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"Le sexisme implicite". Entretien avec Toni Schmader, par Sélima Kebaïli
Que ce soit au travail, à l’école ou dans les relations personnelles, les préjugés sexistes implicites sont toujours bien présents. De plus, malgré les nombreuses tentatives de prévention des stéréotypes et de leurs effets, ils continuent d’affecter les performances, les préférences et les opinions des individus.
Toni Schmader est psychologue sociale, spécialisée dans la psychologie culturelle, et s’intéresse notamment aux questions liées au genre et à l’identité. Elle est professeure au département de psychologie de l’université de Colombie-Britannique et directrice du consortium Engendering Success in STEM. Ses travaux explorent la manière dont les stéréotypes, en particulier ceux liés au genre, peuvent avoir un impact sur divers aspects de la vie des individus, y compris leurs performances académiques et professionnelles.
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La Vie des idées : Malgré des efforts déployés au niveau organisationnel, les préjugés de genre persistent. Quelle est la prévalence de ces préjugés et pourquoi sont-ils si difficiles à enrayer ? Quelles sont les principales raisons qui expliquent cet écart entre les efforts actifs déployés pour accroître l’égalité entre les hommes et les femmes et la persistance des disparités ?
Toni Schmader : Je consacre une grande partie de mes recherches à étudier l’expérience des femmes qui travaillent dans des domaines fortement dominés par les hommes, tels que l’informatique, certaines sciences physiques et l’ingénierie. Dans ces domaines, en particulier, nous pensons souvent que les disparités ou les préjugés proviennent de formes explicites de discrimination ou de harcèlement sexuel.
Mais ce que l’on oublie souvent, c’est qu’il existe des préjugés plus subtils, des préjugés implicites qui persistent également et qui, à certains égards, sont beaucoup plus pernicieux. En effet, ce que j’entends par préjugés ou stéréotypes implicites, c’est une tendance automatique à associer des domaines comme l’ingénierie, par exemple, davantage aux hommes qu’aux femmes, et le simple fait d’avoir cette association cognitive peut signifier que les gens trouvent plus surprenant de voir des femmes travailler dans ces domaines.
Il est plus difficile d’imaginer qu’elles peuvent atteindre les mêmes niveaux de réussite professionnelle, et ces types de stéréotypes implicites peuvent compromettre la capacité des femmes à réussir autant qu’elles le pourraient. Et il est beaucoup plus difficile de changer ce type de stéréotypes. D’une certaine manière, ces associations implicites se forment parce que nous vivons dans un monde où les hommes et les femmes exercent des professions différentes et assument des rôles différents. […]
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Cet entretien s’inscrit dans le partenariat noué entre laviedesidees.fr avec le Center for Advanced Study in the Behavioral Sciences de l'Université Stanford. La liste des articles déjà en ligne est consultable ici…