Année faste, année des grands encombrements, année où l’histoire littéraire en France semble se creuser et faire jaillir, comme un volcan qui se réveille, une frénésie
éditoriale peu ordinaire… Il y eut Proust, il y eut Colette, et puis surtout Céline, ses « secrets », ses textes perdus, retrouvés, superlativement annoncés et finalement incomplets, déclenchant les grandes manoeuvres des égos cherchant à tenir leur rang, certains autorisés, d’autres moins.
Cette suractivité éditoriale a entraîné des publications, bien plus nombreuses qu’à l’habitude, et lettres, livres dédicacés et manuscrits importants (aucun préempté par la BnF) sont passés en ventes publiques ou sur catalogues à prix marqués par entiers wagons. Parmi ces trouvailles, deux vétilles viennent appuyer le sentiment de perpétuel inachèvement auquel est confrontée l’édition épistolaire : des lettres inconnues, l’une à Pierre Monnier, l’autre à Albert Paraz, viennent rejoindre des corpus que l’on pouvait croire
pourtant, contrairement à bien d’autres, parfaitement délimités.
L’Année Céline rend compte de cette manne prodigieuse et de l’excitation que le nom de Céline fait toujours naître, non sans prêter le flanc aux commentaires moralistes qui écoeurent le lecteur.