Actualité
Appels à contributions
Convergence, dispersion, confusion. Traduire le savoir aux XVIIe et XVIIIe siècles (Passau, Allemagne)

Convergence, dispersion, confusion. Traduire le savoir aux XVIIe et XVIIIe siècles (Passau, Allemagne)

Publié le par Marc Escola (Source : Roberta Colbertaldo)

Notre section s’intéresse à la genèse plurilingue des savoirs dans les processus de traduction. En complément des discours scientifiques déjà bien documentés dans la France des 17e et 18e siècles, nous souhaitons mettre en évidence la manière dont le savoir est traduit et façonné en suivant trois concepts clés. Convergence, dispersion et confusion nous serviront comme métaphores (topographiques) d’une dynamique complexe qui est une condition préalable à la constitution de nouveaux savoirs. La section aborde les traductions du français aussi bien que celles vers le français. D’un point de vue historique, ce n’est pas seulement l’émergence d’une République des Lettres de langue vernaculaire suite à l’érosion du latin qui est au centre de l’attention, mais aussi la dissémination de la pensée française. Dans notre section, nous prenons au sérieux les ‘confluences’ des langues dans le processus de traduction avec l’objectif de fructifier les catégories de convergence, de dispersion et de confusion pour les différentes possibilités d’interaction et de contact du français avec d’autres langues (cf. sur le concept de confusion Shahar 2023). De ce fait, l’orientation de la section est comparatiste et interphilologique.

En s’appuyant sur la théorie des systèmes de Niklas Luhmann, Thomas Klinkert (2010: 22) a expliqué dans son étude Epistemologische Fiktionen que le savoir ne doit pas être compris uniquement comme la « sédimentation d’attentes déçues dans un système », mais également comme le « résultat d’une communication sur cet état de fait » (notre traduction). En se référant aux auto-traductions et à l'écriture exophone des frères Humboldt, Stefan Willer (2021: 119) met en évidence la « dépendance linguistique fondamentale du savoir ». Ainsi, les procédés et pratiques d’écriture savants en question ne servent pas seulement à la « distribution et à la circulation des résultats scientifiques » (ibid. : 119), mais renvoient à la constitution translinguistique des processus de connaissance. Dans ce sens, notre section ne s’intéresse pas non plus en premier lieu à l’accroissement du savoir par le moyen de la traduction, mais à la médiatisation et à la genèse du savoir dans la traduction (cf. également Toepfer 2021: 206–207, 214 ; et autres).

Dans le cadre de la recherche sur la traduction, qui bénéficie actuellement d’un regain d’intérêt, les traductions littéraires en particulier ont pu sortir d’une longue existence dans l’ombre et ont été étudiées, notamment dans des contributions récentes, sous l’angle du genre et de la diversité (cf. par exemple Sanmann 2021, Brown 2022). Conjointement aux travaux récents sur la traduction d’encyclopédies (cf. Greilich 2021, Donato/Lüsebrink 2021), celle de textes scientifiques a suscité l’attention pour la constitution de cultures scientifiques (trans)nationales (cf. Gipper/Stefanelli 2021). La dimension épistémique de la traduction a également été mise en exergue dans le contexte de la genèse du savoir anthropologique et économique (cf. Toepfer 2022, Lüsebrink 2021). Notre section se rattache à ce champ de recherche dynamique. En mettant l’accent sur le savoir – comme le montre déjà ce petit état de la recherche – nous ne nous intéressons pas en premier lieu à l’auctorialité intrinsèque du travail de traduction, mais à une perspective des sciences culturelles et médiatiques sur les traductions qui accorde une attention particulière aux erreurs, aux réécritures créatives et aux adaptations (cf. Venuti 2008 et Mende 2018) et qui met en évidence le potentiel de ces textes nouvellement créés au-delà de l'évaluation esthétique et de la réception linéaire.

L’orientation méthodologique de la section est centrale dans la mesure où nous ne suivons pas une approche systématique, mais partons de la lecture concrète de textes individuels et demandons des études de cas. Outre les traductions théoriques et scientifiques strictu sensu, nous sommes intéressés par les textes littéraires qui négocient le statut du savoir (également dans le sens de questions poétologiques et de théorie littéraire).

Nous proposons quelques pistes de réflexion, à titre indicatif seulement :

- Dans quelle mesure la pratique de la traduction (du français/en français) rend-t-elle possible l’émergence de nouveaux concepts ?

- Quelles fonctions de la traduction sont identifiables au-delà de la médiation, de la transmission et de l’ajustement ?

- Comment peut-on décrire la position des collectifs marginalisés ? Dans quelle mesure le genre et la diversité peuvent-ils être utilisés comme catégories d’analyse pour les traductions théoriques et scientifiques ?

- Quel est le rapport entre les traductions scientifiques et littéraires ? Quelles convergences peut-on observer, malgré toutes les différences ?

- Comment la pratique de la traduction, l’attribution à une discipline et le lectorat cible sont-ils thématisés dans les paratextes ? Comment les textes sont-ils classés à l’aide de ces outils ?

- Quelle est l’importance des formes particulières de traduction (par ex. l’auto-traduction) dans les contextes des XVIIe et XVIIIe siècles ? 

Nous attendons des propositions de contribution en allemand ou en français, les résumés n’excédant pas 500 mots (bibliographie exclue).

La soumission des résumés se fait à l’aide du formulaire qui se trouve sur le site internet http://francoromanistes.de/.

Veuillez envoyer votre proposition jusqu’au 31 janvier 2024 (date limite) aux adresses suivantes : colbertaldo@em.uni-frankfurt.de, kontakt@marilia-joehnk.de

Les notifications d’acceptation seront envoyées avant le 28 février 2024.