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Colloque annuel du Groupe d'Études Sartriennes (Paris)

Colloque annuel du Groupe d'Études Sartriennes (Paris)

Publié le par Esther Demoulin (Source : Esther Demoulin)

Appel à communications

Colloque annuel du Groupe d’Études Sartriennes

 

Paris, les 21 & 22 juin 2024

 

 

Le Groupe d’Études Sartriennes (GES) lance son appel pour le colloque annuel qui se tiendra les vendredi 21 et samedi 22 juin 2024 à Paris.

L’objectif du GES, qui réunit chaque année une soixantaine de spécialistes de Sartre (universitaires ou non) est de soutenir le développement des perspectives nouvelles sur cette œuvre majeure, de permettre aux enseignant.e.s et aux chercheur.se.s de présenter leurs travaux en cours et de promouvoir les études sartriennes à un niveau national et international.

Le GES propose aux enseignant.e.s et chercheur.se.s débutant.e.s ou confirmé.e.s de soumettre une proposition de communication scientifique originale portant sur la pensée et les écrits de Sartre (littérature, philosophie, textes politiques), ou dont l’objet (auteur, question) est en relation directe avec ceux-ci.

Pour l’édition 2024, le GES souhaite encourager deux séries de propositions de communication portant sur « 1848 » et « la théâtralité », bien que les propositions « Varia » soient également bienvenues.

 

I. « 1848 »

 

« 1848 : la chute de la monarchie prive la bourgeoisie de sa ‘‘couverture’’ ; du coup la Poésie perd ses deux thèmes traditionnels : l’Homme et Dieu ». Ces mots qui ouvrent Mallarmé. La lucidité et sa face d’ombre, constituent les linéaments de tout un programme de recherche que Sartre explorera par la suite à plusieurs moments décisifs de son œuvre, notamment dans le tome III de L’Idiot de la famille, et à la fin du tome I de la Critique de la raison dialectique. Mais de quoi 1848 est-il le nom pour Sartre ?

– 1848, c’est d’abord le nom d’un moment social et politique clé dans l’histoire de la formation de la classe bourgeoise en France. Une première piste de réflexion pour notre colloque consisterait alors à interroger le travail historien de Sartre sur 1848 à la lumière des enquêtes de Marx dont il se réclame (dont, outre Le 18 Brumaire, Les Luttes de classe en France) ; à l’aune également de l’historiographie du moment 1848 : celle que mobilisait Sartre (Henri Guillemin par exemple[1]), ou celle qui a cours aujourd’hui (Michèle Riot-Sarcey et Maurizio Gribaudi notamment[2]).

– 1848, c’est aussi le nom d’un moment esthétique sans précédent dans ce que Sartre appelle, à la suite de Hegel, « l’esprit objectif » de l’époque. Un deuxième axe de notre colloque consisterait à se demander dans quelle mesure les biographies existentielles d’écrivains permettent d’approfondir l’intelligibilité d’une séquence historique ; dans quelle mesure également le sens d’une époque est décelable à travers son esprit objectif, c’est-à-dire à travers l’ensemble des œuvres et des pratiques culturelles qu’elle sécrète.

– 1848, c’est encore le nom d’un événement dont la durée, les contradictions et l’épaisseur dialectiques continuent à traverser notre présent, comme une sorte de matrice d’intelligibilité, peut-être même comme un mythe de référence, ainsi que Lévi-Strauss le suggérait à propos de 1789. Une troisième piste de réflexion de notre colloque pourrait examiner le rôle que jouent le 1848 politique et le 1848 littéraire dans les savoirs situés et les positionnements intellectuels de Sartre entre les années 50 et le mitan des années 70, moment où il est impliqué dans le protocole d’écriture de L’Idiot de la famille.

Les trois pistes proposées ne sont bien entendu pas exhaustives. Le Groupe d’Études Sartriennes souhaite, en mettant à l’honneur le moment 1848, ouvrir un espace de discussion fructueux commun aux littéraires, aux philosophes et aux historien.nes, dans l’espoir de contribuer au décloisonnement des savoirs.

 

II. La théâtralité

 

Si 1848 est un moment de rupture entre l’écrivain et la chose publique, le théâtre a toujours été pensé par Sartre comme le lieu par excellence de l’engagement de l’écrivain. Là où le genre romanesque, chez Sartre, procède de l’universel vers le singulier (un discours sur les lieux communs construit une focalisation interne) ; le genre dramatique, au contraire, procède du singulier vers l’universel (l’identification aux personnages doit céder la place à la conscience critique de son époque)[3]. Mais qu’est-ce qui, dans le théâtre de Sartre, se prête idéalement à la représentation scénique ? Tenter de répondre à cette question permettrait de redéfinir à nouveaux frais la spécificité de la théâtralité sartrienne.

– Les didascalies des pièces sartriennes, mais aussi les relations entretenues avec les directeurs.rices de théâtre, les acteurs, les actrices et les metteurs en scène de ses pièces[4] pourraient fournir une première piste de réflexion pour notre colloque.

– La théâtralité renvoie également au travail sur la langue théâtrale. Sartre a toujours voulu faire tenir ensemble l’identification aux personnages et la distanciation propre au théâtre épique de Brecht. Cette tension nécessitait à ses yeux un travail particulier sur la langue des personnages qui pourrait faire l’objet d’une deuxième piste de travail.

– Enfin, Sartre a élaboré – surtout dans son adaptation de Kean et dans le premier tome de L’Idiot de la famille – une théorie de l’acteur. Une autre piste de réflexion pour notre colloque consisterait à (ré)interroger cette théorie sartrienne de l’acteur, tout comme la réflexivité à l’œuvre dans ses pièces.

Ces trois pistes ne sont de nouveau pas exhaustives, et toute proposition plus largement portée sur le théâtre de Sartre est évidemment la bienvenue. Le Groupe d’Etudes Sartriennes désire, en réinterrogeant collectivement la théâtralité sartrienne, entrer en dialogue avec des spécialistes en arts du spectacle, des metteur.se.s en scène et des historiens du théâtre du xxe siècle.

 

Les communications, généralement présentées en français, peuvent également l’être en anglais. Dans ce cas, il sera demandé à l’orateur de fournir, à l’avance, un résumé en français à destination des auditeurs du colloque.

Les propositions de communication, qui doivent comporter un titre et un résumé en un paragraphe, sont à faire parvenir au GES pour le 31 janvier 2024. Les communications ne devront pas excéder 30 minutes.

Prière de faire parvenir vos propositions de communication à l’adresse du secrétariat du GES : ges.secretariat@gmail.com">ges.secretariat@gmail.com

Site : http://ges-sartre.fr

 

[1] Henri Guillemin, La Tragédie de Quarante-Huit, Genève, Au Milieu du Monde, 1948 ; Le Coup du 2 décembre, Paris, Gallimard, 1951.

[2] Mauricio Gribaudi, Michèle Riot-Sarcey, 1848, la révolution oubliée, Paris, La Découverte, 2008 ; Michèle Riot-Sarcey, Le procès de la liberté. Une histoire souterraine du xixe siècle en France, Paris, La Découverte, 2016.

[3] Jean-François Louette, « Écrire l’universel singulier », dans Michel Contat (dir.) Pourquoi et comment Sartre a écrit « Les Mots », Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Perspectives critiques », 1997, p. 373-416.

[4] Soit Charles Dullin, Raymond Rouleau, Michel Vitold, Pierre Valde, Louis Jouvet, Pierre Brasseur, Jean Meyer, François Darbon et Michel Cacoyannis.