Traduit de l’anglais (États-Unis) par Thierry Gillybœuf
Cet essai offre une plongée inédite dans le bestiaire authentique de Moby Dick d’Herman Melville, guidée par un fin connaisseur de son œuvre et de nos océans. Cette perspective nouvelle replace Moby Dick dans une tradition de nature writing maritime.
En qualité de grand roman de la mer publié en 1851, Moby Dick est le reflet de toutes les connaissances maritimes de son époque. Rédigé sous forme de récit-essai, le texte de Richard J. King nous emmène dans un voyage chronologique qui étudie les sources scientifiques de Melville, ce qu’il a utilisé et ce qu’il a déformé pour servir sa fiction. Il y compare les visions du monde du capitaine Achab et du narrateur Ismaël à celles que nous avons de l’océan aujourd’hui et soutient qu’Ismaël révèle les inclinations de Melville à une forme d’écologie.
Servi par une écriture claire et espiègle, ce récit s’enrichit d’entretiens avec des scientifiques, des pêcheurs et des observateurs de baleines contemporains, offrant ainsi un aperçu de l’évolution de notre relation avec l’océan.
Richard J. King est essayiste, auteur de plusieurs livres sur la faune marine. Il est professeur invité à la Sea Education Association et chercheur associé au département de littérature de l’Université de Californie-Santa Cruz. Il a participé au programme d’études côtières et océaniques du Williams College and Mystic Seaport Museum. King est également illustrateur et il tient une chronique trimestrielle pour le magazine Sea History. Il possède une grande expérience de la navigation, ayant voyagé sur de grands voiliers pendant plus de 25 ans et traversé l’Atlantique en solitaire en 2007.
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Le mot du libraire : L’écume des pages (Paris)
«De temps à autre, certaines maisons d’édition proposent, sortis de tel chapeau de magicien ou de telle manche de joueur de bonneteau, des textes dont on rêvait l’existence en secret et qui, en réalité, mûrissaient déjà depuis de longues années, n’attendant que l’éditeur assez libre pour exaucer leur droit à la vie. On se réjouit donc océaniquement de la parution aux merveilleuses Éditions La Baconnière de La Mer déchaînée d’Achab: une histoire naturelle de "Moby Dick" de Richard J. King, traduit par Thierry Gillybœuf.
À contempler cet imposant volume, on ne peut qu’être frappé par la ressemblance physique avec le livre matriciel de Melville – même format, même épaisseur –, mais cette similarité va plus loin, puisque ce qui rebute d’ordinaire les lecteurs réticents à Moby Dick, à savoir le caractère scientifico-digressif du livre, capable de dérouler sur des dizaines des pages des considérations anatomiques sur les cétacés, est justement prolongé dans cet essai inspiré et érudit, qui poursuit le geste melvillien résumable à ceci: la curiosité insatiable d’un enfant contemplant un livre d’images.
Car il y a de cela chez Melville, et donc aussi dans cet essai: la découverte d’un être insaisissable, par là même fascinant, qu’on cherche à décortiquer sur toutes les coutures parce qu’on sait qu’on n’y parviendra jamais intégralement et que cette quête obsessionnelle comporte en elle-même tout le désir d’une vie. Lire Moby Dick et lire à sa suite l’enquête de Richard J. King, c’est renouer avec le même plaisir matérialiste et tétanisant de l’enfant voyant, petit, surgir sur l’écran de cinéma le calamar géant dans le Vingt mille lieues sous les mers de Richard Fleischer. La science n’est pas une conscience; c’est un navire, un sous-marin.»