Au bord du visible. Littérature comparée et visualité. Colloque annuel 2023 de l'Association Suisse de Littérature Générale et Comparée (Lugano)
Au bord du visible. Littérature comparée et visualité
Sull’orlo del visibile. Letterature comparate e visualità
Congrès annuel ASLGC/SGAVL
Du jeudi 16 novembre 2023 - 13h00 au vendredi 17 novembre 2023 - 18h00
Università della Svizzera italiana - Campus Ovest, Auditorium
L’"expansion intermédiale" (Fusillo 2014:24-29) constitue l’une des lignes de développement les plus vivantes du comparatisme aujourd’hui. Un comité de recherche sur la "littérature, les arts et les médias" est actif au sein de l’Association internationale de littérature comparée (AILC/ICLA); de nombreuses sociétés nationales ont organisé et organisent des conférences sur le sujet; des séries d’édition et des revues sur les littératures comparées et la théorie littéraire consacrent une large place aux monographies et aux articles sur le sujet.
La ferveur actuelle correspond à une histoire assez récente et pas tout à fait linéaire. La première annexion explicite de ce champ d’étude à la littérature comparée date de 1961, avec la définition de H. H. Remak, qui identifie l’objet de la discipline comme la "comparison of one literature with another or others, and the comparison of literature with other spheres of human expression" (Remak 1961:3). Dans le même ordre d'idées, mais de manière plus prudente, Paul Scher (1984) et Ulrich Weisstein (1992) définissent les études inter-arts comme un "komparatistisches Grenzgebiet". Au fil du temps, les voix critiques n’ont pas manqué, comme celle de Claudio Guillén qui, au nom du "polygénisme" de l'œuvre littéraire, considère que la différence entre realia et représentations en tant que sources d’inspiration pour l’écrivain n’est pas pertinente, et nie ainsi la pertinence comparative de ces études (Guillén 1985, chap. XI:Taxonomies).
Des positions comme celles de Guillén ont entre-temps été dépassées par l’avènement des Visual Cultural Studies et des études sur l’intermédialité qui, contrairement à la conception de l’image et de l’œuvre en général comme ʻnatureʼ ("una cosa más agregada al mundo", selon le célèbre vers de Borges), ont mis en évidence sa culturalité à tous égards, à comprendre comme une implication dans des dimensions matérielles, institutionnelles et idéologiques. D’autre part, les Visual Cultural Studies et les études d’intermédialité, non sans nuances en leur sein (caractéristique à cet égard est l’insistance de Cometa 2020 sur le concept d’"in-discipline"), ont aujourd’hui souvent tendance à se présenter comme des disciplines autonomes, subsumant en leur sein également les études sur l’intermédialité littéraire. Le comparatisme, à son tour, a subi au cours des deux dernières décennies une profonde révision de ses paradigmes et protocoles, à travers la contestation de l’universalisme caractéristique de la ‘saison américaine’ de la discipline, à laquelle appartient encore la perspective de Guillén, au nom de l’"écart" et de l’"entre" comme espaces d’un comparatisme "dialogique et différentiel" (Spivak 2003; Ette 2005; Jullien 2012; Heidmann 2017).
Le Congrès annuel ASLGC/SGAVL 2023, organisé pour la première fois en Suisse italienne, entend faire le point sur le paysage mouvant qui sous-tend le binôme "littérature comparée et intermédialité", avec une attention particulière aux questions posées par le visuel, à l’occasion du centenaire de la naissance d’un pionnier des études inter artes comme le Tessinois Giovanni Pozzi (Locarno, 1923 - Lugano, 2002).
Organisateur :
Prof. Marco Maggi, Université de la Suisse italienne
Contact :
Dr Luca Trissino, luca.trissino(at)usi.ch