Questions de société
Hans Joas, Comment naissent les valeurs ?

Hans Joas, Comment naissent les valeurs ?

Publié le par Marc Escola

Comment se forment nos valeurs ? D’où vient cet attachement à ces idées qui sont au coeur de notre identité et par lesquelles nous justifions nos décisions et nos  choix ? Dans quelles conditions se noue notre attachement à elles ?

Avec Comment naissent les valeurs, Hans Joas conduit une enquête originale dans les pratiques sociales et les idées, à la lisière de la philosophie et de la sociologie. Il décrit ces expériences de vie au sein desquelles émergent les valeurs : le ressentiment, la conversion, l’humiliation, l’extase collective, la confrontation avec la mort, l’ouverture à l’autre et, d’une manière générale, le sacré. Toutes réunissent deux traits essentiels : l’auto-transcendance d’abord, qui pose au-delà des circonstances un principe pour les comprendre et les surmonter ; l’auto-attachement ensuite qui redéfinit la perception que chacun se fait de sa propre identité. 

Hans Joas confronte ainsi sa pensée avec celle des grands théoriciens des valeurs tels que Nietzsche, Durkheim, Simmel, James, Dewey ou encore Taylor. Enfin, contre le relativisme des post-modernes, comme Rorty, il plaide pour une éthique qui concilie la contingence de l’émergence des valeurs avec l’universalité des normes morales. En envisageant la question des valeurs sous cet angle original, Hans Joas replace la question du sacré au centre de notre monde dont on avait dit trop vite qu’il était désenchanté.

Feuilleter le livre et lire le chapitre premier…

On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :

"Naissance et valorisation de la valeur", par Richard Figuier (en ligne le 24 novembre 2023).

Par des voies tortueuses, dont l’édition française a le secret, le public dispose à présent de l’ensemble des livres importants du philosophe et sociologue allemand Hans Joas : une sorte de trilogie, composée de La créativité de l’agir (1996, traduit en 1999 aux éditions du Cerf), de Comment naissent les valeurs, publié en Allemagne en 1997, et des Pouvoirs du sacré (2017, traduit en 2020). Pour comprendre ce dernier ouvrage, le lecteur avait besoin des deux précédents, mais il n’en disposait pas, faute d’un suivi sérieux de la production d’un auteur, certes moins connu en France que Jürgen Habermas, Axel Honneth ou Harmunt Rosa, mais dont on avait jugé, au moins par deux fois (la première en 1999, la seconde en 2007 avec la traduction de son livre sur le penseur américain Mead), le travail digne d’attention pour un public ne lisant pas l’allemand.