Actualité
Appels à contributions
(Re)penser le contemporain en Littérature, Arts et Culture (Djerba)

(Re)penser le contemporain en Littérature, Arts et Culture (Djerba)

Publié le par Esther Demoulin (Source : mustapha Trabelsi)


Université de Sfax (Tunisie)

Faculté des Lettres et Sciences Humaines

Laboratoire de Recherche Interdisciplinaire en Discours, Art, Musique et Economie (LARIDIAME, LR18ES23)

en collaboration avec

Laboratoire des Méthodes Interprétatives (METINT, LR14ES07)


(Re)penser le contemporain en Littérature, Arts et Culture

26-28 octobre 2023 (Djerba)

 

Le contemporain est, selon Lionel Ruffel, l’une « des notions que l’on utilise sans y prendre garde. Des notions dont on imagine qu’il n’est pas nécessaire de les penser, de les définir, de les critiquer » (Qu’est-ce que le contemporain, textes réunis par Lionel Ruffel, Edition Cécile Défaut, « Introduction, p. 9).  Florian Mahot Boudias partage ce point de vue. Pour lui, il s’agit d’une catégorie « encore largement mésestimée dans l’histoire des arts et les études littéraires » (Florian Mahot Boudias, « Qu’est-ce que le contemporain ? », La Vie des idées, Collège de France, 16 juin 2016).

Or, il semble bien difficile de circonscrire cette notion et de lui proposer une définition qui s’adapte à tous les domaines de recherche et à toutes les formes de création littéraires, artistiques et culturelles. La contemporanéité signifie-t-elle une coprésence, une forme d’actualité ? Est-elle un marqueur d’époque se référant à la modernité ou un marqueur esthétique et éthique lié à des courants littéraire, artistique et philosophiques postmodernes ? L’œuvre contemporaine correspond-elle à toute production élaborée aujourd’hui ? Dans ce cas, toutes les productions contemporaines appartiennent-elles réellement à l’art contemporain ? Comment un écrivain peut-il être contemporain et rendre compte de sa contemporanéité ? Par quoi se caractérisent ces moments où il se sent contemporain ? le rejet du contemporain est-il un prolongement ou une dénonciation de la modernité ? Comment peut-on distinguer les trois notions si proches et en même temps si différentes : « contemporain », « moderne » et « postmoderne » ? 

Le but du colloque organisé par le Laboratoire de Recherche Interdisciplinaire en Discours, Art, Musique et Economie (LARIDIAME, LR18ES23) en collaboration avec Laboratoire des Méthodes Interprétatives (METINT, LR14E) de l’Université de Sfax est de tenter de répondre à ces questions et d’explorer les multiples potentialités de recherche et d’analyse qu’offre une notion encore aujourd’hui de nature polymorphe et floue.

Le dictionnaire Larousse définit le contemporain comme une incarnation de tout « ce qui est du temps présent ». C’est un « moment vécu au présent et donc actuel ». Or, d’après François Bédarida, « le temps présent constitue un espace de temps minuscule, un simple point passager et fugitif, puisque sa caractéristique, c’est de disparaître au moment même où il commence à exister. » (Vingtième Siècle. Revue d’histoire, N° 69, 2001, p. 153). On ne peut pas donc réduire le contemporain à une simple dimension temporelle. Déjà, Roland Barthes remet en cause cette conception en affirmant dans l’un de ses derniers cours au Collège de France : « le contemporain est l’inactuel ». Le contemporain appartient certes à son temps mais il « ne coïncide pas parfaitement avec lui, ni n’adhère à ses prétentions et se définit, en ce sens, comme inactuel. » affirme le philosophe italien Giorgio Agamben, (Qu’est-ce que le contemporain ? Traduit de l’italien par Maxime Rovere, Paris, Payot et Rivages, collection « Rivages poche. Petite bibliothèque », 2008, p. 10). Mais, Comment le contemporain peut-il être de son temps et ne pas être contaminé par les goûts et les mœurs de son époque ? Peut-il vivre la contemporanéité sans se laisser prendre au piège du monde qui l’entoure, sans être envouté par les images, les écrans, les médias et les nouveaux moyens de communication, sans être aveuglé par "les faux intellectuels" créés par les réseaux sociaux ? Giorgio Agamben écrit : « Seul peut se dire contemporain celui qui ne se laisse pas aveugler par les lumières du siècle et parvient à saisir en elles la part de l’ombre, leur sombre intimité. » (Qu’est-ce que le contemporain ? op. cit., page 21). En d’autres termes, celui qui coïncide pleinement avec son milieu, et avec son époque ne peut pas être considéré comme un vrai contemporain, car il n’arrive pas à percer l’obscurité du présent, ni à se distancier des prises de position hâtives.

En somme, la contemporanéité n’est pas un simple concept, elle correspond d’une part, comme le montrent « la littérature contemporaine », « l’art contemporain » et « la philosophie contemporaine », à une posture énonciative caractérisée par l’inventivité, l’hétérogénéité, la polyphonie, ainsi que par une interaction générique et par un rejet total de toute voix monologique. La contemporanéité correspond d’autre part à une posture herméneutique permettant aux récepteurs d’être les véritables créateurs de l’œuvre d’art. Le contemporain implique donc une rupture avec l’ordre établi au niveau axiologique et au niveau esthétique. Pour se manifester et s’imposer, il nécessite du coup une innovation, un renouvellement qui engendrent une hybridation, une intrication, un brouillage et une ambiguïté féconde.  

Nous proposons, dans ce colloque, de réfléchir dans une perspective pluridisciplinaire et multilingue (français, arabe, anglais, Italien, espagnol) sur le contemporain comme objet du savoir propre aux sciences humaines, aux arts et aux institutions de conservation et de création. Il s’agira d’interroger l’historicité et la légitimité de cet objet dans les lettres, les arts, la culture et d’exposer les méthodes et les approches permettant d’en traiter ou de le fabriquer.

C’est pourquoi, nous plaçons notre colloque à la croisée des chemins et des disciplines : il se définit comme une réflexion multidirectionnelle. Il cherche non seulement à faire entendre des voix d’écrivains, de penseurs, de musiciens, de peintres, de cinéastes, etc. mais il tentera également d'analyser dans les productions et les subjectivités actuelles ce qui pourrait apparaître comme l'emblème de notre contemporanéité :

·                Comment définir le champ contemporain ?

·                Pourquoi parler aujourd’hui de la littérature et de l’art contemporains ?

·                Le contemporain est-il un condensateur du présent, de l’actuel ou un éclaireur avisé du présent et donc de « l’inactuel » ?

·                Le contemporain dans les lettres, les arts et les humanités. 

·                Les littératures françaises et francophones.

·                Enseigner la contemporanéité.

·                 Importer des méthodes issues d’autres disciplines pour enseigner la littérature contemporaine.

·                La géopoétique et la géopolitique du contemporain.

·                Les fondements philosophiques et historiques de la pensée contemporaine

·                Le contemporain dans l’Histoire.

·                L’art contemporain : musique, peinture, etc.

·                Le contemporain à l’ère du multimédia : Comment s’est réalisé le passage d’une ère de consommation, de spectacle à une ère de communication dissolvant le dispositif producteur / produit / consommateur ? les réseaux font-ils la valeur artistique plus que l’objet produit à lui seul ?

 

Bibliographie 

-                 Giorgio Agamben, Qu’est-ce que le contemporain ? Traduit de l’italien par Maxime Rovere, Paris, Payot et Rivages, collection « Rivages poche. Petite bibliothèque », 2008, 64 pages.

-                 Qu’est-ce que le contemporain, textes réunis par Lionel Ruffel, Nantes, Edition Cécile Défaut, 2010.

-                 Anne Cauquelin, Petit Traité d'art contemporain, Paris, Seuil, 1996, 178 pages.

-                  Marc Jimenez, La Querelle de l’art contemporain. Paris, Gallimard, 2005, Folio Essais, numéro 452, 2005.

-                 Jean-François Lyotard, La Condition Postmoderne rapport sur le savoir, Éditions de Minuit, 1979, 128 pages.

-                 Jérôme Glicenstein, L’Art : une histoire d’exposition, Paris, Presses Universitaires de France (coll. « Lignes d’art »), 2009. 

-                 Yves Michaud, La Crise de l’art contemporain. Utopie, démocratie et comédie. Paris : PUF, 5ème édition corrigée, 1999.

-                 Jérôme Glicenstein, L’Art contemporain entre les lignes, Textes et Sous-textes de médiation, Paris, Presses universitaires de France, 2013.

-                 Nathalie Heinrich, Face à l'art contemporain, Lettre à un commissaire.
Paris : Echoppe, 2003.

-                 La Mise en scène de l’art contemporain, Actes du colloque de Bruxelles, octobre 1989, Les Éperonniers, 1990.

-                 L’Art contemporain en question, Galerie Nationale du Jeu de Paume, automne 1992 – hiver 1993. Paris : éditions du Jeu de Paume, 1993.

 

Les propositions de communication, d’environ une demi page, (titre et résumé) accompagnées d'une courte notice biographique sont à envoyer uniquement par voie électronique avant le 15 juillet 2023 aux trois adresses suivantes

mustapha.trabelsi@flshs.usf.tn

mohamed.kharrat@flshs.usf.tn

Inscription :

Les frais de participation (avec hébergement [3 nuitées] dans un hôtel 4*) : 

·         350 euros pour les non-Maghrébins
·         550 dinars TND pour les Tunisiens et les Maghrébins
Les frais de participation (sans hébergement) :
·         100 euros pour les non-Maghrébins
·         200 dinars TND pour les Tunisiens et les Maghrébins 
Les frais d’inscription sans hébergement couvrent les pauses café, le déjeuner et le pack du colloque (y compris les activités culturelles et artistiques). 
Le déplacement restera à la charge des communicants.

Comité scientifique :

Abdellah Alaoui, Mohamed Ben Ayed, Abdellah Baida, Emna Beltaief, Radhouane Briki, Arselène Ben Farhat, Giovanni Capecchi, Najiba Chkir, Stefano Colangelo, Juan Ramon Ferreiro Galguera, Sonia Fitouri-Zlitni, Kamel Gaha, Pierre Garrigues, Martine Job, Mohamed Kharrat, Foued Laroussi, Anna Maria Medici, Ridha Mami, Mathieu Messager, Riadh Miladi, Chokri Rhibi, Abdellah Romli, Abderrahman TenKoul, Mustapha Trabelsi, Lassaad Zouari.  
Calendrier

15 juillet 2023 : réception des propositions de communication

30 juillet 2023 : notification aux auteurs

26-28 octobre 2023 : Colloque international
Juin 2024 : publication 

Responsables 

LARIDIAME 

METINT