La colonisation de l’Afrique par les puissances européennes a été alimentée par l’invention d’une hiérarchie raciale et d’un ensemble d’opérations par lesquelles les communautés africaines ont été dépossédées de leurs cultures et expulsées du territoire de l’histoire. Face à cette expropriation et à ce bannissement, l’Afrique et la diaspora noire n’ont pas manqué de produire des contre-récits à la « mission civilisatrice » de l’Occident. En revitalisant les narrations orales et les cultures matérielles dédaignées, l’histoire africaine et noire de l’Afrique a sans cesse cherché à conjuguer l’unité et la diversité des sociétés du continent, pour revendiquer un récit de l’universel enfin débarrassé de l’impérialisme occidental.
Lire l’entretien donné par Mamadou Diouf à Mediapart…
Intellectuel et historien sénégalais, Mamadou Diouf enseigne l’histoire et les études africaines à l’université Columbia de New York. Auteur d’une œuvre historiographique abondante, dont Le Kajoor au XIXe siècle (Karthala, 1990) et Histoire du Sénégal(Maisonneuve et Larose, 2001), il a récemment co-dirigé les ouvrages Déborder la négritude (Les Presses du réel, 2020) et Afrika N’ko : la bibliothèque coloniale en débat (Présence africaine, 2022). Spécialiste de la colonisation africaine et des sociétés subsahariennes, il est né à Rufisque au Sénégal.