Questions de société
Bernard Lahire, Les structures fondamentales des sociétés humaines

Bernard Lahire, Les structures fondamentales des sociétés humaines

Publié le par Marc Escola

Et si les sociétés humaines étaient structurées par quelques grandes propriétés de l'espèce et gouvernées par des lois générales ? Et si leurs trajectoires historiques pouvaient mieux se comprendre en les réinscrivant dans une longue histoire évolutive ?

En comparant les sociétés humaines à d'autres sociétés animales et en dégageant les propriétés centrales de l'espèce, parmi lesquelles figurent en bonne place la longue et totale dépendance de l'enfant humain à l'égard des adultes et la partition sexuée, ce sont quelques grandes énigmes anthropologiques qui se résolvent. Pourquoi les sociétés humaines, à la différence des sociétés animales non humaines, ont-elles une histoire et une capacité d'accumulation culturelle ? Pourquoi la division du travail, les faits de domination, et notamment ceux de domination masculine, ou les phénomènes magico-religieux se manifestent-ils dans toutes les sociétés humaines connues ? Pourquoi l'ethnocentrisme est-il si universel et pourquoi des conflits opposent-ils régulièrement des groupes qui s'excluent mutuellement ? C'est à ces questions cruciales que cherche à répondre Bernard Lahire en formulant, pour les sciences sociales, un paradigme unificateur fondé sur une synthèse des connaissances essentielles relatives à la vie sociale humaine et non humaine accumulées dans des domaines du savoir aussi différents que la biologie évolutive, l'éthologie et l'écologie comportementale, la paléoanthropologie, la préhistoire, l'anthropologie, l'histoire et la sociologie.

Le pari de ce livre est que seul cet effort d'intégration permet de comprendre la trajectoire des sociétés humaines par-delà leur diversité et d'augmenter la maîtrise qu'elles peuvent avoir de leur destin incertain.

Lire un extrait…

Bernard Lahire, directeur de recherche CNRS, professeur de sociologie à l'École normale supérieure de Lyon (Centre Max-Weber) et membre senior de l'Institut universitaire de France, a publié une vingtaine d'ouvrages, parmi lesquels L'Homme pluriel (Nathan, 1998), Franz Kafka. Éléments pour une théorie de la création littéraire (La Découverte, 2010), Dans les plis singuliers du social (La Découverte, 2013), Ceci n'est pas qu'un tableau (La Découverte, 2015), L'Interprétation sociologique des rêves (La Découverte, 2018) et Enfances de classe (Le Seuil, 2019).

On peut lire sur nonfiction.fr un article de C. Ruby sur cet ouvrage…

Et sur en-attendant-nadeau.fr :

"Fonder l’unité des sciences sociales", par Alain Policar (en ligne le 12 janvier 2024).

Dire du pari de Bernard Lahire, tenir compte des enseignements de l’histoire des sciences pour renouveler la sociologie, qu’il est ambitieux relève de l’euphémisme. Il s’agit ni plus ni moins dans Les structures fondamentales des sociétés humaines que d’inventer un autre chemin pour les sciences sociales, quitte à bousculer ce qui était tenu pour définitivement acquis. Il ne serait dès lors guère surprenant que les gardiens du temple refusent un examen serein des riches propositions de l’auteur, tant la discipline semble se complaire dans la répétition du geste initial (et fondateur) de rupture avec la biologie (et avec la psychologie).

Et sur nonfiction.fr :

"Du social au culturel : l'histoire des sociétés humaines", par Jean-Pierre Gabrielli (en ligne le 10 février 2024)