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Il était une foi. Qu’en est-il du spirituel dans la littérature contemporaine de langue française ? 13e Rendez-vous de la critique (Porto)

Il était une foi. Qu’en est-il du spirituel dans la littérature contemporaine de langue française ? 13e Rendez-vous de la critique (Porto)

Publié le par Marc Escola (Source : José Almeida)

XIIIe Rendez-Vous de la Critique

Il était une foi

Qu’en est-il du spirituel dans la littérature contemporaine de langue française ?

FLUP – ILCML – APEF

Porto – FLUP – 1er et 2 juillet 2024

Dans un Occident, et avant tout une Europe, profondément déchristianisés ou postchrétiens (Poulat, 1994 ; Küng, 2018 ; Cuchet, 2020), voire dans une chrétienté désoccidentalisée, devenue incapable d’interpréter ses symboles spirituels, jadis  considérés et vécus comme cohérents et évidents, la question, somme toute résiduelle, du rapport à la foi peut sembler inappropriée ou surannée. Cependant, l’expérience spirituelle, ou l’amputation de la spiritualité, notamment dans sa dimension mystique ou liturgique, interroge et interpelle toujours, en introduisant « (…) une manière d’être au monde très différente de notre manière ordinaire de nous y rapporter. C’est une façon d’écouter et de répondre, plutôt que de conquérir et de dominer, attitudes que développe habituellement notre modernité » (Rosa, 2023)

De fait, et pour ce qui est du littéraire, dans Le Crépuscule de la Culture française ? (1995), Jean-Marie Domenach se demandait si « le roman peut se passer de Dieu ? ». L’écrivain et journaliste catholique déplorait déjà l’écart progressif de la fiction d’avec le spirituel, ce qui, pour lui, expliquerait la décadence et le nihilisme que la littérature française connaît au sortir du Nouveau Roman et de la textualité, une époque qui coïncide avec l’individualisme paroxystique dont Gilles Lipovetsky a brossé le portrait dans L’Ère du vide (1983). Domenach épargne Christian Bobin, l’auteur de Le Très-bas (1992), dont le récit renoue avec l’expérience mystique par le truchement d’une hagiographie revisitée. 

Cette mouvance de renouement avec une Présence et une Expérience spirituelles empruntera stylistiquement souvent la forme de la brièveté narrative, et de ce que Bertrand (2005) a nommé le « minimalisme magique » par lequel le quotidien ou l’instant prolongent l’absolu et l’éternel, permettent de réintégrer la dimension de la foi et de revisiter poétiquement le patrimoine symbolique chrétien.

Dans une France soucieuse de son consensus laïque, mais aux prises avec des avancées communautaristes sur fond religieux (islam), s’afficher (créateur) chrétien requiert de l’audace, ou tient de la gageure. En tout cas, cela détonne dans le contexte ambiant et mutant, et introduit un registre et une parole différentiels dans le verbiage des médias et des réseaux sociaux, ce qu’acte, par exemple, l’impact des messages d’un Olivier Giroud, footballeur expressément chrétien.

A fortiori, dans un monde où tout « religieux nouveau s’affirme (…) dans un monde sorti de Dieu et qui ne reviendra pas plus à cet antérieur que le poussin éclos de sa coquille », c’est-à-dire foncièrement postchrétien (Poulat, 1994), où d’aucuns détectent la décadence de l’Occident et son épuisement civilisationnel par l’amputation de la notion et du vécu du sacré (Onfray, 2017), voire par soumission à une spiritualité exogène (Houellebecq, 2015), la question de l’écriture littéraire inspirée par la foi s’avère tantôt anachronique, tantôt problématique, tantôt symptomatique d’une aspiration au spirituel ou, comme dirait Jean Delumeau de la tentative de « guetter l’aurore » (2003).

À ce propos, dès 1995, sort un dossier thématique de L’Express sur les écrivains français contemporains dont l’écriture était marquée du sceau de leur foi chrétienne. Laurence Liban y voit des « consciences chercheuses ». La question récurrente du jeu de la présence / absence de Dieu dans la fiction française contemporaine avait connu auparavant un relai dans Lire (1989) sous le titre provocateur : « Dieu recherche intellectuels désespérément ». Plus récemment, Le Magazine Littéraire (2016) présentait un dossier spécifique sur la présence du religieux dans le monde actuel intitulé « Pourquoi les religions reviennent ».

C’est dire que la question du spirituel dans la littérature contemporaine de langue française s’avère non seulement pertinente, mais urgente, voire nécessaire. C’est la raison pour laquelle nous proposons aux chercheurs et enseignants qui s’y intéressent ou attardent de nous envoyer leur proposition de communication sur un des axes suivants, exclusivement à partir de l’écriture fictionnelle contemporaine (2000-…), dans son acception relationnelle (Viart, 2019) en langue française :

·         Quête et vécu spirituels

·         Expérience mystique

·         Rapport au religieux et au sacré 

·         Care de et par la spiritualité et de et par la foi

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Langue de travail : français uniquement

Calendrier :

30 avril 2024 : délai pour l’envoi des propositions de communication

15 mai 2024 : délai pour le retour du comité scientifique

15 juin 2024 : délai pour la diffusion du programme définitif

Organisation : José Domingues de Almeida et Maria de Fátima Outeirinho

Partenariat : APEF – ILCML - FLUP

Frais d’inscription en cas d’acceptation : 80,00€ ; membres déjà affiliés de l’APEF et chercheurs.euses de l’ILCML : gratuit

Courriel : rdvcritique13@gmail.com 

Liens : https://apef-association.org/ et https://ilcml.com/