Appel à communications
(Re)Voir Yannick Bellon
Les 14 et 15 novembre 2024 en Sorbonne
À l’occasion du centenaire de la naissance de Yannick Bellon en 2024, la composante ISOR du Centre d’histoire du XIXe siècle de l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne propose, en collaboration avec l’Université de Lorraine, d’organiser un colloque destiné à remettre en lumière le parcours et l’œuvre de cette cinéaste importante dont les films n’ont jusqu’ici que très peu été étudiés.
L’œuvre de Yannick Bellon présente la particularité d’être multiple et protéiforme : sa filmographie, étendue de 1948 à 2018, soit sur sept décennies, est composée aussi bien de courts que de longs métrages, de documentaires que de fictions, pour le cinéma comme pour la télévision.
Fille de la photographe humaniste Denise Bellon proche du mouvement surréaliste, nièce de l’acteur et écrivain Jacques Brunius, elle grandit dans un milieu artistique qui favorisera ses choix de carrière. Formée au montage et au documentaire, elle rentre à l’IDHEC où elle rencontre Alain Resnais, réalise un court-métrage très remarqué, primé à Venise, Goémons en 1948 et un film conçu avec Colette (1952). Épouse du journaliste et critique Henry Magnan, proche du parti communiste, elle signe plusieurs courts métrages engagés dans les années cinquante. Arrivée plus tardivement à la fiction, la réalisatrice se distingue par un sens du rythme très particulier ; le temps et son écoulement est central dans ses premiers films : Quelque part quelqu’un (1972) et Jamais plus toujours (1976), dessinent les contours de fictions très poétiques, bien reçues par la presse. La deuxième partie de sa filmographie fictionnelle, plus en prise avec les débats de société et la place des femmes, connaît davantage de succès auprès du public mais reçoit des critiques plus contrastées.
Yannick Bellon est l’une des premières femmes à rassembler plus d’un million de spectateurs dans les salles et à déclencher des polémiques dans la presse généraliste et spécialisée. La femme de Jean (1974) constitue à l’époque un véritable phénomène de société en mettant en lumière ces femmes qui après avoir été quittées par leur mari, reprennent leur destin en main en devenant économiquement et professionnellement autonomes. L’amour violé en 1978 provoque un véritable scandale, opposant d’un côté les journalistes qui défendent la nécessaire dénonciation du viol, et ceux qui accusent la cinéaste de voyeurisme en filmant trop crûment la scène de l’agression. Réalisé deux ans avant la loi pénalisant le viol, le film fait partie des jalons qui ont permis de médiatiser davantage le sujet. Près de deux millions de français le verront l’année de sa sortie. Une part importante de son œuvre de fiction sera consacrée à la condition des femmes : L’amour nu (1981) s’attache à la lutte d’une femme
contre le cancer du sein, Les enfants du désordre (1989) à la difficile réinsertion par le théâtre d’une jeune droguée ; mais aussi à des questions de société : La triche (1984) évoque la bissexualité d’un commissaire de police, marié et père et de famille, L’affût (1992), le combat d’un homme pour l’environnement.
Yannick Bellon a par ailleurs travaillé pour la télévision, réalisant l’émission Bibliothèque de poche de Michel Polac, des reportages sur des villes et des pays étrangers (Los Angeles, Venise, le Brésil). Sur la fin de sa vie, elle eut cependant des difficultés à monter de nouveaux projets, plusieurs, inachevés, sont conservés dans ses archives, dont une partie a été déposée à la Cinémathèque Française. Elle n’a pourtant jamais arrêté de travailler. Son dernier film, D’où vient cet air lointain ?, une réflexion sur son cinéma qu’elle accompagne de son commentaire en voix off, est sorti en 2018, quelques mois avant sa mort.
Si ses films ont fait l’objet d’une bonne couverture médiatique, critique et journalistique, au moment de leur sortie, notamment du fait de l’actualité sociale des sujets qu’elle traite et des acteurs et actrices connus qu’elle engage (Marlène Jobert, Victor Lanoux, Emmanuelle Béart, Tchéky Karyo, entre autres), ils sont ensuite tombés dans l’oubli. Depuis sa disparition, un important travail de valorisation a été réalisé principalement par son ayant droit, Éric Le Roy, et des éditions de ses films en DVD et au cinéma permettent de pouvoir accéder à son œuvre. Mais du point de vue de la recherche, le terrain est encore largement à défricher.
Comme nous en avions eu l’ambition en 2021 en consacrant un colloque au travail de la réalisatrice Nina Companeez, il s’agit bien ici de contribuer à redonner une visibilité à une artiste majeure de la seconde partie du XXe siècle.
Ce colloque se tiendra à Paris les 14 et 15 novembre 2024. Il s’attachera à explorer l’œuvre de Yannick Bellon et à en proposer des approches originales et variées, parmi lesquelles et sans exclusives, on pourra choisir de travailler sur la place des femmes et la définition du féminisme dans la filmographie de Yannick Bellon, l’analyse de ses films du point de vue de la mise en scène, du montage, de la production et de la réception. Des contributions pourront aussi se pencher sur l’entourage et l’environnement artistique dans lequel Bellon a évolué ; d’autres revenir sur le travail préparatoire des films et leur écriture à travers les archives disponibles à la Cinémathèque Française et à la Bibliothèque François Truffaut. De la même manière, les programmes télévisuels disponibles à l’INA pourront faire l’objet d’études de cas.
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Les propositions de contributions (maximum 5 000 signes), devront être adressées au plus tard le 15 janvier 2024 à ces deux adresses :
aurore.renaut@univ-lorraine.fr
Sebastien.Le-Pajolec@univ-paris1.fr
Les auteurs des propositions seront informés de la réponse du comité scientifique le 18 mars 2024.
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Comité d’organisation :
Victoria Afanasyeva, Ingénieure d’études (Université Paris 1/Centre d’Histoire du XIXe siècle- ISOR) ;
Sébastien Le Pajolec, MCF (Université Paris 1/Centre d’Histoire du XIXe siècle-ISOR) ; Aurore Renaut, MCF (Université de Lorraine/Centre d’Histoire du XIXe siècle-ISOR)
Comité scientifique :
Sébastien Denis, Professeur (Université Paris 1/Centre d’Histoire du XIXe siècle-ISOR) ; Hélène Fleckinger, MCF (Université Paris 8/ESTCA) ;
Pauline Gallinari, MCF (Université Paris 8/ESTCA) ;
Sébastien Le Pajolec, MCF (Université Paris 1/Centre d’Histoire du XIXe siècle-ISOR) ;
Éric Le Roy, ayant-droit de Yannick Bellon et responsable de l’accès aux collections au CNC ; Mélisande Levantopoulos, MCF (Université Paris 8/ESTCA) :
Vincent Lowy, Professeur, directeur de l’ENS Louis-Lumière (Centre d’Histoire du XIXe siècle-ISOR) ;
Aurore Renaut, MCF (Université de Lorraine/Centre d’Histoire du XIXe siècle-ISOR) ; Brigitte Rollet, Chercheuse (Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines-UVSQ) ; Myriam Tsikounas, Professeure émérite (Université Paris 1/Centre d’Histoire du XIXe siècle- ISOR).