Actualité
Appels à contributions
Fête et émancipation : genre, résistance et représentations dans le monde hispanique

Fête et émancipation : genre, résistance et représentations dans le monde hispanique

Publié le par Marc Escola (Source : Sophie Large)

Colloque international

« Fête et émancipation : genre, résistance et représentations dans le monde hispanique »

13 et 14 juin 2024, Université de Tours

Organisation

Comité d’organisation : Sophie Large (MCF, ICD, Université de Tours), Carlos Tous (MCF, ICD, Université de Tours) et Sergio Coto-Rivel (PR, CRINI, Nantes Université)

Partenaires : Désir… Désirs (festival de cinéma LGBTQ+), Centre LGBTI de Touraine.

Pour Agathe Bernier-Monod, Stonewall marque un tournant dans l’histoire croisée de la fête et du militantisme LGBTQI+ : c’est en effet à ce moment, selon elle, que naît l’« inextricable association de la fête, du plaisir partagé, de la contestation et des revendications du mouvement LGBTQ+ » (2022 : 2). Ce constat, que les textes du numéro thématique « Réjouissances révolutionnaires ? Fête et militantisme LGBTQ+ dans le monde (XXe-XXIe siècles) » — publié dans la revue GRAAT On-line en février 2022 — confirment en grande partie pour des pays comme l’Inde, les États-Unis, la France ou l’Allemagne, mérite cependant d’être affiné en ce qui concerne le monde hispanique, tant la place de la fête comme l’évolution des luttes sexo-dissidentes sont situées et variables selon les contextes.

Selon Palma Martínez-Burgos et Alfredo Rodríguez González, la fête est un patrimoine exclusif de l’être humain, synonyme d’évasion et de mémoire. En tant que patrimoine de l’activité collective, le cadre festif permet de suivre les traces du passé de l’humanité, non seulement dans sa version officielle ou institutionnalisée, mais aussi dans sa version spontanée et subversive (2004). Dans le monde hispanique, la patrimonialisation et l’institutionnalisation de la fête donnent souvent lieu à une vision et à une représentation stéréotypées des sociétés et des cultures. En ce sens, carnavals, fêtes, férias, danses et musiques constituent un patrimoine culturel marqué par une vision sexiste, genrée et hétéronormée de la société. C’est en effet l’un des clichés associés à des événements comme la corrida (la fiesta brava), les férias de Séville, de Cordoue ou de Cali, et des danses comme le flamenco, la salsa ou le tango. Cela étant, plusieurs de ces manifestations culturelles deviennent depuis plusieurs années des espaces de revendication, de résistance, de sexo-dissidence. C’est le cas du « flamenco travesti » du groupe Pupi Poisson, de la parade gay du carnaval de Barranquilla ou des chansons et vidéoclips du reggaetonero portoricain Bad Bunny, entre autres.

Par ailleurs, si les premières marches des fiertés ont été réalisées en 1970 dans plusieurs villes états-uniennes, les premières marches des communautés LGBTQI+ du monde hispanique ont eu lieu en 1977 à Barcelone et en 1979 à Mexico. Depuis, plusieurs villes organisent chaque année leurs marches, celle de Madrid étant devenue la plus importante d’Europe et la deuxième au monde, en termes d’affluence, après celle de San Francisco. La fête de la fierté de Madrid, ainsi que le Circuit Festival de Barcelone, sont aujourd’hui deux événements LBGTQ+ majeurs qui accueillent plusieurs dizaines de milliers de personnes chaque année, venues d’Espagne et d’ailleurs. Il convient donc d’étudier l’importance de ces rendez-vous festifs dans un contexte de mondialisation : dans quelle mesure ces revendications festives jouent un rôle central dans le militantisme mondial ? À l’inverse, la performance « Un violador en tu camino » (2019), du collectif féministe chilien Las Tesis, n’est pas devenue globale en raison de l’accueil massif de participant.e.s au Chili, mais grâce à une reproduction/adaptation mondiale de la chorégraphie et des paroles de la chanson dans la plupart des capitales latino-américaines et du monde entier, depuis sa première production en novembre 2019.

En plus de la rue, d’autres espaces publics continuent d’être des lieux cruciaux pour le rassemblement, l’échange, la lutte et le partage des savoirs au sein des communautés LGBTQ+. Ainsi, les bars, cafés, discothèques, librairies, salles de cinéma et autres endroits de rencontre et de divertissement permettent la sociabilité et l’épanouissement nécessaires au militantisme et à la liberté d’expression. Le monde associatif et les festivals culturels étant des espaces propices à la réflexion, le colloque se déroulera en partenariat avec le festival tourangeau Désir… Désirs, consacré au cinéma LGBTQ+, pendant la semaine de la Marche des Fiertés LGBTQ+ de Tours.

Le colloque se propose donc d'étudier la relation entre fête et résistance dans les contextes très spécifiques du monde hispanique, mais aussi dans leur rapport (de dépendance ou d’influence) au reste du monde. Une attention toute particulière sera accordée aux représentations culturelles (littérature, théâtre, cinéma, photographie, peinture, sculpture, musique, danse, bande-dessinée, performance, etc.).

Axes du colloque

La fête comme condition de possibilité du militantisme : espaces de sociabilité et de rencontre, sociologie des bars, construction de savoirs collectifs, auto-défense…

La fête comme lieu de visibilité et de pédagogie : Marches des fiertés, festivals…

La récupération / dépolitisation festive de l’action militante : pinkwashing, capitalisme rose, luttes pour la visibilité dans les Marches des fiertés…

La fête comme espace de résistance à la violence homophobe : refuge, construction d’une communauté d’expérience VS conduites à risque…

Modalités de soumission

Les propositions, composées d’un titre, d’un résumé de 300 mots maximum et d’une courte notice bio-bibliographique, devront être envoyées par mail avant le 31 janvier 2024 à : sophie.large@univ-tours.fr, carlos.tous@univ-tours.fr et sergio.coto-rivel@univ-nantes.fr

Bibliographie

Aruquipa Pérez, David, « Placer, deseo y política: la revolución estética de La Familia Galan », Bulletin de l’Institut français d'études andines, vol. 45, no3, 2016, p. 451-461. URL : https://journals.openedition.org/bifea/8098 

Balderston, Daniel ; Matute, Arturo (eds.), Cartografías queer: Sexualidades y activismo LGBT en América Latina, Pittsburgh, Instituto Internacional de Literatura Iberoamericana, 2011.

Barrientos, Jaime, «Discriminación y victimización: marcha del orgullo LGBT en Chile», Debate feminista, vol. 43, avril 2011, p. 113-132. URL : https://www.jstor.org/stable/42625195 

Bernier-Monod, Agathe (dir.), « Réjouissances révolutionnaires ? Fête et militantisme LGBTQ+ dans le monde (XXe-XXIe siècles) », GRAAT On-Line, no25, février 2022. URL : http://www.graat.fr/index.html 

Browne, Kath, «A party with politics? (Re)making LGBTQ Pride spaces in Dublin and Brighton», Social & Cultural Geography, vol. 8, no1, février 2007, p. 65-87.

Chaparro Silva, Alexander, «Fiesta and Identity», Revista Harvard Review of Latin America, no3, 2014, p. 18-21.

Davó Ortiz, Michelle, «Celebraciones al placer cuir en la metrópoli. Propuesta para el estudio de las fiestas de sexo diverso», Revista de Estudios de Género. La ventana, vol. 6, no52, p. 219-240. URL : https://www.redalyc.org/articulo.oa?id=88463464008 

Falconí Trávez, Diego ; Castellanos, Santiago ; Viteri, María Amelia (eds.), Resentir lo queer en América Latina: diálogos desde/con el sur, Barcelona/Madrid, Egales, 2014.

Falconí Trávez, Diego, De las cenizas al texto. Literaturas andinas de las disidencias sexuales en el siglo XX, La Habana, Casa de las Américas, 2016.

Gaona, Melina ; Ficoseco, Verónica Sofía, « Otros cuerpos y espacios en disputa. cruces entre consignas globales y demandas históricas locales en la marcha del orgullo en una región de frontera argentina », Nomadias. Feminista, no20, p. 211-226. URL : https://www-proquest-com.bnf.idm.oclc.org/scholarly-journals/otros-cuerpos-y-espacios-en-disputa-cruces-entre/docview/1789805592/se-2.

González Cueto, Danny Armando ; Zurian, Francisco A., « Espacios homosociales en el Carnaval de Barranquilla: entre la crónica literaria y la novela autobiográfica », Chasqui. Revista Latinoamericana de Comunicación, no135, août – novembre 2017, p. 105-122. URL : https://revistachasqui.org/index.php/chasqui/article/view/3175/2935 

Jiménez bolaños, José Daniel, «De lo privado a lo público: la celebración del Orgullo LGBTI en Costa Rica, 2003-2016», Diálogos. Revista electrónica de historia, vol. 18, no1, 2017. URL : https://revistas.ucr.ac.cr/index.php/dialogos/article/view/25719 

Insausti, Santiago Joaquín, « Selva, plumas y desconche: Un análisis de las performances masculinas de la feminidad entre las locas del Tigre durante la década del ochenta », Revista Latinoamericana de Estudios sobre Cuerpos, Emociones y Sociedad, no7, décembre 2011 – mars 2012,  p. 29-42.

Lacombe, Andrea, «Para hombres ya estoy yo». Masculinidades y socialización lésbica en un bar del centro de Río de Janeiro, Buenos Aires, Antropofagia, 2006. 

La Fountain-Stokes, Lawrence, Translocas. The Politics of Puerto Rican Drag and Trans Performance, Ann Arbor, University of Michigan Press, 2021.

Maire, Thierry, « La Marcha del Orgullo en El Salvador: (Re)Construcción de la memoria, del mito fundador a la realidad histórica », Revista Controversia, no215 p. 161-199. URL : https://revistacontroversia.com/index.php/controversia/article/view/1212/978 

Marino, Angela ; Cuellar, Manuel, «Fiesta performance as epistemology», Performance Research, vol. 20, no1, 2015, p. 123-135.

Martínez-Burgos García, Palma ; Rodríguez González, Alfredo, La fiesta en el mundo hispánico, Cuenca, Ediciones de la Universidad de Castilla-La Mancha, 2004.

Montes Samayoa, Cintya Angelica, La imaginación estética, el juego y la fiesta como generadoras de un orden no represivo, D.F., Universidad Nacional Autónoma de México, 2015.

Muñoz, José Esteban, Disidentifications: Queers of color and the performance of politics, Minneapolis, University of Minnesota Press, 1999. 

Rapisardi, Flavio ; Modarelli, Alejandro, Fiestas, baños y exilios. Los gays porteños en la última dictadura, Buenos Aires, Editorial Sudamericana, 2001.

Settanni, Sebastián Víctor, « Sexualidades politizadas y medios de comunicación: la Marcha del Orgullo LGBT de Buenos Aires », Avatares de la Comunicación y la Cultura, no5, junio de 2013, p. 1-21.

Vásquez Toral, Enzo E., « Queer Fiesta. Hybridity, drag and performance in Bolivian folklore », Performance Research. A Journal of Performing Arts, vol. 25, no4, 2020, p. 98-106. URL : http://dx.doi.org/10.1080/13528165.2020.1842602.