migration between imagination and reality 

- Testimonies: the rewriting of the colonial past and the rehabilitation of the History of prisons; 

- Women fighters, women prisoners: incarceration, torture and feminine resistance 

- Memories of prison: the carceral journey of male and female prisoners of war (prisoners’ accounts, personal diaries, epistolary accounts, drawings, wall caricatures, photos, poetry, etc); 

- The contribution of surviving witnesses/prisoners to the memorial Narrative: the colonial prison between individual and collective memory;

- Colonial prisons and repression in the media, documentaries and cinema; 

- The penitentiary question and the testimonial, literary, media or film productions of the prisoners of war: aesthetics (stylistic, narratological, discursive, iconographic processes, linguistic registers, affective processes) mobilized by the witnesses in the staging of the carceral experience;

- The supervised education of minor prisoners and the schooling of children in regroupment camps;

- Public/private archives, holdings, colonial legacies or the legacy of colonial prison: what is left of the carceral/colonial heritage? 

How to submit:

Contributors are invited to submit proposals for articles (after registering) on the website of the journal: https://journals.univ-tlemcen.dz/ELLIC/index.php/ELLIC/

The proposed articles should follow the template of the journal, available for download at 

https://journals.univ-tlemcen.dz/ELLIC/index.php/ELLIC/about/submissions

Important dates
Deadline: 20 February 2024

First round of reviewing process: 30 March 2024

Final submission of amended articles after the reviews: 10 May 2024

 Publication : June 2024

The Multilingual Journal ÉLLiC is published by LLC Research Lab "Languages, Literatures and Cultures" https://llc.univ-tlemcen.dz/

Address: University of Tlemcen/Algeria