D ans les sociétés européennes du XVIIe siècle, sauf exceptions, les gens naissaient et demeuraient inégaux en droits. La noblesse représentait un statut largement convoité, mais sa définition faisait l’objet de controverses incessantes, exprimées par des livres publiés par centaines : les traités nobiliaires. Qui était noble et qui ne l’était pas ? Comment justifier cette distinction fondamentale ? Comment définir la noblesse des femmes ? Pouvait-on devenir noble ? Que signifiait la rhétorique du « sang » et de l’« occulte semence » ? C’est sur ces problèmes sociaux que s’écharpaient les théoriciens dans l’Espagne des derniers Habsbourg, dans l’Angleterre des Stuarts et de la guerre civile, ainsi que dans la France d’Henri IV, de Louis XIII et de Louis XIV.
Ce livre met en lumière les auteurs, les traducteurs et les libraires impliqués dans la production des traités nobiliaires, ainsi que leurs lecteurs. Il propose un regard comparatif sur les théoriciens et les traités anglais, français et espagnols. En analysant les interactions entre média et société, et en envisageant l’écriture et la publication comme des actions, cette enquête interroge l’intensité, la permanence et les enjeux de ces luttes de définition de l’ordre social.
Publié avec le soutien de Nantes Université et de la Société d'étude du XVIIe siècle.