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Centre de recherche des études littéraires et culturelles sur la planétarité
Research Center for Planetary Literary and Cultural Studies
Université de Montréal, Département de littératures et de langues du monde
Appel à communications
Le Québec planétaire
Le premier colloque étudiant du CELCP : un colloque interdisciplinaire et bilingue
Les 21 et 22 mars 2024
Organisé par
Glenda Ferbeyre Rodriguez, Samuele Ellena et Simon Harel
Comité scientifique :
Glenda Ferbeyre Rodriguez, Parham Aledavood, Rima Ghazouani, Samuele Ellena, Simon Harel
Depuis 2017, le Centre de recherche des études littéraires et culturelles sur la planétarité (CELCP) s'est engagé dans la production et la diffusion d'une nouvelle épistémologie critique de l’Anthropocène. En contribuant à l'édification collective d'une plateforme de connaissances, notre centre s'inscrit dans le sillage de penseurs contemporains tels que Dipesh Chakrabarty, Bruno Latour, Gayatri Spivak et Donna Haraway. Les études sur la planétarité s’avèrent un champ de recherche propice à l’exploration des interactions entre différentes communautés culturelles, ainsi qu'entre les acteurs humains et non humains, tout en valorisant les multiples savoirs qui se tissent au sein de cette démarche.
Le CELCP prend comme pivot la figure de la planète pour penser l’étendue terrestre depuis une perspective complexe, qui souligne les relations d’interdépendance des écosystèmes et des sociétés qui en font partie. Nous dépassons ainsi les tensions et contradiction soulevées par les notions de monde et de globe dans les études sur la mondialisation. En outre, la pensée planétaire s’en différencie parce qu’elle résiste au désir de réduire la complexité des subjectivités humaines à une seule approche théorique. Alors que la planète et ses éléments physiques et matériels constituent une partie intégrante de notre domaine d'étude, les systèmes complexes, la pensée relationnelle, l'intersection des épistèmes et la transdisciplinarité émergent comme des modus operandi fondamentaux au sein de notre centre.
À l’aune de la pluralité épistémique qui caractérise l’époque contemporaine, les études sur la planétarité soulignent l’importance de la localisation géo-épistémologique et mettent de l’avant la complémentarité additive des perspectives. C’est pourquoi ce colloque s'engage à examiner les particularités de la pensée qui émerge de notre lieu de réflexion, à savoir le Québec planétaire. Cette initiative nous encourage à avancer dans deux directions majeures. Tout d’abord, comment la notion de planétarité contribue-t-elle à une meilleure appréhension des enjeux actuels de la société québécoise ? Puis, comment la spécificité québécoise pourrait-elle enrichir la pensée planétaire ?
La planétarité et le Québec
Nous encourageons la réflexion sur la relation entre le global et le local, afin de mettre en lumière des perspectives alternatives à propos de la conception de la nation québécoise et de son rapport à l'État canadien. Près de trente ans après le référendum de 1995 et une quinzaine d’années après que la Chambre des communes du Canada ait approuvé une motion qui reconnaît le Québec comme « une nation au sein d'un Canada uni » (2006), il est pertinent de se demander de quelles manières poser les aspirations à l'auto-organisation et à l'autonomie du Québec. La pensée planétaire, en ce qu’elle offre des instruments pour articuler l’émergence d’une subjectivé planétaire, peut-elle contribuer à imaginer la communauté québécoise au-delà de la forme moderne de l’État-nation ?
Par ailleurs, il est important d'articuler une pensée critique afin d'éviter que les aspirations émancipatrices ne soient en contradiction avec l’usage de territoires non cédés par les Premières Nations. Les contributions issues de divers domaines des sciences humaines et sociales, des arts et des lettres sont encouragées afin de reconsidérer les défis du Québec en tant qu'espace postcolonial. Compte tenu de possibles contradictions émergentes dans la double condition d’espace colonisé et colonisateur, comment peut-on penser la communauté par-delà des critères culturels et historiques classiquement mobilisés ?
En outre, il est question de réexaminer l'espace québécois considérant ses contradictions internes et ses trajectoires internationales, à la lumière d'une perspective écologique et décoloniale qui est redevable du concept de planétarité. Comment pouvons-nous parvenir à une cohérence entre les luttes pour la justice sociale et les politiques de bien-être à l'intérieur des frontières physiques du territoire tout en participant à des activités d’extraction minière en Amérique latine et en Afrique ? Quelles politiques doivent changer et être encouragées pour assurer une insertion éthique, écologique et complémentaire au jeu planétaire ?
Le Québec et la planétarité
Le Québec, en particulier Montréal, a été et continue d’être une région du monde qui accueille de nombreux.euses migrant.e.s, des réfugié.e.s, des travaileurs.euses temporaires et saisonniers.ères, des étudiant.e.s internationaux.ales... Cette réalité complexe permet d'envisager les tensions et les opportunités qui se présentent dans un microcosme planétaire qui refuse la réduction à un seul modèle culturel et social. De quelles façons la réflexion sur les récits et les expériences de tous.tes les acteurs.trices québécoi.e.s nous permet-elle de reconnaître dans l’espace québécois une position épistémique privilégiée afin de penser une multitude plurielle qui forme, sans l’intégrer, l’histoire planétaire ?
De plus, les termes « migrant.e.s », « anglo-québécois.e.s », « néo-québécois.e.s », « québécois.e.s de souche », etc., rendent compte du phénomène de l’essentialisme stratégique et de la présence d’une population hétérogène dont la complexité demeure difficile à saisir. Comment la production culturelle et artistique du Québec a-t-elle été capable de mettre de l’avant l'intersectionnalité des appartenances et de brouiller le concept même d'identité ? Estce que l'appartenance identitaire continue d'organiser le marché des biens symboliques ? Pouvons-nous voir dans le cas québécois le reflet d'un questionnement identitaire qui traverse la planète ?
Finalement, le bien-être économique du Québec, comme celui de l'Occident, s’est traduit par de graves impacts sur l'environnement. Le cas d'Hydro-Québec est exemplaire. Bien qu'on puisse lire sur le site du Gouvernement du Québec que la région « a amorcé, dès 2006, une transition favorisant à la fois la protection de l'environnement, le progrès social et la prospérité économique », il est nécessaire d'interroger le projet québécois, et à travers celui-ci le projet planétaire, en ce qui concerne le développement durable. Ne s'agit-il pas d'un autre mythe contemporain dont il faut appeler la déconstruction ? Les compétences dans les domaines environnementaux, économiques et industriels rejoignent les interrogations proprement philosophiques, sociales et littéraires quant à une démarche transdisciplinaire en mesure d’interroger les enjeux du développement durable, voire la pertinence de cette dernière notion.
Nous invitons chaleureusement les étudiant.e.s et jeunes chercheurs.ses issu.e.s de toutes les disciplines à nous faire parvenir leurs contributions afin de nourrir ces réflexions et d'enrichir notre colloque. Les propositions peuvent être soumises en français ou en anglais. Le colloque se tiendra dans les deux langues.
Modalités de soumission :
Envoyer, avant le 30 novembre 2023, à l’adresse courriel celcpudem@gmail.com les deux documents suivants :
1. La proposition de communication (300 mots maximum) avec le titre de la proposition. Ce document doit être anonyme.
2. Dans le même envoi par courriel, soumettre un second document, qui comprend vos nom et affiliation, le titre de votre communication ainsi qu’une brève notice biobibliographique (200 mots maximum).
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A Planetary Quebec
The first student colloquium of the CELCP: An interdisciplinary and bilingual colloquium
Mars 21st and 22nd 2024
Organized by Glenda Ferbeyre Rodriguez, Samuele Ellena and Simon Harel
Scientific committee: Glenda Ferbeyre Rodriguez, Parham Aledavood, Rima Ghazouani, Samuele Ellena and Simon Harel
Since 2017, the Research Center for Planetary Literary and Cultural Studies (CELCP) has committed itself to producing and sharing a new epistemological critique of the Anthropocene. In contributing to the collective edification of a knowledge platform, our center inscribes itself in the wake of contemporary thinkers such as Dipesh Chakrabarty, Bruno Latour, Gayatri Spivak and Donna Haraway. Planetary Studies has become an auspicious field of research for exploring the interactions between different cultural communities and between humans and nonhumans while untangling the multiplicity of knowledge that has been weaving itself within this theoretical praxis. The CELCP takes as its axis the figure of the planet to think through the extension of land from a complex perspective that brings forward the interdependency of ecosystems and societies that are a part of it. In this way, we overcome the tensions and contradictions brought up by the notions of "world" and "globe" within globalization studies. Besides, planetary thinking differentiates itself because it resists the desire to reduce the complexity of human subjectivity to one theoretical approach. The planet, with its physical and material elements, is an integral part of our field of study. As such, complex systems, relational thinking, the intersection of epistemes and transdisciplinarity also emerge as fundamental modus operandi within our center.
With the increasing awareness of epistemic plurality characterizing the modern era, planetarity studies highlight the importance of geo-epistemological localisation by foregrounding the accumulative complementarity of perspectives. Therefore, this colloquium will explore various theoretical thought processes that emerge from our space of reflection, that is to say, a planetary Quebec. This initiative encourages us to venture into two principal questions. First, how does the notion of planetarity contribute to a better understanding of the current issues of Quebec society ? Second, how could the particularities of Quebec enrich planetary thinking?
Planetarity and Quebec
We encourage the reflection on the global and local relationship by putting forward alternative perspectives concerning the conceptualizations of the Quebec nation and its link with Canada. Almost three decades after the 1995 referendum and about fifteen years after the House of Commons of Canada approved a motion which recognized Quebec as “a nation within a united Canada” (2006), it is paramount to ask where the aspirations for an autonomous and selforganizing Quebec are positioned now. How planetary thinking, as it provides tools to articulate the emergence of a planetary subjectivity, contribute to imagining a Quebec society beyond the modern form of the nation-state ?
Moreover, it is crucial to articulate a critical understanding to prevent emancipatory aspirations from conflicting with unceded territories of First Nations. Contributions emanating from humanities and social sciences, arts and literature are encouraged to reconsider Quebec's challenges as a postcolonial space. Acknowledging the possible emerging contradictions within this doubly conditioned space of colonizer/colonized, how might we think of community beyond cultural and historical criteria that have traditionally been mobilized?
In light of Quebec's internal contradictions and international reach, it is then a question of reexamining the space that Quebec occupies through ecological and decolonial perspectives and, as such, rethinking Quebec through planetarity. How could we come to achieve congruence between struggles for social justice and the politics of well-being within the physical boundaries of the territory, all the while participating in mining extraction activities in Latin America and Africa? Which policies must be changed and which should be prompted to ensure ethical, ecological, and complementary engagement in the planetary game?
Quebec and Planetary
Quebec, particularly Montreal, has been a region of the world that welcomes (im)migrants, refugees, temporary and seasonal workers, international students, etc. This situation makes a complex reality that permits us to consider the tensions and opportunities that present themselves to a planetary microcosm that refuses its reduction to a single cultural and social model. How do such positions permit us to reflect on the narratives and experiences of all Quebec actors? Furthermore, how do these reflections give way to a recognition, within the Quebecois space, of a privileged epistemic position in order to think of a multiplicity which would form without integrating planetary history?
The terms "migrants," "immigrants," "Anglo-Quebecers," "neo-Quebecerss," and "native Quebecers" make one aware of the phenomenon of strategic essentialism and of the presence of a heterogeneous population of which its complexity remains difficult to grasp. How is the cultural and artistic production of Quebec capable of bringing forward an intersectionality of belonging, all the while blurring the lines of a perceived common identity? Does identitarian belonging continue to organize the market of symbolic goods? Can we see, in the case of Quebec, an emerging planetary doubt regarding identity?
The economic well-being of Quebec, similar to the rest of the West, has had a grave impact on the environment. Hydro-Québec is an excellent example of this. While it has been mentioned on the Government of Quebec website that the region, "began a transition in 2006 to foster environmental protection, social progress and economic prosperity", it is necessary to interrogate this project, and through it the planetary project where sustainable development is concerned. Is this not yet another contemporary myth to deconstruct? Such expertise in the environmental, economic, and industrial fields converge with philosophical, social, and literary inquiries in a trans-disciplinary manner so as to approach the challenges of sustainable development and even go so far as to question the relevance of this notion.
We cordially invite students and young researchers from all disciplines to submit their contributions to nourish and enrich these reflections in our colloquium. The proposals may be in French or English. The colloquium will be bilingual.
Submission guidelines :
Please send the following documents to the email address celcpudem@gmail.com before November 30, 2023:
1. A proposal (300 words maximum) with a title. This document must be anonymous.
2. In the same email, submit a second document which contains your name and affiliation, the title of your proposal as well as a brief bibliography (200 words maximum).
Brève bibliographie indicative/Brief Bibliography of Reference
Abraham Yves-Marie, Guérir du mal de l’infini. Produire moins, partager plus, décider ensemble, Montréal, Écosociété.
Axelos Kostas, Horizons du monde, Paris, Les éditions de minuit, 1974.
Axelos Kostas, Vers la pensée planétaire. Le devenir-pensée du monde et le devenir-monde de la pensée, Paris, Editions de Minuit, 1970 [1964].
Chakrabarty Dipesh, The Climate of History in a Planetary Age, Chicago, The University of Chicago Press, 2021.
Chakrabarty Dipesh, The Crises of Civilization: Exploring on Global and Planetary Histories, Oxford, Oxford University Press, 2019.
Desan Wilfrid, L’homme planétaire. Prélude théorique à un monde uni, trad. par Hans Hildenbrand et Alex Lindenberg, Paris, Éditions de minuit, 1961.
Ferdinand Malcom, Une écologie décoloniale. Penser l'écologie depuis le monde caribéen, Paris, Editions du Seuil, 2019.
Gilroy Paul, The Black Atlantic: Modernity and Double-Consciousness, Cambridge, Harvard University Press, 1995 [1993].
Giroux Dalie, L'œil du maître. Figures de l'imaginaire colonial québécois, Montréal, Mémoire d’encrier, 2020.
Grupo de Trabajo sobre Minería y Derechos Humanos en América Latina, El impacto de la minería canadiense en América Latina y la responsabilidad de Canadá, 2014.
Haraway Donna J., The Companion Species Manifesto. Dogs, People, and Significant Otherness, Cambridge, Prickly Paradigm Press, 2003.
Harel Simon, Espaces en perdition, Tome 2. Humanités jetables, Québec, Presses de l’Université de Laval, 2011.
Harel Simon, Espaces en perdition. Tome 1. Les lieux précaires de la vie quotidienne, Québec, Presses de l’Université de Laval, 2008.
Härting Heike, « Reading In-Common: Configurations of the Incalculable and the Planetary Imagination », Caietele Echinox, 2020, vol. 38, 277-296.
Härting Heike, Riquet Johannes, Transtext(e)s transcultures. Journal of Global Cultural Studies, 2022, Vol. 17, Cinematic Im/mobilities in the Planetary Now.
Latour Bruno, Face à Gaïa : Huit conférences sur le nouveau régime climatique, Paris, La Découverte, 2015.
Mbembe Achille, Brutalisme, Paris, La Découverte, 2020.
Morton Timothy, Dark Ecology: For a Logic of Future Coexistence, New York, Columbia University Press, 2016.
Spivak Gayatri Chakravorty, Death of a Discipline, New York, Columbia University Press, 2005.