JOE BOUSQUET
Âgé de 21 ans seulement, le 27 mai 1918, alors qu’il est engagé dans les combats de la Première Guerre mondiale, Joe Bousquet (1897-1950) est blessé par un éclat d’obus qui touche sa colonne vertébrale et le contraint à mener désormais une vie immobile. Durant plus de trente ans qui lui restent à vivre, il composera une œuvre foisonnante, multiforme, dont la poésie constitue le noyau irradiant. Par l’écriture, il saura transfigurer une existence banalement tragique en un destin. Une écriture à la vérité singulière, qui est le lieu d’une obscurité et d’une incandescence qui, très tôt, ont situé Joe Bousquet, cet « homme d’Oc », au plus proche du romantisme allemand. Si cette œuvre à part devait susciter l’admiration de tant d’artistes et d’écrivains, la personnalité attachante de l’auteur lui vaudra des amitiés ferventes. C’est ainsi que sa chambre du 53 de la rue de Verdun, à Carcassonne, deviendra l’un des pôles magnétiques de la vie littéraire et artistique de son siècle. Il est temps aujourd’hui de relire, de redécouvrir celui qui écrivait : « Vous savez ce que j’ai voulu, à quelle place j’ai été introduit par le sort dans l’équipe poétique de ce temps : j’ai voulu forger un langage à moi, mais que tout le monde comprenne, et d’une parole confidentielle faire la voix de toutes les peines. »
MAX-PHILIPPE DELAVOUËT
Il est l’une des grandes voix poétiques de notre temps. Né à Marseille en 1920, il a vécu toute sa vie au mas du Bayle-Vert, en lisière de Crau. Tout en cultivant les terres du domaine jusqu’à sa mort en 1990, il se consacra à la gravure, à la création graphique et à l’édition artisanale sur beau papier. Et surtout, Max-Philippe Delavouët composa au fil des ans une œuvre poétique fascinante, d’un « éclat dont peu de poètes sont capables », comme l’observa Philippe Jaccottet. Ne dérogeant jamais au choix du provençal, il publia toujours en regard de ses poèmes la traduction française assurée par ses soins. Dans son attention sensible au paysage humain, minéral et végétal, la poésie de Delavouët prend appui sur le monde concret que la parole élargit à une dimension cosmogonique et transcende à la fois par la vision mythique et par une assomption de la langue qui rend palpable l’écoulement du temps à travers les mots.