Collectif
Nouvelle parution
Éléonore Reverzy, Agnese Silvestri (dir.), Balzac et l'imaginaire du brigandage

Éléonore Reverzy, Agnese Silvestri (dir.), Balzac et l'imaginaire du brigandage

Publié le par Eloïse Bidegorry (Source : Classiques Garnier)

Balzac et l'imaginaire du brigandage

Sous la direction de Éléonore Reverzy et Agnese Silvestri

Paris, Classiques Garnier, Rencontres, 2023

Cet ouvrage interroge la façon dont Balzac mobilise l’imaginaire du brigandage. Littéraires et historiens se penchent sur les reconfigurations narratives que Balzac en propose ainsi que sur ses enjeux herméneutiques, à un moment de crise où se produisent de profondes transformations sociales.

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Extrait :

Durant l’été 1830, Balzac qui séjourne alors en Touraine aux côtés de Mme de Berny, écrit à Victor Ratier, le cofondateur de La Silhouette, revue à laquelle il collabore :

"Figurez-vous ensuite que j’ai fait le plus poétique voyage qui soit possible en France : aller d’ici au fond de la Bretagne, à la mer, par eau […] ; je sentais mes pensées grandir avec ce fleuve, qui, près de la mer, devient immense. Oh ! mener une vie de Mohican, courir sur les rochers, nager en mer, respirer en plein l’air, le soleil ! Oh ! que j’ai conçu le sauvage ! oh ! que j’ai admirablement compris les corsaires, les aventuriers, les vies d’opposition […]."

Roland Chollet a déjà remarqué combien l’écrivain, déçu et inquiet de l'échec commercial du Dernier Chouan et en même temps dégoûté par le journalisme dans lequel il s’est lancé, exprime ainsi un « rêve infantile de révolte ». Car l'attrait fantasmatique pour un modèle de vie libre, sauvage et rebelle est ici patent, bien que le jeune romancier admette, sous la férule des contraintes de la vie réelle, qu’il devra peut-être le conserver à l’état de projections rêvées :

« Revenu ici sans argent, l’ex-corsaire est devenu marchand d’idées », note-t-il, non sans élever ainsi une protestation contre les structures qui déterminent désormais le marché littéraire et empêchent de se consacrer sérieusement à la création artistique. Il se plaint : « je crois que la littérature est, par le temps qui court, un métier de fille des rues qui se prostitue pour cent sous : cela ne mène à rien [...]"

Ce que les travaux recueillis ici ont cherché à explorer est justement la présence, le poids et la fonction autant narrative que symbolique dans l'œuvre de Balzac d’un imaginaire, celui du brigand et des figures qui lui sont strictement apparentées : flibustiers, Mohicans, bandits de grand chemin, chauffeurs, contrebandiers, maquisards… Un ensemble de représentations collectives, tendant à la typisation, qu’il importe donc de distinguer de l’ensemble, plus vaste, associé au criminel romantique, bien qu’elles soient évidemment liées.